Ours ou loup ? Allez savoir…..

Hier à Bruges, sur l’estive du Merdanson, c’était le constat d’un massacre de brebis par une bête "inconnue". Des éleveurs sont venus soutenir et aider Bernard dans le regroupement de son troupeau, du moins ce qu’il en reste, afin de le redescendre. 5 éleveurs avaient laissé leur exploitation, avec eux le technicien de l’IPHB, des gardes du Parc National et les techniciens de l’ONCFS que beaucoup appellent « expert s».

Sur 103 brebis accompagnées d’une chienne Patou, il a été constaté la mort de 7 brebis, une brebis blessée laissée pour morte car impossible de la redescendre et 6 brebis non retrouvées. Le reste a pu rejoindre la bergerie à Bruges dont certaines blessées qui devront être euthanasiées selon le vétérinaire. Mais qui est l’auteur de ce massacre ?

A Castet (estive de la commune de Bruges) la semaine dernière, il a été conclu à un animal « indéterminé » et le dossier transmis à la commission d’indemnisation. Aujourd’hui, sous la neige du Merdanson, les techniciens se tournent plus vers un canidé. Mais quel canidé ? Les techniciens de l’ONCFS sont incapables de répondre. Alors, il faut aller plus loin dans les recherches, il faut se poser des questions et accepter les faits comme le constat sur une brebis encore chaude alors que l’air ambiant était plutôt au froid. La bête tuait-elle encore alors que nous étions sur l’estive ? C’est la question que pose Bernard Alaigre, le propriétaire du troupeau.

Une brebis fait nettement apparaître une trace de griffure. Est-ce vraiment l’œuvre d’un canidé ? Tout le monde en doute sauf les techniciens de l’ONCFS qui trouvent des explications assez sulfureuses de crocs. La précision va jusqu’à l’écartement des trous dans la peau, trous que l’on suppose être des crocs. Ils font 45 mm de large. Pour l’ours adulte, c’est 55 mm. Dont acte même si le vétérinaire trouve l’explication "aléatoire" d’autant que l’écartement des crocs de la chienne Patou mesuré hier soir ne fait que 42 mm. Il doit donc s’agir d’un canidé assez exceptionnel qui reste invisible sur le terrain.

De son côté, le maire de Bruges, Xavier Decanet nous dit « Je suis responsable de la sécurité des biens et des personnes. » Il constate que « c’est la troisième attaque » sur les estives de sa commune. « Si demain matin, les techniciens du PNP et de l’ONCFS me confirme que ce n’est pas un ours, donc un animal protégé, je demanderai une battue administrative… je me dois de savoir ce qui vient perturber nos troupeaux. »

Pour un vétérinaire que nous avons interrogé après avoir vu les bêtes blessées, ce n’est « ni un chien, ni un ours » donc un autre animal. « Il faut savoir » Et pour le maire de Bruges « ce n’est pas non plus ni un lapin ni un canard. » Il faut donc aller plus loin dans les investigations, ce que l’ONCFS n’a manifestement pas envie de faire, peut être par manque de compétence. Lorsque nous leur posons la question, la réponse est pour le moins nerveuse « vous êtes un spécialiste vous ? » Moi non mais eux, oui… enfin à priori. Aujourd’hui nous pouvons douter…. tout comme pour la capture de Balou dont le tournage du film dure depuis des mois…. aux frais du contribuable.

Pour Bernard Alaigre et les éleveurs présents, « l’indemnisation on s’en fout, ce n'est pas le problème » « C’est la perte des bêtes qui fait mal au cœur » nous dit Jean-Pierre Pommiès venu de l’Ouzoum. Lui aussi a connu les prédations de Franska sur son troupeau. Il sait ce que cela veut dire. «L’angoisse de monter à l’estive et découvrir un carnage ». Pour Bernard, c’est 20 % de son cheptel qui a disparu. Le revenu d’une année de travail qui, vu la forme que cela prend, sera totalement perdu. Pourquoi ? C’est à cette question qu’il faut répondre. Pourquoi sont-elles mortes ? « La descente d’estive, normalement c’est une fête. Ma fille a 10 ans, elle dit toujours que plus tard elle veut remplacer Papa. Quel avenir je lui propose avec ce carnage ? »

Savoir ce qui se passe, l’avenir… au delà des indemnisations c’est le vrai problème. La culture du secret qui s’est instituée autour de l’ours et des grands prédateurs, aussi bien dans les Alpes que dans les Pyrénées, n’est plus acceptable. Le comportement de l’ONCFS par des réponses simplistes et binaires d’un ordinateur « oui/non »… « Ce n’est pas un ours mais on ne sait pas quoi »… « On remplit des cases et on envoie à la DDA » n’est plus admissible aujourd’hui. Un éleveur est un chef d’entreprise, un gestionnaire, il doit avoir une vision à long terme. Un cheptel c’est un capital travail, résultat de plusieurs années de sélection. Une brebis c’est un être vivant auquel on s’attache. Perdre 20 % de son cheptel, c’est 10 ans de travail anéanti sans savoir pourquoi. Ce sont des animaux auxquels on a apporté des soins, une attention de tous les jours, que l’on connaît individuellement, avec lesquels on a des rapports affectifs. « Il faudra donc qu’à l’avenir, les responsables de l’Etat changent d’attitude, de comportement, et apportent des réponses autrement que par des palabres dans un groupe national ours sans aucun intérêt. »

Dernière minute : à la demande du propriétaire du troupeau, du Président du Groupement pastoral et du maire de Bruges et en accord avec le vétérinaire qui a soigné les bêtes blessées, une brebis qui doit être euthanasiée devrait faire l’objet d’une expertise plus sérieuse. Par ailleurs, nous apprenons que le technicien de l’ONCFS n’a pas encore rédigé son rapport. Il doit le faire ce soir à 19 heures chez l’éleveur. Assez étonnant…. (Louis Dollo)

Photos Louis Dollo
Mis en ligne samedi 4 octobre 2008-9h30