Les opposants à l'introduction des ours slovènes dans les Pyrénées
manifestent à Luchon

 
Le film des évènements (avec Louis Dollo)
 

8h35 - Depuis Saint-Gaudens jusqu'au rond-point de Cierp, surprise : le secteur est envahi de slogans pro-ours. Les panneaux de signalisation et la chaussée arborent des graffitis "Oui à l'Ours !". Des traces d'ours à la peinture sont également visibles sur la chaussée. Les premiers éleveurs viennent d'arriver. Les mentions "Ni ânes, ni imbéciles !" (NDLR. L'expression avait été utlisée par Nelly Olin, ministre de l'Ecologie lors du premier lâcher d'ours raté à Arbas) fleurissent un peu partout. Un ours perché sur une voiture s'exprime ainsi : "Je rentre chez moi, j'ai peur. Ici, on ne m'aime pas !".

8h44 - Un convoi d'ânes vient d'arriver. Les quelques gouttes de pluie qui tombent ne douchent visiblement pas l'atmosphère bon enfant qui entoure ce début de manifestation.

9h15 - Jean-François Delvallez, responsable du Centre cantonal des Jeunes Agriculteurs de Saint-Béat, nous précise : "Nous sommes là pour expliquer notre façon de travailler avec le pastoralisme. La transhumance des bêtes s'effectue de juin à octobre,la cohabitation avec un prédateur est impossible. Avec l'introduction de cinq ours, nous aurons une population de 90 ours d'ici 8 ou 10 ans".

9h54 - Une très forte délégation de la Barousse et du Nistos est attendue. Dès son arrivée au rond-point de Cierp, l'ensemble du cortège se dirigera vers Luchon. En cours de montée, une délégation de Burgalays devrait rejoindre les manifestants. Sur la plate-forme d'un tracteur, les chasseurs de Saint-Béat ne se laissent pas abattre : ils ont organisé un barbecue.

10h05 - C'est parti ! Tout le monde démarre de Cierp. On signale l'arrivée à Luchon de 1 700 brebis venues de la vallée d'Oueil et du Larboust. Les forces de l'ordre seraient très importantes dans la cité thermale.

10h12 - La manifestation arrive à l'embranchement de Burgalays, à 12 km de Luchon. Une délégation du village grossit le flot du cortège. Sur une banderole, un ours avec un baluchon lâche : "Je rentre, personne ne m'aime dans les Pyrénées luchonnaises et ariégeoises" . Autre slogan parmi des dizaines d'autres : "Sauvons notre région ! Protégeons les troupeaux, pensons aux bergers, aux promeneurs".

10h52 - Tout le monde est à Luchon. Les rues sont envahies par les moutons, au milieu desquels essayent de se faufiler les véhicules. Les forces de l'ordre sont relativement discrètes. André Sacome, guide de montagne à Luchon, nous livre son point de vue : "Je suis ici pour défendre l'élevage en montagne. Chez nous, l'élevage et le tourisme sont très liés. Ce sont les éleveurs qui entretiennent le paysage. Les touristes s'arrêtent et profitent d'un paysage entretenu par l'homme. La fin de l'élevage c'est la fin du paysage qui attire le touriste. Et il faut tenir compte du risque que l'on peut encourir avec l'ours"

11h00 - Jean-Louis Gaillac, président de la Société de Chasse de Garin : "Les chassseurs sont solidaires avec les éleveurs. L'ours importé de l'Europe centrale n'a pas sa place ici. Nous n'avons rien contre l'ours autochtone. On ne sait pas le comportement qu'aurait un ours slovène. Pour nous qui sommes aussi propriétaires de terres dans les montagnes, nous sommes inquiets pour le tourisme. Nous entendons montrer notre solidarité envers les agriculteurs, les usagers et tous les randonneurs"

11h15 - Francis Ader, président de l'ADIP (Association de Défense de l'Identité Pyrénéenne) : "Notre manifestation a été mise en place parce qu'il était important de mobiliser tous ces gens qui ont tenu le bitume et les pistes pendant huit jours sans interruption après les actionns menées à Arbas et la tentative de réintroduction avortée de Bagnères de Luchon qui a conduit à un lâcher à Bagnères de Bigorre. Notre mobilisation fait suite aussi aux provocations de la Ministre de l'Ecologie. Nous voulons lui montrer que nous sommes capables d'organiser des manifestations avec beaucoup de monde, beaucoup d'animaux (NDLR. actuellement on compte 1500 moutons et 50 tracteurs), des élus. Le cortège est très diversifié, il comprend des guides de montagne, des chasseurs, des touristes et des promeneurs".

11h23 - La manifestation qui se déroule dans une bonne ambiance, sans agressivité, part de la gare et se dirige vers le centre-ville de Luchon.

11h50 - Gérard Coutant, président de la Fédération Régionale Ovine Midi-Pyrénées, sélectionneur de brebis tarasconnaises pour les Pyrénées Centrales : "Le but de cette manifestation c'est de sensibiliser l'opinion publique et les décideurs sur l'incompatibilité qui existe entre le pastoralisme (ovins, bovins, chevaux) et la présence de l'ours dans nos Pyrénées qui présentent des reliefs très escarpés contrairement aux Alpes. Le simple passage du plantigrade provoque des chutes de nombreuses brebis. Nous ne leurrons pas : derrrière l'ours c'est le loup qui arrivé ! Les Pyrénées ont-elles le droit d'exister ? La ministre de l'Ecologie n'a pas eu un mot pour les gens qui y vivent, qui entretiennent la montagne. Madame Olin parle de dialogue. Jamais je n'ai été contacté, jamais je n'ai rien reçu sur ce dossier d'introduction de l'ours. Elle n'a pas pris toute la mesure de ce qui allait arriver".

12h00 - Les allées d'Etigny, jusqu'aux Thermes, sont noires de monde. Il y a un bruit d'enfer : on chante, on applaudit, on klaxone, on agite les cloches. On se croirait à une arrivée d'une étape du tour de France à Luchon. Et ce n'est rien à côté. Pêle-mêle : côte à côte des éleveurs, des bergers, des cyclistes, des randonneurs, des touristes. C'est impressionnant. Luchon a attiré de nombreux médias : télévisions, radios, presse écrite.

12h45 - Plusieurs intervenants ont pris la parole. Bernard Moules, membre de la Fédération Régionale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, vice-président de la chambre d'Agriculture des Hautes-Pyrénées : "Nous attendons un coup de fil pour nous annoncer la décision du Conseil d'Etat. Quelle que soit la décision, il y a deux ours de trop lâchés de façon sournoise. On a violé nos territoires, on a violé les hommes qui y vivent. Il est normal de s'attendre à des réactions. Nous sommes entrés en résistance et ce n'est que le début de la résistance (vifs applaudissements). Jamais les Pyrénéens n'ont baissé la tête. Nous mettrons toute l'énergie pour résister à nous empêcher à notre façon de vivre. Il n'est pas besoin qu'on nous dise comment conduire notre élevage. Le mouvement est parti des éleveurs qui ont été rejoints par beaucoup d'autres qui ont le courage de refuser les diktats parisiens. Merci à tous, merci à tous les utilisateurs de la montagne. Le combat a commencé depuis maintenant 10 ans. Depuis deux ans, il s'est accentué et ça va continuer samedi prochain à Bagnères-de-Bigorre dans une localité où le maire s'est rallié au plan de la ministre de l'Ecologie. Aujourd'hui, vous êtes nombreux. Nous faisons le pari d'être encore plus nombreux samedi prochain à Bagnères-de-Bigorre".

13h15 - Il semblerait d'après les informations transmises depuis Paris que la décision du Conseil d'Etat sera rendue mardi prochain. On retiendra donc de cette matinée de mobilisation contre l'introduction des ours slovènes ce leitmotiv : "Pour qu'il y ait des Pyrénées vivantes, il faut du monde sur le territoire. Ce monde est constitué de bergers, d'éleveurs qui entretiennent le milieu montagnard et qui font le paysage de la montagne. Que vivent les Pyrénées !"

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La manifestation en direct-live