Une Dynastie : les menuisiers Gachassin

C’est une vieille famille bien enracinée dans notre ville, puisque Jean et Marguerite Gachassin étaient horticulteurs à Lourdes. Au début du vingtième siècle, leur propriété située route de Julos, actuellement rue E. Duviau était devenue à force de travail, suffisamment prospère pour nourrir et élever leurs onze enfants.

Ceux-ci grandirent et durent se disperser pour gagner leur vie hors du sein familial. Sans rechigner et sans histoire, ils choisirent leur métier. Les plus jeunes restèrent dans l’horticulture, les autres furent boulangers, cheminots ou menuisiers. Ce sont ces derniers que nous allons suivre.

Les Vieux Lourdais se souviennent d’Ulysse. Un solide celui-là, toujours le sourire aux lèvres et le crayon sur l’oreille. Mais sa bonhomie apparente ne s’attendrissait que lorsque son apprenti lui présentait un travail parfait. Son frère cadet Maurice, la gentillesse même, sous la férule intransigeante de son aîné était devenu un “ peaufineur ” hors pair.

Troisième génération de Gachassin, et c’est Jeannot qui s’y colle. Drivé par son oncle Ulysse, il apprend d’abord ce que veut dire le mot TRAVAIL. Pas de rouspétance du boulot, et que du bon. Jeannot apprend, il écoute, il regarde. Il sait même s’il ne reçoit pas de compliment, que si Ulysse ne “ l’engueule” pas, c’est qu’il a bien travaillé. Il termine son apprentissage avec Maurice. Ce dernier lui enseigne les petits tours de main qui font l’ouvrier fini. Mais Jeannot est curieux de tout ce qui touche à son métier. Il fréquente d’autres ouvriers renommés dans la région. Il apprend “sur le tas”. Se sentant fin prêt, il se marie et monte sa propre entreprise à Saint-Pé de Bigorre. C’est un bosseur. Un départ dur, très dur, mais rien ne le rebute, il avance aidé par Renée sa femme qui n’a pas peur d’aller “ à l’atelier” le seconder. Elle le soulage de tous les petits travaux “ pour lui faire gagner du temps.” Peu à peu sous le regard amoureux de Jeannot, elle se lancera dans des travaux plus importants. L’entreprise prospèrera rapidement. Le travail, surtout le bon est toujours payant. Mais voila, eux aussi (on ne saurait les séparer) ont pris de la bouteille.

La quatrième génération était prête à prendre la relève. Gérard leur fils avait indubitablement ce métier dans les gènes. Après avoir terminé ses études au Collège technique et trempé ses mains dans la sciure familiale où son père comme on transfuse le sang lui transmet son savoir, enseigne le métier au Collège Technique de Saint-Pé de Bigorre. Puis il reprend l’entreprise familiale.

Les techniques modernes alliées au savoir ancien, font que la renommée de LA MENUISERIE GACHASSIN ne fait que s’amplifier. Elle s’étend maintenant dans tout le Grand Sud-ouest. Le sérieux et la qualité de son travail a accroché la confiance des collectivités locales, des grands hôtels et du clergé qui vient de lui confier la confection d’un troisième retable.

… Et nous arrivons au résultat final. Elle vient de terminer le retable de l’église d’Averan après ceux de Bouréac et de Julos. Ulysse doit-être content.

Je vous livre en quelques photos cette magnifique réalisation soulignée par un éclairage aussi discret qu’efficace créé par l’entreprise d’électricité Sajous bien connue et appréciée des Lourdais.

R. Delhom