Point-presse du maire de Lourdes

(mardi 29 août 2005)


La direction du pèlerinage des gens du voyage sur la sellette

Beaucoup de craintes pour le pèlerinage 2006

 

 
Jean-Pierre Artiganave, maire de Lourdes, assisté de Michel Azot, l'un de ses adjoints, a tenu ce mardi matin un point-presse presque entièrement consacré au pèlerinage des gens du voyage. Il a d'abord fait le bilan de celui qui vient de s'achever mais c'est le prochain, celui de 2006, qui retient déjà son attention.
 
"Nous avons vécu ce dernier pèlerinage en deux temps, a observé d'emblée le maire de la cité mariale. Jusqu'au 14 août, nous avons eu une arrivée de caravanes contrôlée, guidée et organisée sans problème majeur. Ce qui augurait, à cette date, un pèlerinage le plus faible depuis quatre ans. En terme de tranquillité, il semblait être du même tonneau que les deux dernières années. Mais le temps et la température ont complètement changé à partir du 14 août. Ce qui a donné du point de vue quantitatif un pèlerinage 2005 particulièrement important, pas loin du record d'affluence, en ajoutant les caravanes stationnées à Barlest et Adé. A la pointe du comptage, le 21 août, on a noté 1250 caravanes, auxquelles on pouvait en ajouter 100 à 150 sur la périphérie. Il s'agit d'un niveau record depuis au moins 5 ans".

Pour autant, selon le maire de Lourdes, les Lourdais ont vécu ce pèlerinage de bonne manière. "Pour eux, il se situe dans une forme de continuité, il apparaît mieux géré. La collaboration "police-municipalité" avec l'apport des gardiens de ville a parfaitement fonctionné. Jusqu'au 14/15 août, des espaces ont été préservés : le Tydos, le Lapacca. Pour nous en tout cas, les choses s'étaient bien passées. Mais après, on est rentré dans une autre physionomie du pèlerinage. Si l'Etat et la municipalité ont permis d'assurer un bon niveau d'organisation, autant l'organisation du pèlerinage en tant que tel me semble poser un certain nombre de problèmes. Les quatre incidents majeurs que je vais évoquer sont symboliques. Nous avons voulu montrer que plus d'organisation de part et d'autre devrait nous amener à un bon niveau d'acceptabilité et de tolérance. Dorénavant, l'organisation du pèlerinage doit prendre en compte un aspect comportemental". Pas question pour JPA de se situer dans la "pastorale de l'excuse". Ni d'endosser certaines responsabilités. "Face à un certain nombre de carences constatées, nous souhaitons revoir la copie pour 2006 qui sera par ailleurs le pèlerinage du cinquantenaire. Dans les conditions actuelles, je n'organiserai pas de réunion le 11 février 2006. Nous ne gèrerons pas ce pèlerinage 2006 dans les conditions qui nous apparaissent aujourd'hui mauvaises et dangereuses".

Quatre incidents majeurs

Et JPA d'évoquer les quatre incidents qui ont été très mal vécus localement : l'agression de M. Barat, le propriétaire du camping du Loup ("Comment peut-on associer pèlerinage et violence gratuite ?"); l'agression du jeune hospitalier, avenue du Paradis ("Comment peut-on s'en prendre à un bénévole dans ce qui est au cœur même de Lourdes ?"); le manque de considération des gens du voyage à l'égard des anciens combattants de Lourdes lors de la cérémonie du monument aux morts, pour le 61ème anniversaire de la libération de Lourdes ("Il s'agissait d'une invitation aux voyageurs pour célébrer ensemble la déportation et le massacre des tziganes pendant la 2ème guerre mondiale. Cela s'est passé dans le désordre et au mépris de leurs hôtes sous les caméras de la télévision") et enfin l'état lamentable de la chapelle de Vizens laissé après leur passage.

La crainte du pèlerinage 2006

D'ores et déjà, les pensées du maire et de ses proches collaborateurs sont tournées vers 2006. Il insiste sur la nécessité de relever le niveau d'organisation concernant un certain nombre de points. "Autour de la table, lors des réunions, nous n'avons que les gentils, uniquement des familles manouches alors qu'il y a de plus en plus de yéniches. Ces derniers constituent au moins 70% des gens du voyage présents à ce moment-là à Lourdes. Cette sous-représentation est un problème. Nous voulons avoir le plus de chefs de famille possible. Nous mettons à disposition des voyageurs un certain nombre d'aires d'accueil (environ 1200 places). Ces aires d'accueil ne disposent d'aucun niveau d'organisation. Il n'y a par exemple sur le terrain du petit couvent aucun responsable médical. J'attends donc un certain nombre de réponses sur ces points. Nous ne souhaitons pas voir augmenter le nombre de caravanes et nous demandons à la direction du pèlerinage d'organiser la gestion de ces camps. Je demande à ce que des responsables soient en place dès le 14 août".

Le maire a fait un parallèle avec le rassemblement évangélique qui s'est tenu à Pamiers. "Là, les responsables ont pris en charge l'ensemble des dispositifs. Nous, on veut bien collaborer. Mais nous souhaitons avant tout une remise à niveau de ce pèlerinage par ceux qui en sont les acteurs. Il n'est pas possible de se réfugier derrière la volatilité des voyageurs catholiques. Il faut prendre le problème en amont. J'appelle la direction à plus de responsabilités". Les élus lourdais se disent prêts à se rendre dans les différents points de rencontre des voyageurs, sur le territoire national, afin d'évoquer le pèlerinage 2006 pour lequel les craintes sont déjà vives. "Il n'y aura pas 2000 caravanes à Lourdes en 2006, a averti Jean-Pierre Artiganave. Je veux que le pèlerinage ne nous échappe pas entre les mains en 2006". Et de s'interroger aussi sur l'intérêt que l'Eglise de France porte à ce pèlerinage : il n'a plus vu l'évêque normalement attaché à ce pèlerinage depuis 2001 ! Et de boucler ce dossier par cette phrase : "On craint ce pèlerinage en 2006".

Le coût de ce pèlerinage pour la ville de Lourdes sera rendu public. Le maire a dit qu'il serait inférieur à celui des autres années : de l'ordre de 100 000 euros alors que selon d'autres sources, ce pèlerinage coûterait au moins 2 millions de francs aux contribuables lourdais.

Autres sujets évoqués

Halles : le transfert des commerçants débutera comme prévu le 6 septembre. Mais l'inauguration aura lieu plus tard, mais sans doute pas en septembre.

Impasse Saint-Joseph : la municipalité négocie avec Onyx pour que les riverains n'aient plus les nuisances actuelles du fait de l'installation du dépôt de cette société qui ramasse les ordures ménagères dans le pays de Lourdes. Le maire a précisé que c'était un privé qui avait loué les locaux et pas la ville. Une solution pourrait être trouvée avec la commune de Loubajac.

Projet d'aménagement du lac de Lourdes : Le maire communiquera après que les deux commissions (celle concernant l'appel d'offres et la commission de travail extra-municipale) aient été réunies. Il a annoncé qu'en 2006, il y aura du nouveau s'agissant de l'Embarcadère puisqu'il va être mis fin au bail d'occupation de la guinguette du lac. L'occupant quittera les lieux définitivement, du moins sous la forme juridique actuelle. "Il est clair que quelque chose sera fait à l'Embarcadère". Mais le maire a tenu à préciser que dans les années qui courent jusqu'en 2008, la priorité ira vers la médiathèque, la maison de l'emploi et d'autres dossiers.