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Foire aux chevaux à Lourdes : la déprime !
La filière équine comme toutes les autres filières agricoles , subit une crise sans précédent qui n’est pas sans répercussion sur les foires aux chevaux de Lourdes.
Lourdes reçoit traditionnellement 3 foires aux chevaux dans l’année à dates fixes : le 28 avril, le 18 octobre et le 1er décembre. « Au printemps, il y a 30 ans, on faisait encore 3 wagons de chevaux qui partaient pour Turin en Italie » se souvient un éleveur. Une époque où le fret ferroviaire était encore à la mode. Aujourd’hui, plus rien. Un autre nous précise : « en 1980, je vendais 36 pouliches sans difficultés à 16 francs (on parle encore en franc dans les transactions sur les marchés) le kg. Aujourd’hui j’ai des difficultés à vendre 4 poneys à 8 francs. Et il faut rajouter 100 euros d’administratif qui n’existaient pas avant, plus les frais de vétérinaire... ».
Même s’il y a des apparences de monde sur ce foirail lourdais où nous y rencontrons toutes sortes de commerçants, l’ambiance est morose. Des éleveurs du Val d’Azun sont là : « Je passe pour voir mais on n’a plus de chevaux à la maison » nous dit l’un d’entre eux. Un autre du Pays Toy : « c’est l’occasion de se voir... ». Un du Béarn : « Le cheval c’est du luxe aujourd’hui. Il coûte plus cher qu’il ne rapporte. Si on veut entretenir les zones intermédiaires de montagne, il faut favoriser l’élevage et les échanges de chevaux. Un cheval entretient 2 ha en complément des bovins et des ovins ». Voilà une bonne raison, qui dépasse le loisir, pour lequel les chevaux, poneys et ânes sont le plus souvent employés. Et de nous expliquer : « Ils ne mangent pas la même chose que les vaches ou les moutons. Ils permettent de lutter contre les risques d’incendies en s’attaquant aux semi-ligneux comme la bruyère ». Pour ces éleveurs de montagne qui voient leurs territoires envahis par la forêt, le bouleau, premier élément de conquête forestière, il y a des méthodes peu coûteuses et raisonnables afin d’éviter l’embroussaillement. « Mais il y a un manque de volonté de l’État et peut-être même de connaissance de la situation ». Et un autre poursuit : « Les transactions existent ici grâce à de nombreux retraités qui mettent bénévolement leurs compétences au service de clubs. Les enseignants n’ont, bien souvent, ni la capacité, ni le temps de choisir les bêtes. Ce ne sont pas des éleveurs mais des usagers des bêtes ». Pour cet éleveur, la critique à l’égard des formations de brevet d’État n’est pas voilée. « On pense au loisir et à l’enseignement de l’équitation de loisir sans même savoir qui va élever et comment élever ».
Bien sûr, le marché de Lourdes regroupe des éleveurs venant du Pays Basque, Espagne, Ariège, Béarn, Gers, etc... et même un Allemand, mais la crise est bien profonde et semble notamment liée à une inadaptation entre l’élevage, les nécessités environnementales et les usagers des chevaux, ânes, poneys, etc.
Vers midi, les camions commençaient à se charger. Certains éleveurs seront repartis sans rien vendre, d’autres auront bradé leurs bêtes en dernière minute par nécessité, mais rares seront ceux qui auront fait des affaires sauf quelques acheteurs. L’avenir de cette foire est bien morose. « Il y a de moins en moins de bêtes, et de moins en moins de monde » nous disait un maquignon. « Ça ne va pas pouvoir durer ».
Louis Dollo
Rédaction
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