Supermotivés dans l'outrancier


Il existe des associations qui se croient sans doute investies d'une mission politique ou qui espèrent obtenir des faveurs à l'occasion d'élections. C'est peut-être le cas des " cyclomotivés " qui essaient, à l'occasion des élections municipales, de se distinguer.

Cette association créée en 2003 a été l'interlocuteur privilégié de la municipalité pour la mise en place de pistes et bandes cyclables à travers la ville. Malgré les critiques que nous pouvons lire, il semble bien que la dite association ait été demanderesse de mise en place de vélos gratuits comme en atteste sa présence à l'inauguration de la boutique " Vél'en ville " et qu'elle ait dû attendre une mise en chantier en 2007 et la réalisation en janvier 2008 soit 4 ans après sa création.

Nous avons pu nous procurer, il y a quelques jours, le quatrième bulletin " plurimestriel " de son existence qui est en cours de distribution et qui fait l'objet d'une certaine promotion y compris auprès de personnes âgées dites " vulnérables " ou en "situation de faiblesse". A la lecture, nous comprenons pourquoi.

La sortie d'un quatrième bulletin " plurimestriel " en 5 ans d'existence, comme par hasard en février 2008, quelques jours avant les élections municipales, n'est sans doute pas " un acte électoraliste " par ailleurs dénoncé lorsqu'il s'agit tout simplement de la gestion de la ville.
Nous y découvrons quelques informations particulièrement passionnantes pour les Tarbais qui vont devoir voter et qui laissent à penser que la presse et tout le conseil municipal, toutes tendances confondues, se sont laissés berner par le maire de Tarbes. Jugez-en !

12 km de pistes cyclables…. Pistes ou bandes, jouons sur les mots pour éviter de parler du fond du problème, il en restera toujours quelque chose. Pour notre part nous parlerons d'espace cyclable dont personne ne conteste qu'il n'y en avait que 1 km en 2001 alors qu'il existait sous la précédente mandature de gauche un groupe " Vert " dans la majorité municipale. Nous découvrons que ce n'est pas 12 km mais 7,7 km de bandes cyclables. Les services de la Mairie auraient fait " une erreur " comme par hasard à l'occasion des élections municipales. Il est possible de critiquer la présence de bandes sur certains trottoirs mais il faut aussi tenir compte de la place disponible dans des rues qui ne sont pas faites pour cela et du fait qu'il existe encore des voitures qui circulent. Les automobilistes, piétons et cyclistes doivent tous y trouver leur compte et cohabiter sur un même espace organisé ou non.

La progression du nombre d'adhérents de l'association est fulgurante. Passer de 4 en 2003 à 12 844 en 2008 soit la moitié des électeurs et le quart de la population tarbaise,…. au prix de la cotisation, l'association doit être riche et devrait sortir des bulletins d'information plus régulièrement y compris en dehors des périodes électorales. Mais relativisons puisque de la page 1 à la page 3 du bulletin, il y a un effritement d'adhérents assez conséquent pour 2008. Il passe de 12 844 à 74. Soyons un peu sérieux pour être crédible avec les " cyclo-calculs ".

Le maire déchaîné… Il est vrai qu'il existe une certaine frénésie de création de bandes cyclables. En fait, pas plus de frénésie que pour n'importe quel chantier qui s'ouvre dans la ville quelque soit le donneur d'ordre ou la date. Il est fonction des crédits votés en conseil municipal. De souvenir, il ne me semble pas que l'opposition municipale en ait demandé avant ces dernières années (2007 et 2008) d'autant qu'en 2001 il n'y avait qu'un kilomètre. Nous pouvons être surpris que les " cyclomotivés " ne se réjouissent pas d'une telle frénésie même tardive voté à l'unanimité. L'essentiel n'est-il pas que ces bandes et pistes se réalisent ?

Il est vrai, également, que le Grand Tarbes a un plan et des projets issus d'une étude par ailleurs fort coûteuse. Plan voté par les représentants de la municipalité tarbaise. Mais il y a quand même un gros problème. La réalisation de ce plan devait débuter en 2007. Et nous sommes en 2008… sans avoir vu le moindre début de réalisation. Jusqu'à quand les Tarbais devront-ils attendre que le Grand Tarbes se décide enfin pour avoir des vélos gratuits ? En dehors des questions de financement, ce plan n'est pas sans poser de problème. Par exemple, prévoir un parking à Bordères sur l'Echez, transporter les gens en bus jusqu'à la gare SNCF pour y récupérer des vélos doit faire rêver beaucoup de monde quant à l'efficacité et l'intérêt du système. Si les " cyclomotivés " n'ont pas été consultés pour les " vélo en ville ", les Tarbais l'ont-ils été pour les projets du Grand Tarbes ? Et ce plan du Grand Tarbes est-il issu de la réflexion et de la concertation avec les " cyclomotivés " ?

Nous passerons sur le goût douteux des dessins commentés de la quatrième page tout comme sur la rubrique " le maire pneu mieux faire " qui porte ses fruits sur les personnes âgées. Chacun appréciera !

" Monsieur le Maire, pour la prochaine mandature, si vous êtes élu, conserverez-vous les mêmes partenaires pour développer la bicyclette dans la ville ? " La réponse est très claire : " Sûrement pas ! " Faut-il que pour des grandes causes sociétales, chaque parti politique ait sa propre association pour mariner dans ses idées et pensées uniques au lieu de s'ouvrir au monde ? A la lumière de ce que nous avons déjà vu pour la défense des locataires avec la CSF, nous pouvons nous interroger.

En fait, dans une campagne électorale, tous les délires et tous les excès sont possibles même s'ils ne sont pas acceptables. Mais les limites de l'outrancier ne seraient-elles pas dépassées ? Les électeurs nous le diront sans doute le 9 mars.

Texte et photos : Louis Dollo