Mot d’accueil de Mgr Jacques Perrier

Très Saint Père,

En vous accueillant, le 14 août 1983, mon prédécesseur, Mgr Donze commençait son mot de bienvenue par ces mots : « Depuis longtemps, nous vous attendions. »

Je reprends ces mots à mon compte. Nous vous attendions. Comme on attend un ami dont on espère la prochaine venue. Pour nous, certes, vous êtes le pape, le père, le docteur de la foi, le défenseur de la vie, comme les papes de anciens temps étaient les défenseurs de la cité, l’apôtre de la nouvelle évangélisation.

Mais, depuis près de vingt-six ans que nous vous connaissons comme pape, vous êtes devenu l’ami des bons et des mauvais jours, ami exigeant mais toujours cordial et chaleureux.

L’ami des évêques auxquels vous consacrez tant d’heures en les recevant personnellement. C’est ainsi, en tête à tête, que j’ai pu vous inviter à Lourdes, pour fêter Marie, l’Immaculée Conception, en la 150e année de l’acte par lequel le pape Pie IX lui a reconnu officiellement ce titre. Invitation immédiatement relayée par le président de notre Conférence, Mgr Jean-Pierre Ricard qui se joint à moi pour vous adresser ce mot d’accueil.

Ami des prêtres, des diacres, des personnes consacrées, des familles, des enfants, des jeunes bien sûr (vous les invitez déjà aux JMJ de Cologne, au mois d’août 2005), des malades, des hommes et des femmes, des personnes âgées et handicapées, parmi lesquelles vous n’hésitez pas à vous ranger, des chercheurs, des artistes, des théologiens et des philosophes, des chefs d’Etat qui vous respectent même s’ils obéissent à d’autres priorités.

Ami des chrétiens de toutes confessions, vous qui, inlassablement, cherchez des issues aux impasses de la désunion. Ami du peuple juif, « en quelque sorte, notre aîné dans la foi », comme vous aimez à le dire. Ami de tous les croyants, persuadé que les religions peuvent être facteurs de paix alors qu’elles ont souvent servi de prétextes à la guerre.

Ami de tous ceux qui sont honnêtement en quête de la vérité, qui agissent selon leur conscience, qui travaillent pour la paix et qui respectent leurs semblables. Bref, un ami de l’humanité entière parce que tout homme est une créature unique, à l’image et ressemblance de Dieu. Avec des millions et des millions d’êtres humains, vous avez amorcé, depuis plus d’un quart de siècle, un dialogue de conscience à conscience. Il se poursuit aujourd’hui, ici, près de la grotte de Massabielle où Marie parlait à Bernadette « comme une personne parle à une personne ».

Nul n’a jamais pu se sentir méprisé, par vous, dans sa personnalité la plus profonde. Jamais, dans votre bouche, nous n’avons entendu de parole de désespoir ou de résignation. Le courage, vous le tenez peut-être de votre peuple. Mais l’espérance, vous la tenez de Dieu.

L’an dernier, pour le 25e anniversaire de votre élection comme successeur de Pierre, le monde entier vous a accablé d’éloges. Ils venaient souvent de personnes ou de groupes fort éloignés de la foi catholique. Mais ces hommages étaient sincères. Avec cette foule venue de France mais aussi de tous les pays d’Europe et même de plus loin, avec tous ceux qui sont de coeur avec nous par le son et l’image, nous joignons notre merci à tous ceux de l’an dernier.

Dans la célébration d’aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu pour Marie, la plus belle parmi les enfants des hommes, Marie, l’Immaculée Conception, Marie dans la puissance de la résurrection, en ce jour où nous fêtons son Assomption.

Vous voulez être tout entier à Marie, totus tuus, pour être, encore mieux, tout entier au Christ. Que l’Eucharistie que vous allez présider nous consacre davantage au Christ, pour la gloire de Dieu et le service évangélique de nos frères !