Communauté des communes du pays de Lourdes :
les élus tirent sur tout ce qui bouge !

article mis en ligne le mardi 15 juin 2004 à 22h20

 
Atmosphère tendue en fin de matinée à la mairie d'Adé, siège pour l'instant de la Communauté des Communes du Pays de Lourdes, une structure qui alimente souvent l'actualité locale depuis plusieurs semaines. Visiblement lassés d'en "prendre plein la pipe", le président Jean-Pierre Artiganave et ses vice-présidents (surtout ces derniers, peu habitués à se faire titiller dans leurs villages) sont passés à la contre-attaque. D'entrée, dans la salle, on a ressenti un certain malaise : des élus qu'on a l'habitude de côtoyer depuis des lustres nous tournaient ostensiblement le dos quand ce n'était pas le regard ! Fichtre ! Ça sentait la poudre. Et en chef d'orchestre, c'est évidemment le maire-président qui a donné la mesure.
 
Jean-Pierre Artiganave s'en prend aux analphabètes de l'intercommunalité
 

JPA s'est attaché à rappeler "à certains propos analphabètes" ce qu'était une communauté des communes et pourquoi une communautés des communes. On a donc eu droit à un cours sur les bienfaits de l'intercommunalité. "Je rappellerai, dit-il, un principe que je trouve aujourd'hui d'actualité et parfaitement républicain : il n'y aura point de salut pour les communes sans intercommunalité, c'est-à-dire sans dialogue évidemment , sans solidarité parce que nous avons affaire à un territoire qui a changé. Aujourd'hui, on ne peut plus parler d'urbains tout court comme on ne peut plus parler de ruraux tout court. L'intercommunalité est une nécessité bâtie sur deux principes : la solidarité et l'égalité de l'ensemble des citoyens devant un certain nombre de services".

Et M. Artiganave de préciser qu'il entendait réagir sur un certain nombre de choses dites par le comité de vigilance lourdais (voir article en cliquant ici). Il a rétorqué à ses contradicteurs, Michel Rebollo (PS) et Christian Agius (Verts) que deux types de compétences avaient été seulement transférés : le développement économique et la collecte des déchets. Et que cela ne s'était pas traduit par une dérive fiscale. "Le souci communautaire est de respecter le pacte fiscal". Il a ensuite justifié l'achat du bâtiment Cewe-Color, mentionnant au passage que des candidats à l'installation dans les locaux industriels de Cewe-Color s'étaient déjà manifestés.

"Je n'attache pas grand intérêt et grande importance à des propos dont je remarque souvent mais en mon for intérieur à Lourdes qui dépasse le bon entendement, la bonne citoyenneté et le respect mutuel que nous nous devons les uns et les autres, concluait JPA. Je comprends mes collègues maires qui se sont sentis blessés et outrés par la teneur d'un certain nombre de propos. Ils vont y venir. Il est bien de faire de la démagogie. Il est bien de jouer dans le registre de l'outrance verbale, il est bien de jouer parfois dans le caniveau, je me demande si les auteurs de ces propos sont toujours respectueux et responsables de leurs fonctions premières, en politique en tout cas, qui n'est pas de raconter n'importe quoi. La démocratie doit être d'abord responsable et pour être responsable, elle se doit d'abord d'être respectueuse de tous. Voilà. A vous les amis !"

Il ne restait plus alors qu'à écouter les amis de JPA réciter avec plus ou moins de bonheur leurs partitions.

Sus aux recalés du suffrage universel !

Georges Castres, le premier vice-président et maire de Julos, prit le relais. Là, l'aisance n'est pas la même. Il se targua d'avoir beaucoup travaillé avec ses collègues pour parvenir à se doter d'un outil pour le développement économique de ce pays. "On a réussi !" lâcha-t-il dans un moment d'extase. Et de s'étonner aussitôt qu'on puisse les accuser, eux maires de communes rurales, de se servir. "On est entièrement dévoué à nos communes, on le fait vraiment en total désintéressement parce qu'on consacre une grosse partie de notre vie au service de nos concitoyens, ajouta-t-il avec une pointe d'émotion. Quand je vois servir ou se servir, ça m'accroche sérieusement. On a en face de nous, je cherchais un nom à un moment donné..." Et de révéler avec un visible contentement : "Moi, j'estime que c'est une confrérie de recalés du suffrage universel qui sont des anciens élus de la ville de Lourdes. Quand on voit les propos qu'ils tiennent et la compréhension des dossiers qu'ils ont, c'est vraiment grave pour eux. En fait, ils font de la désinformation". Il contesta le fait que le comité de vigilance ait laissé entendre qu'ils avaient voté la subvention de 5% pour la ligne d'Air-France alors qu'ils étaient contre. "On a soutenu cette démarche, avec... (moment d'hésitation), c'est sûr ça fait des sommes. On savait très bien qu'il fallait abonder dans ce sens de façon à pouvoir soutenir cette action économique. Aujourd'hui, on en fiers. Après, au terme des trois années, on verra bien".

Revenant sur les propos de Michel Rebollo et Christian Agius, le maire de Julos déclarait avec assurance : "Ils sont complètement à côté de la plaque. Ils n'ont pas une grosse formation d'élus notamment quand ils parlent du bâtiment de Cewe-Color. On ne peut laisser dire : servir ou se servir. On est loin d'avoir l'impression de se servir bien au contraire. Cet engagement, il n'est peut-être pas bien apprécié de la part de nos concitoyens. Quand on regarde le nombre de travail que ça représente, je pense que ça va être de plus en plus conséquent. On est parti sur cette logique de communauté de communes avec une volonté de se développer ensemble et de créer un noyau de vie important. Ça va aller en s'amplifiant. Aujourd'hui, on sait très bien que la communauté des communes va prendre le pas sur les communes. Demain, cette communauté aura une envergure importante"

A tour de rôle, les autres vice-présidents présents (Francis Lafon-Puyo, maire de Barlest; Robert Bergero, maire d'Adé; Marcel de la Conception, maire de Paréac; Guy Vergez, maire de Loubajac) rajoutèrent une couche pour mettre en évidence tous les côtés positifs d'une communauté de communes.

Lors du cours débat qui s'est instauré, la question des indemnités est revenue sur le tapis. Pas de notre fait. On aurait pu penser que dans la suite logique de son annonce faite lors du dernier conseil communautaire où il avait dit que les vice-présidents avaient renoncé à leurs indemnités en 2003, Georges Castres, le responsable des finances, annoncerait royalement un nouveau sacrifice sur ce plan-là. Que nenni ! Pour justifier les 3500 F ou 3800 F mensuels octroyés à chaque vice-président (ils sont neuf en tout), le maire de Julos a comparé le plus sérieusement du monde "les indemnités attribuées aux parlementaires européens qui ne vont à Bruxelles que deux à trois fois par mois pour 45 000 balles et le travail beaucoup plus assidu des vice-présidents de la CCPL pour 3500 F par mois" (sic). On a l'impression que cette CCPL fait perdre à certains le sens des réalités ! Leur ego va-t-il éclater ?

Dans un prochain article, nous reviendrons sur les échanges que nous avons eus hier avec certains élus. Visiblement, notre collaboratrice Sophie leur fait tourner la tête ! Nous nous livrerons à un jeu de questions-réponses promis, on le subodore, à un joli succès. Cela permettra aux internautes de voir où se situent les gens qui manquent de respect. Ils ne sont pas toujours du côté où on veut bien le laisser croire.

Gérard Merriot