ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE Gustav Mahler :
7e Symphonie Direction musicale :
Joseph Swensen
1.
Scherzo : Langsam
(lentement). Allegro risoluto, ma non troppo.
2.
Nachtmusik (Musique
de nuit) : Allegro moderato. Molto moderato.
3.
Scherzo. Schattenhaft
(fantomatique). Fliessend aber nicht
schnell (fluide, mais pas rapide)
. 4. Nachtmusik (musique de nuit): andante amoroso. Mit Aufschwung (avec élan). 5. Rondo Finale. Allegro ordinario. Joseph Swensen poursuit
son cycle Mahler avec l’Orchestre du Capitole. Après la Cinquième, voici
la Septième. Un saut chronologique au-dessus de la Sixième motivé par
une ressemblance frappante entre les deux symphonies. Même structure
à cinq mouvements, même progression dramatique. Mais Mahler va plus
loin dans sa recherche… Dans la trilogie
constituée par les trois symphonies instrumentales, la Septième constitue
un cas particulier, un cas extrême, le point le plus avancé du modernisme
de Mahler. Au premier abord, on a peine à y déceler la moindre ligne
conductrice, la moindre unité d'intention qui puisse entièrement justifier
la réunion de cinq morceaux aussi disparates. Ce compositeur qui jamais
ne recula devant l'excès, atteint ici l'extrême pointe de son évolution,
avec un premier mouvement qui est le plus moderne de toute son œuvre ; avec
ensuite un morceau qui mêle toutes les réminiscences et tous les symboles
dans son évocation d'un passé romantique (première Nachtmusik) ; avec le plus démoniaque
et le plus terrifiant de tous ses Scherzos ; et avec la plus "faussement
innocente" de ses idylles symphoniques (seconde Nachtmusik) ; et
enfin avec le plus dément, le plus "dévié", le plus "fêlé",
le plus provocant de tous ses Finales. Circonstances de composition Si la Septième
Symphonie est moins unitaire que les autres, c'est peut-être parce que
les mouvements secondaires, les deux Nachtmusiken ont été écrits avant les trois autres. En 1904,
Mahler s'est donné pour tâche d'achever pendant l'été la Sixième Symphonie
mais, comme cela lui est déjà arrivé si souvent en quittant Vienne et
son activité d'interprète, il s'est torturé pendant plusieurs jours
avant de trouver l'inspiration nécessaire. Désespérant de lui même et
de son destin de créateur, il a, comme d'habitude en pareil cas, quitté
sa table de travail pour faire une excursion dans le Tyrol du Sud, à
Toblach, d'où il a pris la route qui monte
au Lac de Misurina. C'est là peut-être, tandis
qu'il cherche vainement l'inspiration pour son Finale, que lui sont
venus à l'esprit les thèmes des deux mouvements nocturnes, parmi les
idées "parasites" qu'il a l'habitude de noter aussitôt dans
un carnet lorsqu'elles ne s'insèrent pas dans l'œuvre en chantier. Nous
n'en savons pas plus sur le travail de cet été sinon que, à la fin d'Août,
il aura achevé, non seulement la Sixième Symphonie, mais aussi l'esquisse
complète des deux Nachtmusiken.
Notons au passage qu'il s'agit d'un phénomène unique dans sa vie créatrice
: jamais auparavant on ne l'avait vu travailler simultanément sur deux
ouvrages différents. Un an plus tard,
en 1905, Mahler regagne Maiernigg après une
autre saison épuisante à l'Opéra de Vienne. Et de nouveau, il va se
torturer pendant dix jours, du 15 au 25 juin, sans trouver l'inspiration
nécessaire aux autres mouvements de son ouvrage et surtout au premier.
Une nouvelle excursion dans le Tyrol du Sud lui paraît s'imposer et,
pendant deux heures et demie, il y fait au pas de course le tour d'un
des lacs de la région. Il est d'humeur exécrable, non seulement à cause
de la migraine qui ne le quitte pas, mais parce que c'est la Fête-Dieu
et que l'auberge où il s'est installé est pleine à craquer et terriblement
bruyante. Pour une fois, les fabuleux paysages n'arrivent pas à le tirer
de son marasme. "Comme tu dois t'en souvenir, écrira-t-il à Alma
quelques années plus tard, je me suis torturé jusqu'à la folie... jusqu'à
mon excursion dans les Dolomites ! Mêmes tortures là bas.
Si bien que je me suis décidé à tout abandonner et à repartir, convaincu
que tout l'été était perdu. A Krumpendorf,
où tu ne m'attendais pas, car je ne t'avais pas prévenue de mon arrivée,
je suis monté en bateau pour traverser le lac. Dès le premier coup de
rame, l'idée m'est venue du thème (ou plutôt du rythme, de l'atmosphère)
de l'introduction du premier mouvement. En quatre semaines, les premier,
troisième et cinquième mouvement étaient entièrement terminés." Dans cette précieuse
lettre de juin 1910, Mahler a voulu rappeler à son épouse son incapacité
d'écrire de la musique "sur commande". En 1905, et pour ce
qui est de la Septième Symphonie, la rame magique du batelier a donc
mis fin à sa malédiction annuelle. Dès le 15 août, il pourra écrire
(en latin) à son ami Guido Adler pour lui annoncer l'achèvement de la
Septième et fera de même quatre jours plus tard dans une carte à Richard
Strauss. Pour ce qui est de l'édition et de sa création, il déclare
qu'il attendra aussi longtemps qu'il le faudra, mais il faut bien reconnaître
que cette patience lui a été imposée par les événements. En effet, la
première audition de la Sixième a été moins bien accueillie encore que
celle de la Cinquième, de sorte que, à quelques semaines de la création
de la Septième, prévue pour le mois de septembre 1908, Mahler se trouve
sans éditeur. Il lui faut donc se résigner à faire copier à ses frais
le matériel d'orchestre et à entreprendre des démarches bien humiliantes
pour un compositeur de son âge et de sa notoriété. La petite firme leipzigoise
Lauterbach & Kühn
(qui sera bientôt rachetée par l'éditeur berlinois Bote & Bock)
finira enfin par accepter sa proposition et la partition sera publiée
dans le courant de 1910. Joseph
SWENSEN Joseph Swensen est Chef Principal du Scottish Chamber
Orchestra de 1996 à septembre 2005, date à laquelle il est nommé
Chef
Honoraire. Swensen et le SCO effectuent
de nombreuses tournées aux Etats-Unis, en Asie, en Espagne et au Portugal.
Parmi leurs invitations récentes, on peut citer les festivals Mostly
Mozart de New York, de Tanglewood et Ravinia, ainsi que les BBC Proms,
le Barbican Center
à Londres et le Concertgebouw d’Amsterdam. Joseph Swensen
a réalisé avec cet orchestre une série d’enregistrements pour Linn Records, comprenant des œuvres de Mendelssohn, Sibelius,
Brahms et Prokofiev. L’enthousiasme de Joseph Swensen
pour la musique contemporaine a suscité la création de nombreuses pièces
écrites pour lui et le SCO par des compositeurs comme James MacMillan,
Einojuhani Rautavaara, Sally Beamish, Karin Rehnqvist et Eleanor Alberga. Joseph Swensen a été récemment nommé Chef
Principal de l’Opéra
de Malmö et sa première production avec eux aura lieu en décembre.
Au cours de l’été 2005, il est apparu au Mostly
Mozart Festival du Barbican en dirigeant l’Acadamy of St-Martin-in-the Fields. Cet engagement a été suivi par
un concert aux BBC Proms où il a dirigé le
BBC Symphony Orchestra
en remplaçant au pied levé Andrew Davis dans une création mondiale d’une
œuvre de Morgan Hayes. Il a été réinvité par cet orchestre en mars 2006
pour un concert au Barbican avec des œuvres
de Mark-Anthony Turnage,
Sibelius et Nielsen. Joseph Swensen dirige régulièrement l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, le
Hallé Orchestra, le
Netherlands Symphony
et le Malmo
Symphony. Il se produira prochainement avec l’Ensemble Orchestral de Paris, le Tokyo Metropolitan
Orchestra et l’Orquestra
Nacional do Porto. Avant de décider de se consacrer à la direction d’orchestre, Joseph Swensen a effectué une grande carrière en tant que violoniste
professionnel, et bénéficiait d’un contrat d’exclusivité avec la maison
de disques BMG. Aujourd’hui, ses apparitions occasionnelles comme violon
solo sont un prolongement naturel de son travail de chef, jouant et
dirigeant des concertos avec le SCO ainsi que d’autres orchestres avec
lesquels il entretient une relation suivie. Il se produit régulièrement
en musique de chambre, genre auquel il est très attaché, souvent avec
des membres des orchestres qu’il dirige. Joseph Swensen est né en 1960 à New York (Américain,
d’origine nipo-norvégienne) ; il vit
actuellement à Copenhague. |