Sécurité routière à Tarbes :

journée pour apprendre à « mieux se conduire »

 

 

Qui doit mieux se conduire ?

Une question qui implique trois catégories d’acteurs : conducteurs de véhicules (cycles et motocycles, automobiles et bus), les piétons et la police nationale et deux catégories d’acteurs décisionnels : l’Etat et les collectivités locales (Tarbes et Grand Tarbes).

 

Jeudi matin, place de Verdun, il y avait du monde pour tenter d’expliquer et sensibiliser les automobilistes : Monsieur Montoya de la Préfecture et Antoinette Castellot, adjointe au Maire de Tarbes, chargée des Déplacements urbains, des Transports, du Stationnement et de la Circulation, qui n’hésite pas à monter au créneau comme en témoigne les photos.

 

Des automobilistes souvent déroutants malgré la présence de la police dont on peut s’interroger sur l’efficacité et l’autorité qu’elle peut avoir…. Peut-être que des copains passent… Qui sait ? Toujours est-il que les voitures ne se préoccupent pas beaucoup des piétons. Les bus du Grand Tarbes non plus (voir la photo). Un handicapé traverse. La circulation est arrêtée. Qu’à cela ne tienne, un automobiliste manifestement pressé klaxonne. Le piéton doit se bouger…. Un  jeune dans son bolide ? Eh bien non ! Un « vieux » manifestement retraité. Une fois arrêté nous dirons qu’il saluait bruyamment le policier en faction.

Ça existe des PV pour klaxonner de manière intempestive en ville ? Il doit être plus facile d’aligner les stationnements aux horaires dépassés (au passage, achetez un « Piaf » c’est moins contraignant que l’horodateur)

 

Comme nous l’explique Monsieur Montoya, c’est « la journée du partage. La rue est un espace partagé ». La formule est belle, mais partagé entre qui et qui ?

Ce matin en passant devant le Lycée Jean Dupuy, un groupe de jeunes se prélasse sur le passage piéton dit « protégé ». Ils discutent, fument une « clope », plaisantent entre camarades… très cool, trop cool… l’espace est à eux. Ils sont dans leur droit sur ces zébrures au sol. Ils l’utilisent ce droit ! L’automobiliste n’a rien à dire ! Et comme le dit la Charte de bonne conduite, « je garde mon sang froid en toutes circonstances et ne m’énerve pas au volant… » . Surtout pas !

 

Mais que fait cette mère de famille « hors des clous » rue du Régiment de Bigorre avec sa gamine dans une poussette ? Elle sort de sa voiture, devient piétonne (et oui, elle change de « statut » comme on dit dans l’administration) pour aller chercher son ticket à l’horodateur juste en face mais de l’autre côté de la rue… si elle devait passer au passage piétons, elle risquerait de mettre trop de temps et un « flic » serait capable de la « douiller » pendant ce temps. Si, si, ça existe… j’en suis témoin ! Il faut savoir que deux passages protégés doivent être distants d’au moins 50 m, mais tout le monde ne fait pas de la course à pied.

 

Autres questions : l’ergonomie des passages est-il bien adapté à l’usage des piétons ? Les horodateurs sont-ils bien positionnés par rapport à toutes les contraintes des usagers de la rue ? Pour Antoinette Castellot,  «l’implantation des passages protégés est soumise à des règles précises tenant compte de la distance entre chaque passage et de la visibilité autant pour l’automobiliste que pour le piéton » mais elle admet que le système est perfectible. Si Tarbes a le taux d’accident le plus élevé du département c’est parce que « c’est la ville la plus importante et il n’y a pas que les Tarbais ».

Il est vrai que lorsque nous venons de l’extérieur de Tarbes il faut déjà apprendre le « sémaphore » particulier de certains policiers qui semble être différent de celui de la Gendarmerie. Et puis, celui, parfois intempestif des sorties d’écoles sans parler de certains carrefours comme au Prado où on ne sait plus à quel Saint se vouer : le feu tricolore, le feu du passage piétons, la réalité des passages de voitures ? Car, de toute manière, il y a toujours des véhicules en circulation qui eux-mêmes ne savent plus qui doit faire quoi. L’idéal pour le piéton étant parfois de traverser en deux temps… ou de suivre son instinct animal de survie.

 

On nous dira toujours que l’automobiliste doit de toute manière et en toutes circonstances « anticiper la réaction du piéton et adapter sa vitesse ». Exact, mais parfois, trop c’est trop et il faudra peut-être trouver d’autres excuses en cessant de jouer comme dans une cour de récréation à qui perd gagne… « non c’est pas moi, c’est l’autre ». Nous pourrions aussi parler des trottoirs sales, de l’absence de trottoirs, de trottoirs encombrés, etc…

 

Espérons que cette journée aura permis aux acteurs et aux observateurs de faire le point de la situation pour se mettre autour d’une table et trouver des solutions adaptées afin que Tarbes ne soit plus la dernière de la classe dans l’accidentologie piétonne.

 

Le sourire, la courtoisie, le sang froid, le respect des autres, etc… toutes les bonnes intentions de la Charte sont très fortement recommandées mais ne suffisent pas malgré les très gros efforts d’aménagements réalisés ces dernières années dont nous reparlerons certainement.

 

A visiter :

 

Accidentologie piétonne à Tarbes

En 5 ans, de 2001 à 2005 inclus, 151 piétons ont été victimes d’un accident de la route à Tarbes.

 

 

Louis Dollo

 Mis en ligne vendredi 14 avril 2006 - 8h00