NON AUX CENTRES DE MAGASINS D’USINES

Le Syndicat Départemental des Associations et Syndicats de Commerçants des Hautes-Pyrénées, présidé par Jacques Barzu prend position contre le projet de centre de magasins d'usines à Saint-­Laurent-de-Neste. Il vient de publier le communiqué suivant " Non aux centres de magasins d'usines : L'activité économique et commerciale du département en danger ":

" On assiste depuis quelque temps à la prolifération, au niveau national et régional, de projets de méga-structures commerciales, en particulier, sur le département des Hautes-Pyrénées, sur la Commune de Saint-Laurent-de-Neste où est envisagée la création d'un centre de boutiques de marques et de fabricants, comprenant 66 boutiques (10 400 m2) au démarrage, et 130 à terme.

QU'EST CE QU'UN CENTRE DE MAGASINS D'USINES ?

Ce nouveau type de distribution ne s'implante plus dans des villes à tradition industrielle du textile, de la chaussure ou du linge de maison (Troyes, Romans, Roubaix, Cholet), mais sur des sites en bordure d'autoroutes, dans des zones faiblement peuplées, sans équipement commercial. L'objectif est de drainer toute une clientèle résidant dans un rayon de 200 à 300 km, et spécifiquement dans notre région, de capter le tourisme lié au ski, au thermalisme, aux pèlerinages.

Le concept de distribution qui est proposé consiste en de grands équipements commerciaux, initiés et exploités par des investisseurs et promoteurs immobiliers, généralement étrangers et souvent anglais, construits avec des capitaux provenant de ces pays (banques, fonds de pension) déclarant regrouper des boutiques de fabricants ou magasins de marques dans lesquels les consommateurs sont censés pouvoir accéder à des produits hauts de gamme, voire de luxe, à des prix minorés.

En réalité il s'agit d' " hyper solderies " permanentes où les produits de marques sont proposés aux consommateurs dans des centres par des pseudo fabricants ou plutôt mandataires importateurs.

QUELLES CONSÉQUENCES POUR LE COMMERCE ET L'ARTISANAT ?

Dans notre département rural où l'activité commerciale et artisanale est essentiellement fondée sur une multitude de très petites entreprises (T.P.E.), les conséquences seront ravageuses et irréversibles. II est aisé d'imaginer les effets négatifs sur le chiffre d'affaires et les emplois salariés et non salariés de nos entreprises. Nous savons maintenant qu'un emploi (souvent précaire) créé dans ces structures, génère la perte de quatre emplois dans une zone de 200 km autour de ces centres. Il a été constaté que 78% des consommateurs des magasins d'usines sont issus de la clientèle des boutiques de centre ville. Ainsi, le centre ville de Troyes (62 000 habitants) a perdu plus de commerces que d'autres villes, l'arrivée de magasins d'usines a entraîné sur 8 ans la disparition de 156 magasins sur l'agglomération, dont 119 en équipement de la personne. Pendant la même période, le département de l'Aube (292 000 habitants) perdait 48% des commerces de secteur d'activité.

POUR LA SAUVEGARDE DU COMMERCE DE PROXIMITÉ ET LA QUALITÉ DE VIE

A l'heure où le développement durable est érigé en priorité nationale, où chacun s'accorde à reconnaître que le commerce de proximité est un élément indispensable pour la sécurité de nos concitoyens et un acteur de la solidarité auprès des personnes les plus fragiles, nous souhaitons interpeller les commerçants, les artisans, les élus, les responsables économiques et sociaux :

- Quelle société, quel cadre de vie, quelle solidarité, quels commerces pour demain ?

- Veut-on reproduire le drame humain vécu par les épiceries de quartiers et de centre villes, par les stations services, au moment de l'émergence des super et hypermarchés, qui va inexorablement se répéter pour les commerces du secteur d'activité de l'équipement de la personne ?

- Veut-on la suppression pure et simple du commerce indépendant de détail et son éradication définitive des centres villes, des quartiers et des villages, alors qu'il constitue un lien social et un rempart contre l'isolement des habitants, plus particulièrement nos aînés ?

- Veut-on la paupérisation générale des acteurs économiques traditionnels au bénéfice de sociétés de capitaux étrangers dont les profits proviennent davantage de la rentabilité des capitaux que de l'action de produire ou de commercer ?

- Veut-on la négation de la valeur des hommes qui exercent des métiers de la production et du commerce pour la seule rentabilité boursière ?

Pour notre Syndicat, l'arrivée de ces grands centres et de cette nouvelle forme totalitaire de distribution met, une nouvelle fois en danger, la qualité de vie de nos concitoyens ainsi que le maillage commercial, artisanal et touristique des centres villes et centres bourgs de notre département et des départements voisins.

Toutes nos actions seront menées de façon à ce qu'aucun élu ni responsable politique, aucun responsable socio-économique ne puisse un jour prétendre qu'il n'était pas informé des méfaits et du drame qu'engendrera ce projet ".

Jacques Barzu
Président Départemental; Michel Artigues,Syndicat des Bouchers; Nicole Boyer, Syndicat de Lourdes; Stéphanie Brau•Nogué, Association Bagnères; Jean‑Luc Castells, Syndicat des Brocanteurs; Alain Galles, Syndicat des Boulangers; Michel Garnier, Association Tarbes Shopping; Louis-François Guinguené, commerces Souvenirs Lourdes; Christophe Gritli, association Arreau; Valérie Lamora, Association Tarbes Shopping; Guy Latrille, association La Mongie; Nicole Mengelatte, Collectif Argelès‑Gazost; Gérard Le Kvern, Syndicat des Non Sédentaires; Pierre Palmer, Syndicat Fruits et Légumes