Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense,
évoque le reclassement des personnels du Giat

Invitée ce soir (NDLR. 3 décembre 2003) de Jean-Luc Séguilhon sur LCI, Michèle Alliot-Marie a été amenée à donner des précisions sur le dossier du Giat. Elle a rappelé en préambule que malgré les restructurations faites, Giat avait coûté 4 milliards d’euros aux contribuables français, au cours des dix dernières années.  "Quand je suis arrivée dans ce ministère, a-t-elle enchaîné, certains me conseillaient de faire disparaître Giat, de le démanteler, d’autant que l’entreprise arrivait au bout de son plan de charge, constitué essentiellement par le char Leclerc qui représentait 70% des commandes. On savait que ça se terminait en 2005. Personne n’avait eu le courage, il faut bien le souligner, jusqu’à ce que nous arrivions, de dire : "Il n’y a plus de commandes, par conséquent il faut essayer de créer un nouveau Giat, dimensionné aux possibilités". On risquait de voir disparaître cette industrie. Nous ne l’avons pas voulu. Ce qui voulait dire qu’il fallait faire effectivement une restructuration importante avec un vrai projet industriel, reposant sur des choix solides. Grâce à la loi de programmation militaire, nous garantissons à Giat de l’activité, pour les 10-15 ans à venir et probablement au-delà ».

Y a-t-il des éléments nouveaux s’agissant du plan de charge ?

"Sur le plan de charge proprement dit, précise MAM,  après avoir regardé les propositions des experts des syndicats, nous avons rajouté un certain nombre de commandes supplémentaires qui vont notamment permettre de garder 250 personnes de plus. Ce qui était important. Mais au-delà de ça, les contacts que j’ai eus  me montrent qu’un Giat avec les savoir-faire tout à fait remarquables de ses personnels, avec  cette fois-ci une situation saine, ce qui n’était pas le cas, intéresse, pour une coopération, un certain nombre d’autres industries européennes. Le nouveau Giat que nous proposons va être de même nature et avec les mêmes perspectives, le même avenir possible que les autres grandes entreprises d’armements terrestres européennes, qu’elles soient anglaises ou allemandes".

Comment la ministre va-telle convaincre les organisations syndicales du bien fondé de sa position alors qu’elles ne sont pas satisfaites du plan social ?

"Il est évident, relève la ministre, que ce plan industriel entraîne un réajustement des personnels, ce qu’on n’avait pas eu le courage de faire avant alors que si on l’avait fait il y a plusieurs années ça aurait pu se faire beaucoup plus en douceur et être mieux géré dans le temps, mieux étalé, avec moins de difficulté pour les personnels : ceux qui allaient rester dans l’entreprise, qui , eux, ont de vraies perspectives ; les autres selon leurs statuts, ont des propositions de reclassement qui leur sont faites. Tous les fonctionnaires, je les reprends au ministère de la Défense. Tous les ouvriers sous-décret, avec un statut particulier, se voient offrir plusieurs possibilités dans d’autres administrations ou dans mon administration. Les ouvriers sous convention collective se voient aussi offrir des propositions. Nous allons voir. Il y a un jugement puisqu’il y a eu un recours par les syndicats, sur le plan social uniquement. Nous allons voir s’il y des ajustements ou confirmation du plan. Je dirai que c’est de l’intérêt des salariés aussi de faire en sorte que les discussions aboutissent à quelque chose qui permettra à chacun de retrouver une activité. C’est notre volonté. C’est pour ça d’ailleurs aussi que sur le plan de l’aménagement du territoire, nous avons pris des mesures qui permettront  aux collectivités territoriales qui voient supprimer une partie de l’activité de Giat, d’avoir d’autres activités. On a déjà amené  de nouvelles entreprises par exemple à Roanne, à Tulle, à Cusset ou à Tarbes".