Cafés : la règlementation de 1985 en question

Le syndicat des cafetiers farouchement hostile

Les commentaires du préfet Michel Bilaud

"J’ai reçu hier le syndicat des cafetiers, restaurateurs qui est farouchement contre. On vit dans ce domaine-là avec une réglementation qui date de 1985 et qui dit que dans les villes de plus de 10 000 habitants "à moins de 200 m d’une école, d’une église, d’un établissement pénitentiaire et même d’un point d’arrêt bus", on ne peut pas ouvrir un débit de boissons licence IV. Moi, il me semble et j’ai été saisi en ce sens qu’il fallait sortir du Moyen-Âge. Il faut arrêter. On est bientôt en 2005. Les centres-villes se transforment (...) Ce n’est pas particulier à un établissement. Il y a des demandes, au moins 10, dans tout le département. Dans les petites communes, il n’y a pas de problème.

"J’ai donc proposé à tous les partenaires de revoir cette réglementation de 1985. J’ai des gens farouchement pour la revoir et j’ai des gens farouchement contre. Le syndicat des cafetiers, restaurateurs, hôteliers est farouchement contre. J’ai consulté tous les maires. Tous les maires des grandes villes, sauf la ville de Lourdes qui m’a donné un avis négatif, m’ont donné un avis positif. Pour l’instant, je réfléchis. Et dans ma grande sagesse, je prendrai ma décision bientôt. Mais ça m’étonnerait que je laisse en l’état la réglementation de 1985 parce qu’elle me paraît un peu abusive. Je ne pense pas qu’en France on ait encore beaucoup de lieux où cette règle des 200 m existe".

Question : Est-ce que c’est quelque chose qui ne va pas à l’encontre de la lutte contre l’alcoolisme ?

Michel Bilaud : "Non. Je ne peux pas laisser dire ça. Ou alors c’est que vraiment les professionnels – cafetiers, hôteliers – ne sont pas de bons professionnels. Dans l’ensemble je pense que ce sont de bons professionnels. Ce n’est pas chez eux qu’on a des phénomènes d’ivresse publique et manifeste. L’ivresse publique et manifeste, le développement de l’alcoolisme, ça se passe de façon beaucoup plus sauvage ou dans des établissements mal tenus, mais pas chez les professionnels du café-bar, de la restauration".

(...) "Je pense simplement que cette réglementation n’est plus adaptée comme il y a 20 ans. C’était une réglementation tout à fait malthusienne, protectionniste. Elle n’est plus en rapport avec les évolutions. Les centres-villes se transforment. A partir du moment où les élus me le demandent, je suis prêt à ouvrir le chantier".

(...) "On ne trouve pas beaucoup de licences IV dans les Hautes-Pyrénées. "Ça ne se vend pas une licence IV, ça se garde !". Je n’ai pas du tout l’intention de faire de mauvaises manœuvres contre les établissements existants mais je pense que cette réglementation n’est plus d’actualité. Je n’ai pas pris ma décision encore. J’en suis à la phase de consultation".

Propos recueillis par Gérard Merriot