Récit n°22

Mardi 1er Juillet 2008 : 91 ème étape, Gaotai – Zanghye / 88km.

J’en reviens aux notions de liberté, ici la liberté, c’est avant tout de ne pas emmerder les autres. C’est tellement simple et facile à réaliser que tout naturellement les Chinois vivent ainsi. Une discipline et une politesse courtoise permettent à la police d’être complètement inutile ou au moins très discrète. Dès notre entrée dans les pays ¨de l’Est¨, nous avions été chapeautés par des escadrons policiers. A la limite, nous nous demandions en voyant ce déploiement de forces, qui protégeaient-ils ? Voulaient-ils défendre leur pays contre les hordes cyclistes Lamoullereines refaisant en sens inverse le pèlerinage d’Attila ? Leur Pays est-il jugé encore dangereux et notre sécurité était-elle menacée par des bandes de cavaliers pillards envieux de nos bicyclettes ? Les questions restent en suspend. Toujours est-il qu’en Chine, dès la frontière passée, nulle intrusion policière ne s’est manifestée. Pas de contrôle d’identité sur les routes, dans les villes ou dans les hôtels. Les Chinois savent qui nous sommes depuis qu’ils nous ont accordé l’autorisation de pénétrer sur leur territoire, point n’est besoin de recommencer tous les jours cette opération. Je les soupçonne seulement d’avoir un service policier ultramoderne, plus encore qu’on ne peut le penser, et qu’ils testent leurs performances en vue des J.O. Le crible sera d’une redoutable efficacité. Mais nous, nous y vivons sans contrainte et librement dans une détente complète que nulle ombre menaçante ne vient assombrir. Des idées où la réalité que nous vivons et le doute qui se tapit derrière, vadrouillent dans ma tête y ramenant l’air fameux du ¨Pays du Sourire¨ de Frantz Lehár : «… notre regard discret garde son secret… Toujours sourire, toujours souffrir et ne rien dire.» Ce calme, cette sereine tranquillité nous les ressentons, ils nous entourent d’une douce somnolence qui fait que personne ne se décide à augmenter la cadence de pédalage. Je t’ai déjà dit qu’un mélange de groupe s’est produit, chacun a choisi le sien sans tenir compte de la couleur de sa peau coton-acrylique, et c’est une bonne chose, personne ne pourra reprocher à quiconque, les lacunes qui se manifesteraient en cours de route. L’entente parait, bonne « Pourvou qué ça douré !» comme le disait Maria Letizia Ramolino, la sage maman de Napoléon. Profitons des moments de bonheur sans nous poser de questions inutiles. Nous faisons une halte au monument de la Longue Marche. En 1920, les leaders communistes, déclarés hors la loi par le Guomindang nationaliste, se replièrent vers les Soviets frontaliers. Ainsi 9.500 kilomètres furent parcourus en un an dans des conditions affreuses qui firent périr une grande partie de l’Armée Rouge. Nous par contre, effectuons un regroupement stratégique pour entrer dans la ville étape de Zhangye. Le repas versé vers la diététique cycliste qui nous est proposé au restaurant, s’il n’a pas la somptuosité de l’inoubliable soirée de Jiayuguan, est du moins très apprécié par nos estomacs creux. Le menu finement élaboré à la Chinoise et servi à volonté comme aiment les cyclos, ne peut que nous satisfaire et même plus. Nous nous extasions la bouche pleine sur les spécialités culinaires tout simplement magiques que la Chine cache encore à l’intérieur de ses frontières. Bien sûr, bien des nôtres sont entrés dans un restaurant Franco-Chinois, déguster un canard à l’orange. Maigre échantillon de la merveilleuse cuisine qui nous impressionne tellement, que nous osons à peine entamer les plats artistiquement décorés. Mais lorsque l’un de nous, plus courageux ou plus affamé que les autres commence à se servir, c’est la curée, il faut vite lâcher le plat pour ne pas se faire mordre les doigts. Une sieste phénoménale suivra ces agapes goûtées exagérément. Demain repos, le temps nous appartient!

Mercredi 2 Juillet 2008 : Journée de repos à Zanghye

Je te ferai grâce des corvées et de la bulle que j’ai coincée. La seule chose où je me suis appliqué après la sieste, c’est aux soins intensifs et méticuleux, avec explications et encouragements que j’ai donnés à mon irréprochable Céleste. La balade dans la jolie petite ville, sera limitée à la matinée. Une jolie petite ville encore provinciale, qui se met au goût du jour et loge quand même 2 millions d’habitants. Je te connais et te vois sourire, un Chinois ça ne prend pas trop de place. Détrompes-toi, c’est une grande ville qui s’étend de jour en jour et il y a des balèzes, prêts à faire une collection de médailles aux J.O. Au centre de la cité, s’élève bien conservée la Tour du Tambour ou Gulou. Bâtie sous la dynastie des MING, haute de 48m. elle est une des plus vielles construction de Chine. C’était en quelque sorte, la Tour de l’Horloge de l’époque. Un gros tambour et vingt quatre plus petits étaient frappés 4fois par heure. Le monastère taoïste de Daode Guan encore très actif, est plus difficile à trouver. Il se cache au plus profond d’un dédale de ruelles et sans un guide, tu risques d’y faire retraite. Le plus sûr est de prendre un taxi qui t’amènera aussi visiter la Grande Pagode de la Terre et son magnifique clocher, le Stupa. Tout à côté, le temple de Dafo Si renferme le plus grand Bouddha de Chine. Il mesure trente cinq mètres. Statue impressionnante dont les yeux semi-ouverts semblent sonder ton âme et analyser tes pensées les plus secrètes. Enfin voilà, la matinée occupée par cette rapide visite de la ville, me laisse l’après midi pour faire un petit shoping et une grosse sieste. Le programme ce soir a été ingénieusement concocté : Diner, pipi, la prière et au lit. Je dois me concentrer.

Jeudi 3 Juillet 2008 : 92 ème étape, Zanghye – Shandan / 63 km.

La nuit j’ai accompli le travail pour lequel je m’étais concentré. J’ai dormi, comme un cyclo de plomb, sans rêve, sans cauchemar, un sommeil continu de marmotte. La courte étape du jour, a vu surgir les difficultés à l’arrivée dès les vélos rangés. Nous avions roulé sur une route plate qui se glissait entre la voie ferrée, et des vestiges de la Grande Muraille. Dans ces conditions, 63 km. avec le vent dans le dos, pour nous, c’était du char à voile, ça roulait tout seul. Mais ainsi qu’à la retraite de Russie, les sourires se sont congelés en arrivant au bivouac. Stoïques comme les Grognards de Napoléon, ceux de Dominique Lamouller ont fait ¨poumpougne¨, digérant courageusement leur déconvenue. Notre installation prévue dans un stade, n’avait pas tracassé notre mental pendant la matinée. Avec cette Chine en marche, il faut s’attendre à tout, et surtout à trouver des chantiers partout. Nous étions prêts. Aussi l’aménagement du gymnase au milieu de la poussière et des gravats n’a-t-il pu écorner notre moral. Sans eau, sans électricité, sans récrimination nous avons pallié à ces petits manques de confort. Les agents d’entretien ont balayé et dépoussiéré, les bâtisseurs monté la grande tente bloc-douche et la petite pour les W.C., les électriciens installé le groupe électrogène. Tout le monde s’est regroupé pour disposer les lits, matelas et duvets. Un repas préparé par notre équipe, nous fait oublier le pique-nique de midi. Tout baigne maintenant, les P.P.kistes* sont en inoxydable. Heureux qui comme nous accomplit un voyage, n’ayant à transporter ni arme ni bagage, et sur la bicyclette pédalant rondement, de Paris à Pékin changer de continent. Se nourrissant d’air pur ou de lait de chamelle, de gros yeux de moutons, de riz dans la gamelle. Visitant des pays que Dieu ne connait pas, et de Hautes Montagnes où rêvent les Lamas. Longeant le beau Danube bordé de peupliers, ou traversant Gobi le désert meurtrier. Avoir souvent jeuné ou fait grande ripaille, rouler avec Céleste sur la Grande Muraille. Puis au bout de six mois rentrant à la maison, remercier de tout cœur notre Fédération. Quand je te dis René que le soleil me tape sur la tronche. Voilà que je me prends pour Joachim Du Bellay. Il est temps que je me mette à l’ombre.
* P.P. Kistes : P.P. comme moyenne d’âge au-dessus de la moyenne, ou Paris-Pékin.

Vendredi 4 Juillet 2008 : 93 ème étape, Shandan –Yongchang / 117 km.

Une petite pluie a rafraîchit l’atmosphère et ce matin le soleil nous fait l’honneur de se lever pour assister à notre départ. Il s’échauffe lentement, mais pas suffisamment, il nous enveloppe d’une fraîcheur qui nous incite à pédaler. Ces Chinois, je ne cesserai pas de le répéter, sont impayables. Ils portent une attention méticuleuse au plaisir de leurs hôtes. Le 4 Juillet, comme je ne te l’apprends pas, c’est la Fête Nationale aux États-Unis. Figure-toi qu’ici, personne n’y pensait. Imagine la surprise de Paul Bacho, le Cow-boy de la bande, lorsque nos amis Chinois tirèrent en son honneur un petit feu d’artifice. La larme à l’œil, notre John Wayne ne savait comment dire merci, mais par des gestes internationaux, il fit comprendre aux artificiers le bonheur que lui procurait cette attention inattendue. Les monts qui nous entourent sont si hauts que l’on se demande s’il est possible de les traverser. Heureusement, nous savons maintenant par expérience que les vallées sont à l’échelle des sommets. De larges et longs faux plats montants permettent une progression régulière à une altitude variant de 1.500m. à 2.600m. somme toute assez facile. Il me tarde de voir Pékin, non pour en terminer avec notre promenade, mais pour voir les travaux réalisés à l’occasion des J.O. Ce doit être gigantesque et encore…. les échantillons qui parsèment notre chemin, nous laissent à penser que le mot gigantesque sera un peu faible. Dans cette vallée, s’alignent côte à côte des restes assez bien conservés de la première Grande Muraille qui n’était qu’un mur de cinq mètres de haut et d’un mètre de large. À la rigueur elle arrêtait les chevaux de Gengis Kan, mais elle a eu peu d’emprise sur les cavaliers qui cavalièrement l’ont escaladée. Jouxtant cette œuvre défensive, un chemin de terre carrossable est le témoignage encore utilisable de l’ancienne Route de la Soie. La route que nous empruntons lui est parallèle, parfaitement goudronnée et tranquille. Les véhicules automobiles préfèrent emprunter l’autoroute qui complète l’aménagement routier de la vallée. Trois générations de voies contigües suivent le même trajet, 700 ans de différence entre le grand-père et la petite fille. Mais accroche-toi, ce n’est pas tout, une double voie ferrée et un gazoduc complètent cet équipement. Les poètes et autres puristes diront que le coup d’œil est désastreux, je suis d’accord avec eux, ce n’est pas si beau que la vallée de Gaube, mais c’est vital pour cet immense pays. On ne fait pas d’omelette sans casser les œufs. Et tout ça nous mène au sommet d’un col à 2.577m. d’altitude. Sans souffrir on monte plus haut que le Tourmalet. C’est l’arrivée à Yongchang, un petit hôtel nous ouvre ses portes et un silence surprenant. Tout à coup éclate une pétarade qui nous fait sursauter. Nos nouveaux amis Chinois en l’honneur de notre Américain clôturent cette journée festive par un nouveau feu d’artifice. Vive l’amitié Franco-Sino-Américaine ! Ce soir on a le cœur grand comme le monde.

Samedi 5 Juillet 2008 : 94 ème étape, Yongchang – Wuwei / 71km.

Tu te souviens de la Sierra Nevada, et des 55 km. de descente du Pico Véléta à Grenade. Aujourd’hui, nous avons fait une descente similaire et même un peu plus folle par moments, car il n’y avait pas de circulation. Partis à 7h.30, à 11h., nous avions dévalé les 71Kilomètres qui nous séparaient de Wuwei. Bien sûr il y a eu les arrêts photos obligatoires, des scènes anachroniques qui ont disparu chez nous depuis longtemps, méritaient un clic-clac numérisant. Dans un champ de blé grand comme un mouchoir de poche, un couple de paysans moissonnait. Cassés en deux, le nez à quarante centimètres du sol, faucille en main, poignée après poignée, avec une délicate sureté, ils fauchaient leur récolte. Le paysan s’est relevé le premier et avec son plus beau sourire national, s’est approché de nous. Dans sa main, un épi de blé qu’il égraine pour nous montrer avec fierté le produit de son labeur. Tu sais à part la bobine et le sourire, il n’y a pas grande différence entre un faucheur de chez nous et un faucheur chinois. Pantalon assez large pour ne pas gêner les mouvements, chemise ouverte et manches retroussées, la coupéte de bois à la ceinture contenant la pierre à aiguiser. Elle, plus discrète, s’efface derrière son époux. Capulet sur la tête comme nos bigourdanes, elle attend que son bavard de mari reprenne le travail. Terre de contrastes, la Chine vient de nous en offrir une autre image. Cette étape rapide, nous laisse après le repas pris à l’hôtel et le petit ¨siestou¨ digestif autant qu’obligatoire l’après-midi libre pour visiter la ville. Elle possède aussi sa Tour du Tambour, dans son jardin, les joueurs de cartes et de mah-jong laissent couler dans le calme les heures de repos. Au sud, l’immense monastère Wen Miao, dédié à Confucius construit en 1439 est en parfait état de conservation, on le croirait bâti depuis quelques années seulement. Mais ce qui fait la notoriété de cette cité, c’est la découverte en 1919 dans un tombeau de la dynastie des Han, du CHEVAL VOLANT. Cette statuette en bronze, vieille de 2.000 ans, représente un cheval volant au sabot posé sur le dos d’une hirondelle. 19h.30, repas du soir, excellent comme d’habitude, et je me rends chez le coiffeur. Alors là, je ne te dis qu’un mot : patience. Je ne sais pas combien de client le merlan local peut tondre dans la journée, mais ça ne doit pas faire lourd. Si Claudette ma coiffeuse, prodiguait les mêmes soins, je serais chez elle toute la journée. Shampoing et massage du cuir chevelu pendant au moins trente minutes. Le plaisir m’assoupit. En suite la coupe par un jeune à la tondeuse alerte pour dégrossir et la délicate finition au ciseau. Puis temps infini ou indéfini au choix, je somnole toujours, et re-lavage et séchage et coup de peigne. Le tout pour 1€. Il est l’heure d’aller dormir.

Dimanche 6 Juillet 2008 : 95 étape, Wuwei – Gulang / 63 km.

Pour la première fois depuis notre départ, nous attaquons cette courte étape après le déjeuner. Avantage : nous avons glandouillé toute la matinée en toute décontraction, et c’est une première fort appréciée par l’ensemble de la confrérie.
Inconvénient : La digestion remplace la sieste, et la chaleur est plus forte que le matin. Tout bien pesé, en baver un peu plus, un peu moins, ne change pas grand-chose à notre habitude. Tandis que ne pas savoir quoi faire, c’est tout nouveau. Donc la ligne avantage l’emporte grandement et démocratiquement tout le monde s’y soumet, même si certains contestent pour la frime. On connait la feinte et on ne s’y laisse pas prendre, à leur grande satisfaction intérieure. Il est donc 13h.30 lorsque le signal de l’envol est donné. Mais les ailes sont lourdes, la chaleur et la digestion itou. Les démocrates majoritaires le regard morne songent dans leur tête imprévoyante, que partis à la fraîche, ils seraient déjà arrivés. Sur la Route de la Soie que nous suivons toujours, la seule attraction intéressante et qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est le camion-frigo. Les boissons fraiches qu’il nous distribue seront les seuls moments agréables de cet après-midi. Pour quelques uns, l’homme au marteau a frappé. C’est une heure après les premiers, que le ¨gruppetto¨ suivis du camion-bar arrive au bivouac. Tentes, couchages, restaurant, cuisine, tout est prêt à 19h.30 pour le repas du soir. Rituel identique aux précédents, au pieu de bonne heure.

Lundi 7 Juillet 2008 : 96 ème étape, Gulang – Tianzhu / 81km.

La large vallée est toujours notre fil d’Ariane. Tout est douceur, le temps, la ¨pédalée¨, les commentaires, enfin pas une once de combativité n’agite le peloton. Nous roulons dans du coton, c’est doux, c’est mou. Bien que cette vallée XXL soit bordée de hautes montagnes comme il se doit pour un lieu hors normes européennes, la route ne monte qu’insensiblement. Bien sûr si nous ne pédalions pas, nous repartirions en marche arrière. Mais notre entrainement actuel, nous permet des ascensions si aisées que les 3% qui nous défient ne sont que petits faux plats. Les quarante kilomètres en pente douce, nous ont endormis. Ils nous ont fait oublier que nous étions en Chine et qu’en Chine, il ne faut pas chinoiser. Pour arriver en haut, comme partout ailleurs, il faut grimper et les cinq derniers kilomètres à 8% sont venu soutenir cette thèse. D’un décilitre de sueur, ce n’est pas cher payer le paysage qui nous surprend sur l’autre versant du col. Imagine ! Tu es en haut du Tourmalet, côté La Mongie, des champs de colza, alternant avec des champs de luzerne, des carrés de légumes et toutes sortes de cultures parfaitement irriguées s’offrent à tes yeux ébahis. Inconcevable chez nous, ici c’est la réalité. Peu de moyens, mais un travail énorme. En cet instant, je souhaite vivre mille ans afin de pouvoir connaître cette Chine envoûtante, mystérieuse, d’une richesse culturelle phénoménale, en deux mots, je dirais merveilleusement infinie, car tous les adjectifs de la langue française seraient insuffisants pour la décrire. Je ne veux pas penser aux souffrances et peut-être aux morts que tous ces travaux ont occasionnés. Oh ! Ne croie pas que je veuille les éradiquer, les effacer, ou tout simplement les oublier. Non, je les incorpore seulement dans le magnifique résultat de leur labeur et de leur sacrifice. C’est leur Arc de Triomphe. Lorsque je vois le gigantisme de ces travaux, et que je le compare à la pauvreté des hameaux, au dénuement des petites maisons de terre, je me demande à qui profite le résultat de tout ce travail avec l’espoir quand même que ce sont les petites fourmis besogneuses qui en bénéficient. C’est avec ces réflexions sur la Justice et les Inégalités, me posant de multiples questions sans réponse, que j’arrive à l’hôtel. Pourrais-je refaire le monde si les dieux n’y arrivent pas ? Peut-être qu’un jour au bout de l’Espace, à la fin de l’Éternité ? Je reviens sur terre en sortant mon casque, et essuie mon front en sueur.

René Delhom

Dernière mise en ligne lundi 21 juillet 2008

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