Journal d'informations en ligne

 

 


Chaque semaine, la rédaction procèdera à l'interview d'une personnalité départementale, régionale, et ce dans les divers secteurs de l'actualité.

 

 

Lourdes-infos.com : Avant d’être élue en 2002 députée de la 2e circonscription, vous étiez députée de la 3e circonscription. En dehors du travail législatif, avez-vous changé vos habitudes de travail, du fait du déplacement géographique ?

Chantal Robin-Rodrigo : « Chaque circonscription est différente de par son aspect touristique, environnemental, de la connaissance socioculturelle, au niveau du territoire. Par exemple, il y a beaucoup plus de maïsiculteurs dans la plaine de Maubourguet que dans le pays des Gaves. J’ai donc eu à apprendre, à connaître tous les intervenants économiques locaux et de développement de Tarbes, Lourdes et la vallée des gaves, avec des problématiques différentes au niveau de la montagne. Cela n’était pas une réelle découverte puisque c’est un département que je connais depuis longtemps et j’en connaissais déjà les grandes lignes. En termes de travail cela n’a rien changé puisqu’un député, qu’il soit de plaine ou de montagne, a toujours les mêmes devoirs, celui de légiférer et celui de contrôler le gouvernement. La seule différence c’est avoir d’autres dossiers à défendre, tout particulièrement au niveau de l’environnement, du tourisme, du thermalisme, des saisonniers, et bien évidemment de l’agriculture et du pastoralisme »

Les préoccupations

Quelles sont vos préoccupations actuelles, d’abord au niveau national puis au plan départemental ?

C-R.R. : « D’abord entre le précédent mandat et celui-ci, j’ai changé de commission à l’Assemblée nationale. Avant, j’étais dans la commission des affaires culturelles, sociales et familiales. Maintenant, je suis dans la commission Affaires étrangères. Je voudrais d’abord dire que pour travailler avec le ministre des Affaires étrangères, M. de Villepin, depuis juin dernier, je m’enorgueillis d’avoir un aussi bon ministre des Affaires étrangères. Et le président de la République que je connaissais sous d’autres angles, me surprend très agréablement sur la façon dont il a su gérer la crise irakienne, dont il a su amener la France au niveau international sur le rang qui est celui de la raison et de la paix. Dans cette commission, je travaille avec beaucoup de passion. C’était un acte courageux celui qu’ils viennent de faire .Ce n’est pas un acte anodin. Il y a eu d’énormes pressions. Les enjeux sociaux, économiques sont importants. Je crois que le président de la République et M. de Villepin ont été au maximum qu’ils pouvaient faire dans la négociation. Ce que je regrette, c’est que l’Europe n’ait pas entendu la voix de la paix ; c’est que les Anglais et les Espagnols tout particulièrement puissent s’être comportés comme ils l’ont fait. Je me demande par exemple ce que va penser le peuple anglais lorsqu’il va voir malheureusement les premiers cercueils sur son territoire. Depuis plus de six mois, nous travaillions déjà au niveau de la commission des affaires étrangères sur ce dossier de l’Irak mais aussi sur celui de la Côte d’Ivoire. Là également, la position de la France a été exemplaire. J’ai beaucoup de satisfaction au niveau de cette commission. C’est important de le dire, surtout pour une élue de l’opposition. Il faut avoir le courage de reconnaître ce qui est bien et ce qui moins bien par rapport à nos propres convictions.


Ensuite, à Paris, j’ai travaillé dans tous les projets de lois qui nous ont été présentés à l’Assemblée nationale. Et là, mon satisfecit n’est plus du tout le même. Quand on voit le budget qui a été voté avec une croissance prévue de 2,5%, qui est tombée à 1,5% puis à 1,3%, quand on voit que, par exemple, le budget qui me paraissait le plus emblématique pour moi qui est celui de l’emploi et de la solidarité a été baissé 6%. Bien évidemment, on a toutes les conséquences avec les plans de restructuration qui m’inquiètent énormément. Et qui viennent d’amener M. Fillon, le ministre de l’Emploi, à revoir à la hausse les contrats éducatifs sociaux, de les revoir à la hausse afin de permettre que certaines personnes trop éloignées de l’emploi puissent avoir accès à ce premier marche-pied. Ensuite, je regrette le vote de la modification de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) parce que, encore une fois, c’est faire porter un mauvais coup à l’ensemble des personnes âgées, celles qui ont fait la richesse de la France d’aujourd’hui. Ce mauvais coup porté aux personnes âgées se traduit par une « économie » pour l’Etat de 400 millions d’euros, que l’Etat n’a pas hésité à donner à ceux qui paient l’impôt sur la grande fortune puisqu’il y a eu aussi une réduction de l’impôt sur la grande fortune, qui a ramené à l’Etat 560 millions d’euros. J’ai bien évidemment un chapelet de revendications concernant la politique de M. Raffarin, je pourrais parler de l’éducation nationale, des emplois jeunes.

Sur notre département, j’ai deux gros sujets de préoccupations. C’est d’abord le GIAT. Je dis que les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche, n’ont pas pris la mesure et les décisions nécessaires pour que soit réellement réalisé un véritable plan industriel de relance ou de maintien de l’industrie GIAT. Or, GIAT c’est notre industrie de l’armement. Et quand on voit à quel point l’Europe est très mal structurée au niveau de l’Europe de la défense, au niveau de l’Europe politique, il ne faut peut-être pas se dessaisir de GIAT, donc de notre industrie de la défense d’une façon aussi facile en pensant que demain il pourra y avoir des coopérations. A l’heure actuelle, sur le plan départemental, c’est encore 800 salariés. On sait également que le plan de restructuration proposé par M. Vigneron, PDG du GIAT, dit qu’il faut réduire les effectifs de plus de 50%. Un contre rapport du contrôle des Armées dit ce qu’avancent les syndicats : si ensuite notre effectif est trop bas, jamais nous ne serons plus en capacité de pouvoir à nouveau produire lorsque la commande sera là. Les parlementaires des Hautes-Pyrénées et le maire de Tarbes ont été reçus par Madame Alliot-Marie qui nous a parlé des trois objectifs fixés à M. Vigneron : le premier est de lui dire “ Faites-moi une proposition d’un plan réellement viable, un plan industriel qui fasse que GIAT puisse être à nouveau dans des structures qui ne soient pas malades mais qui puisse peser comme un interlocuteur à part entière au niveau de la défense européenne”. Elle a dit ensuite bien évidemment il y aura des suppressions de postes, des compressions de postes ; l’Etat ne peut sans arrêt recapitaliser quels que nous soyons, de droite ou de gauche; il faudra tenir compte aussi de l’aménagement du territoire. M. Vigneron devait donc remettre ses propositions à Madame la ministre de la Défense avant la fin du mois de février. Nous sommes bientôt fin mars. Entre temps, nous avons rencontré - toujours les mêmes – le PDG du GIAT et nous, les Haut-Pyrénéens nous avons fait des contre-propositions qui sont, me paraît-il, tout à fait cohérentes et acceptables. Premièrement, elles se basent sur deux axes : celle de dire qu’à l’heure actuelle au niveau de la sous-traitance, en particulier pour ce qui concerne la maintenance des matériels, cette sous-traitance est donnée dans l’industrie privée ou dans la petite entreprise (ce n’est pas le cas de Tarbes). On se rend compte lorsque l’on regarde le bordereau des prix que cette sous-traitance est supérieure aux coûts de réalisation de GIAT. Alors quand on veut faire des économies - je sais très bien que la sous-traitance c’est aussi des emplois - comme le seul actionnaire de GIAT c’est l’Etat, comme le seul client de GIAT c’est aussi l’Etat, qu’il commence d’abord par régler ses problèmes dans la famille. Donc, nous disons qu’il faut rapatrier ces heures et il faut que ces heures, plutôt d’être dispersées sur six sites,soient ramenées sur Tarbes. Et pourquoi sur Tarbes ? Parce que des sites ont été contrôlés en termes rapport qualité/prix. Cela s’appelle les contrôles de qualité. Tarbes a été classé en n° 1 au niveau de cette maintenance. Puisqu’il faut regrouper, oui on est d’accord : regroupons sur Tarbes. Et pourquoi sur Tarbes ? J’en viens au troisième point, à l’aménagement du territoire. Tout simplement parce que si on enlève 100 emplois à Toulouse ou dans la région parisienne, ça ne va pas provoquer le même effet que si on enlève 100 emplois à Tarbes au niveau de l’aménagement du territoire. De ce fait, nous estimons, nous les Haut-Pyrénéens, que nous avons déjà beaucoup donné au niveau du GIAT en envoyant une partie de notre obuserie dans la région de Bourges, en envoyant une partie de notre technologie concernant les tourelles à Roanne, en envoyant une autre partie au niveau de Toulouse. On sait que si on va à moins de 800 emplois, les plans se succèderont. Les salariés du GIAT ne seront plus assez nombreux pour pouvoir ensuite répondre à quelque commande que ce soit. Ce sont donc les arguments que nous avons employés vis-à-vis de M. Vigneron et que j’ai confirmés à Madame Alliot-Marie. Deux parlementaires ont souligné dans la mission dont ils avaient été chargés qu’il ne fallait pas fermer GIAT, qu’il fallait conserver GIAT comme l’interlocuteur prioritaire au niveau de l’industrie de la défense.. Nous, élus tarbais, disons que nous avons tous les atouts pour que soit regroupée à Tarbes la direction logistique et de maintenance. C’est une grande préoccupation parce que ce serait une catastrophe pour notre département si Tarbes venait à avoir une nouvelle fois un plan de restructuration.

Autre grand dossier, c’est celui de l’aéroport. De la même façon, ce dossier mobilise toutes les bonnes volontés. Je regretterai quant à moi que lorsqu’il s’est agi de dire à Air-France de laisser sa place à Air-Liberté, on n’ait pas demandé l’avis aux mêmes parlementaires que nous sommes. A ce moment-là, la Chambre de Commerce seule et son président seul, à l’époque le maire de Tarbes, ont pris la décision de confier deux allers-retours à Air-Liberté qui était déjà bien malade, en disant en quelque sorte à Air-France “On n’a plus besoin de vous, on prend Air-Liberté”. Heureusement à cette époque, et sans vouloir engager de polémique, nous avons lu la presse car la Chambre de Commerce qui a la gestion de l’aéroport, n’a pas eu le bon goût de prévenir les parlementaires ou les élus qui ont financé en grande partie cet aéroport (Conseil régional, Conseil général, les mairies de Tarbes et Lourdes). La décision, il l’a prise tout seul (NDLR. Il s’agit de Gérard Trémège). Heureusement, seuls aussi, nous lui avions fait parvenir un courrier à l’époque qui disait que “nous prenions acte, que vous n’avez pas jugé bon de nous prévenir, nous vous signalons ce que vous savez déjà c’est qu’Air-Liberté n’est pas dans une situation économique et financière florissante, et que peut-être vous lâchez la proie pour l’ombre”. On ne nous a même pas accusé réception de cette lettre ! Aujourd’hui, M. le maire de Tarbes, ex-président de la Chambre de Commerce, vient nous trouver en nous disant “ il faut tous faire ensemble”. J’entends bien, il a raison. Cependant, quand on commet des erreurs, il faut aussi les reconnaître. Quoiqu’il en soit, les parlementaires que nous sommes avons eu une réunion, avons écrit une lettre commune à M. de Robien, à M. Bussereau, en attirant leur attention sur le fait que cet aéroport ne pouvait pas vivre simplement avec des charters. Si un aéroport international n’a plus de liaison avec la capitale, c’est une catastrophe. D’autant qu’en même temps, il y a d’autres charters qui atterrissent à Pau, la nouvelle compagnie anglaise Ryanair. Elle-même est en train de mettre en place des tarifs super-attractifs entre Rome et Pau, ce qui serait vraiment une catastrophe pour notre aéroport. Là, ça ne serait plus simplement la dégringolade au niveau du transport Tarbes/Lourdes-Paris mais également tout le fond de commerce lourdais qui en pâtirait. Alors, que se passe-t-il par rapport à l’aéroport ? Air-Lib a donc déposé le bilan. De fait tout ce que l’on appelle les slots, c’est-à-dire les créneaux d’heure permettant les atterrissages à Orly sont confiés à une structure composée de toutes les compagnies aériennes. L’Etat n’en fait pas partie. L’Etat, lui, au niveau de l’aménagement du territoire et c’est une directive européenne (quelquefois il y en a de bonnes), a un droit de veto sur 20% de ces lignes. Cela signifie que le gouvernement peut réattribuer 20% de ces lignes mais à condition qu’il s’agisse de l’aménagement du territoire. L’Europe estime qu’il y a aménagement du territoire quand un aéroport est situé à moins de 100 km d’un autre. C’est la raison pour laquelle toutes les lignes d’Air-Lib abandonnées au moment de ce dépôt de bilan, ont toutes été remplacées par d’autres compagnies sauf Tarbes/Lourdes. Toutes ont eu des vols réassurés par le gouvernement. Et pourquoi ? Parce que Tarbes/Lourdes est à 40 km de Pau. Tous les jours, Air-France se frotte les mains car les avions sont pleins à craquer à Pau, et à d’autres tarifs que ceux pratiqués par Air-Lib. Quels moyens a l’Etat de pouvoir intervenir dans une structure privée ? Quelles mesures a-t-on si ce n’est d’inciter par rapport à des aides fiscales qui pourraient être données à telle ou telle compagnie et à condition que ces compagnies réengagent du personnel d’Air-Lib qui a été licencié. C’est ce qu’essaye de faire le gouvernement avec deux compagnies qui ont fait des propositions pour Tarbes : Aeris et Virgin. Mais ces compagnies demandent, outre d’obtenir un certain volant de créneaux d’heures (Tarbes/Lourdes ne les intéresse pas), de bénéficier d’un package comprenant des lignes plus rentables que celle-ci. Ces compagnies reprendront du personnel mais elles vont aussi demander aux collectivités locales de participer financièrement, donc nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Nous sommes là devant la quadrature du cercle. Pour ce qui nous concerne, nous avons rendez-vous avec M. Bussereau, secrétaire d’Etat aux transports, le jeudi 3 avril car d’ici là nous en saurons plus. Pour nous, c’est un dossier important parce que nous sommes dans un département éminemment touristique, parce que nous avons Lourdes qui représente 5 millions de pèlerins, parce que comme le disait le Recteur Jacquin des individuels viennent aussi à Lourdes. Ça, c’est pénalisant et ce qui m’inquiète encore davantage c’est Ryanair à Pau dans les conditions que l’on sait. Voilà deux dossiers que nous suivons comme l’huile sur le feu ».

1ère au nombre de questions posées

Vous le disiez en préambule, vous êtes passée de la majorité à l’opposition, cela a dû vous changer. En tant que PRG, ne vous sentez-vous pas un peu isolée car vous avez peu de temps de parole pour vous exprimer à la tribune de l’assemblée.

C.R-R : « C’est effectivement très difficile parce que d’abord le temps de parole, et c’est justice, est proportionnel de ce que nous pesons à l’Assemblée nationale. Quand on est moins de 20, on ne dispose pas d’un groupe politique et sans cela il est très difficile de pouvoir s’exprimer. Donc, je me suis rattachée au niveau administratif au groupe PS à l’Assemblée nationale. Je tiens à dire quelle est la différence entre rattachée au Parti socialiste et rattachée administrative. Je conserve mon droit de parole, je conserve surtout mon droit de vote. Quelles autres solutions avons-nous lorsque nous n’avons plus de temps de parole ? Eh bien de faire des questions écrites au gouvernement, c’est de s’exprimer sur amendement dans l’hémicycle et d’être constamment présent dans toutes les commissions, ce que je fais au maximum. Je crois pouvoir dire qu’en ce qui concerne le nombre de questions écrites que j’ai posées, je crois que je suis la 1ere au niveau de l’Assemblée nationale. Donc, je trouve un moyen de m’exprimer »

Les relations avec Gérard Trémège et Jean-Pierre Artiganave

Dans le département, le paysage a changé depuis deux ans. La ville de Tarbes dont vous étiez l’élue est passée à droite. Quelles sont vos rapports avec Gérard Trémège, le maire de Tarbes, et à Lourdes quelles sont vos relations avec Jean-Pierre Artiganave ? Font-ils appel à vous, vous sollicitent-ils ?

C.R-R : « Je suis une démocrate dans l’âme. A partir du moment où les électeurs se sont exprimés, j’ai le plus grand respect avec celui ou celle qui est élu. Je ne suis pas sûre que le maire de Tarbes a réellement bien compris ce genre de choses. Il est vrai qu’il était tellement certain de devenir lui-même député de cette circonscription qu’il n’a peut-être pas encore digéré le fait qu’en plus il s’agit d’une femme qui l’a battu, et donc nous avons des relations qui sont un peu d’indifférence lui à mon égard et je le regrette vivement. Nous avons besoin de travailler tous ensemble. Je n’ai pas hésité comme je viens de le dire, aussi bien au niveau du GIAT que de l’aéroport, parce que c’est à l’initiative de la gauche et à la mienne que nous avons rédigé ces lettres communes, je n’ai pas hésité à l’associer. Je ne pourrai pas en dire de même. Sur Tarbes, je rappelle qu’il a été élu avec une différence de voix très faible (NDLR. 28) et que nous aurons d’autres occasions de nous rencontrer sur des champs électoraux dans les années à venir. Nos concitoyens auront à déterminer celui ou celle qui est le plus à même de… Je n’en dirai pas plus sur le maire de Tarbes. Je regrette son attitude, qu’il ait ce comportement qui fait qu’il n’y a pas du tout de relation entre le maire de Tarbes et la députée d’une partie de Tarbes.


En ce qui concerne le maire de Lourdes, il est beaucoup plus cordial dans son attitude. Il est beaucoup plus ouvert en disant “l’élection est passée, elle a été élue. De fait vous êtes la députée, je suis le maire de Lourdes ”. Cependant, j’aimerais être un peu plus associée au niveau de la ville de Lourdes et être invitée dans les manifestations. Je suis la députée de Tarbes et Lourdes, que les uns et les autres le veuillent ou non. Peut-être faut-il laisser passer un peu de temps, un peu de rancœur. Quoi qu’il en soit, pour ce qui me concerne, je travaille pied à pied, à Tarbes, à Lourdes, dans la vallée des gaves constamment. De fait, avec ou sans eux, j’essaye de faire avancer à mon tout petit niveau le développement de ce territoire ».

A Lourdes, quels sont vos rapports avec l’opposition ? Avez-vous regretté que le docteur Basile (PRG) n’ait pas jugé bon de faire cause commune avec les socialistes et les écologistes ?

C .R-R : « Pour moi, lorsque l’on est dans un parti politique et encore plus lorsque l’on est engagé dans une campagne politique, il y a les problèmes conflictuels personnels et il y a les intérêts d’un mouvement que l’on peut appeler la gauche. Je l’ai dit et redit, je regrette que mes amis de Lourdes n’aient pas cru bon de faire alliance au 2e tour, afin que l’ensemble des forces qui s’étaient réclamées de gauche au 1er tour puissent se retrouver au 2e tour. Et ça bien évidemment, dans la juste proportion des résultats obtenus au 1er tour. On ne pouvait pas demander au docteur Basile de donner plus de places au Parti socialiste ou aux Verts. Si je me souviens bien des résultats, le Parti socialiste devait avoir aux environs de 7%, les Radicaux devaient avoir 19%. De même avec M. Agius qui à cette époque-là était représentant des Verts sur le plan départemental. Il semblerait que les intérêts et les chinoiseries personnelles aient fait que cette union n’ait pas eu lieu, je le regrette. Aujourd’hui, par contre, quand je vois que certains se permettent, deux ans après cette élection, de pouvoir critiquer ouvertement des amis de gauche, je me dis que décidément ils n’ont pas compris ce que voulait dire l’intérêt de la gauche. Il y a suffisamment de points à évoquer concernant la politique menée par le maire de Lourdes dans sa gestion au quotidien sans que l’on aille regarder la paille dans l’œil du voisin ».

Regard sur la droite lourdaise

Quel regard portez-vous sur les divisions de la droite lourdaise ? Ne vous donnent-elles pas l’espoir de reconquérir un jour la mairie tenue jadis par votre ami François Abadie ? D’aucuns vous accordent de fortes de chances si vous briguiez le mandat de maire aux prochaines élections ?

C.R-R. – « D’abord, on me voit déjà briguer le mandat de maire à Tarbes. Ensuite, on me le voit briguer à Lourdes, ensuite on me le voit briguer d’une façon plus petite à Arrens-Marsous, seule commune de ce canton à droite. Je suis très embêtée parce que je ne vais pas pouvoir me couper en trois. Ce que je peux vous dire, c’est que je suis une élue de gauche qui n’a pas peur d’affronter les scrutins. Il faudra compter sur moi, sur trois sites d’une façon ou d’une autre. Soit pour défendre mes amis politiques, soit pour être moi-même présente dans ce combat. Mais en politique, ce qui est vrai aujourd’hui ne l’est pas forcément demain. Il sera temps de prendre la décision le moment venu, dans 4 ans. Aujourd’hui, il me suffit amplement de travailler comme je le fais. En ce qui concerne mes amis radicaux de Lourdes, je les incite à prendre de plus en plus de place dans la gestion au quotidien de la ville. Je regardais avec plaisir le positionnement pris par Josette Bourdeu, au niveau notamment des handicapés. Si elle ne s’était pas manifestée au niveau des transports des handicapés, peut-être que le maire de Lourdes ne parlerait pas de ce qu’il n’a pas réalisé lui-même mais qu’il a réalisé sous pression de …Il y a des tas de choses qui se mettent en place. Je le vois au niveau de l’association des locataires. Ce n’est par hasard, si au niveau des élections législatives, la radicale que je suis, a obtenu plus de voix que mes amis aux élections municipales un an avant. C’est tout simplement grâce au travail qu’ils ont déjà accompli. Je suis persuadé qu’ils auront le temps, dans les quatre ans à venir, de faire encore suffisamment de travail pour que les Lourdaises et les Lourdais reconnaissent que avec l’équipe, moi devant, moi derrière, je n’en sais rien, il faut effectivement changer de municipalité parce que la droite et la gauche, ça n’a pas les mêmes priorités.

Par contre, ce que j’ai regretté au niveau de la droite lourdaise, c’est l’absence de José Marthe en qui tout le monde reconnaît des qualités indéniables (courage politique, homme de dossiers). Il prouve par sa présence ce qu’il peut apporter à notre département. En ce qui concerne Mme Héry, j’ai cru comprendre que c’est la droite de la droite. Je ne la connais pas suffisamment pour porter un jugement ».

"Lourdes a besoin d'un coup de tonus"

Quelle image avez-vous de Lourdes aujourd’hui ? A t-elle changé ?

C.R-R : « Je trouve qu’elle n’a pas changé en bien. Lourdes est une ville qui a besoin d’un joli coup de pinceau, d’un joli coup de tonus. Ce n’est pas seulement le pinceau, la peinture. Lourdes a besoin que se mette en place une véritable dynamique pour redonner confiance aux Lourdais et également pour accueillir d’une autre façon les millions de pèlerins qui y viennent tous les ans. Il doit y avoir une rénovation et une redynamisation de la ville de Lourdes. Cela passe aussi par des actions importantes concernant les gens qui y habitent. Je parle tout particulièrement des saisonniers. Comme cela ne semble pas être la préoccupation principale du maire de Lourdes, j’ai le plaisir de vous informer que je travaille depuis de longs mois sur ce dossier, que je vais être en cette fin de printemps en mesure de présenter avec le CDDE, avec une étude très poussée, la mise en place d’une structure unique concernant la pluri-activité du saisonnier qui ira non seulement d’un interlocuteur unique et employeur unique, qui lui permettra de ne pas être sans arrêt des CDD mais s’il le désire des CDI avec plusieurs employeurs. Cela leur permettra également d’avoir de ce fait les droits de chacun de nos concitoyens, le droit au logement; les droits aux gardes d’enfants; les droits à une caisse unique d’assurances. Nous sommes en train de mettre tout cela en place, je vous assure que c’est passionnant. En fonction de ces saisonniers, les difficultés sont très différentes ? Nous travaillons ce dossier en étroite collaboration avec M. le Préfet, M. le président du Conseil général, avec la Direction du Travail, avec l’Europe et avec la Région. Lorsque le dossier sera mieux ficelé – nous en sommes presque à mettre le ruban – nous mettrons en place une maison du saisonnier digne de ce nom qui soit en capacité d’accueillir mais aussi de retenir sur notre territoire les milliers de saisonniers que nous avons dans ce département ».

Pour terminer, peut-on savoir si vous avez des contacts avec les responsables des Sanctuaires, domaine que d’aucuns considèrent comme une chasse gardée ?

C.R-R. « J’ai un peu l’impression que c’est une chasse gardée. Lorsque j’ai été candidate sur cette circonscription, j’ai demandé rendez-vous à Mgr l’Evêque. Je suis allé le voir en me présentant parce qu’il y a, me semble-t-il, une visite républicaine qui doit être faite par tout candidat dans une circonscription hautement empreinte par la religion catholique. Nous avons donc eu un très long entretien et je lui ai dit que j’étais à sa disposition pour aider à tout ce qui pouvait être le développement économique de cette “industrie ”religieuse sur Lourdes et sur tout le département. J’ai eu également le plaisir de déjeuner avec le Père Jacquin (NDLR. Recteur des Sanctuaires). Nous avons largement échangé. Je m’occupe depuis très longtemps, de façon individuelle malheureusement, du problème des trains de pèlerins mais je n’ai pas d’autres échanges puisque jusqu’à ce jour, lorsque des manifestations religieuses se sont produites où la présence des élus était souhaitée, elles ont eu lieu, presque toujours, les mardis ou mercredis, jours où le député est à l’Assemblée nationale ».

Propos recueillis par Gérard MERRIOT

 

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