Séisme à Lourdes :
Importantes destructions, nombreuses victimes (exercice)

 

Ce matin, vers 8h, un séisme d’une magnitude de 6,2 sur l’échelle de Richter s’est produit sur Lourdes et la région notamment la vallée des Gaves. 15 000 personnes sont à évacuer. Des hôtels et autres habitations sont effondrés. Même chose dans des villages.

 

Dès 8h30, la cellule de crise est en place à la Préfecture de Tarbes. Le Préfet donne ses instructions… évacuation des rescapés de Lourdes vers Tarbes et acheminement des secours par Montgaillard…. Ça ne marche pas, il faut changer. L’aéroport est opérationnel et des secours y arrivent. Ils peuvent se rendre rapidement à Lourdes par Adé… une reconnaissance du service des routes et… le pont sur le chemin de fer est fragilisé. Il faudra le remplacer. L’armée propose un pont Bailey 100 m, ça suffira ? Le génie militaire est en route.

 

11h, la liste des victimes s’allonge. On compte déjà 110 morts et une centaine de disparus. 95 blessés en urgence absolue et 360 en urgence relative. 7200 personnes sans abri. 800 immeubles en mauvais état et 500 effondrés…. Le nombre change à tout moment. Le SAMU est en première ligne avec les pompiers. L’hôpital de Lourdes peut accueillir des blessés d’autres sont transportés vers Tarbes.

Cela ne suffit pas…

Des moyens sont mis en place sur le stade Béguère, vers l’Auxilium…

Le préfet réquisitionne des palettes d’eau qui peuvent être trouvées sur place. Celles des supermarchés de Tarbes sont réquisitionnées et transportées par des camions militaires. « Prévoyez du personnel pour distribuer et qu’il n’y ait pas de bagarre » dit le Préfet. Des moyens médicaux du Gers sont mis à disposition. 200 groupes électrogènes partent de Bordeaux.

 

50 gendarmes et policiers partent de Tarbes sur Lourdes pour éviter les pillages en attendant l’arrivée de renforts extérieurs. Les gendarmes mobiles vont partir. Le périmètre sinistré est bouclé. La presse est autorisée à se rendre sur les lieux

 

La sous-préfète d’Argeles a pu rejoindre le maire de Lourdes à la mairie qui semble relativement épargnée. Elle assure l’information avec la presse. Une habituée…  des grands événements avec le Pape, la tempête… cette fois un séisme. La presse… Il y a toujours des journalistes sur les lieux. Au moins les locaux. Ils peuvent faire librement leur travail d’information sans gêner les secours.

 

Les tentes, représentant 4000 places, ne seront pas pour les sinistrés de Lourdes mais iront dans les villages de la vallée afin d’éviter que la population ne descende vers Lourdes chercher un abri. Pour les 15 000 sinistrés de Lourdes, on découvre 19 000 places dans les établissements scolaires de Tarbes qui  doivent être vidés pour midi. Les pensionnaires doivent partir chez eux… Du moins pour ceux qui le peuvent…Une centaine de bus sont réquisitionnés pour le transport. Où partent les élèves ? Où sont les parents ? Encore un problème à régler

 

La Croix Rouge arrive à son tour pour mettre ses moyens en bénévoles à disposition. Même chose pour la Sécurité Civile.

 

Coup de théâtre ! Un éboulement ou glissement de terrain isole la vallée des Gaves. Un barrage naturel se forme sur le Gave et pourrait menacer Lourdes d’inondation s’il venait à céder. Il faut évacuer le bas de Lourdes et prévoir des pompes pour réduire la quantité d’eau retenue. A priori, à midi, les barrages d’altitude n’ont pas cédé. Aucune information sur leur état.

 

Beaucoup d’animation dans ce PC de la Préfecture qui centralise toutes les informations, règle tous les problèmes. Un Préfet très présent, au courant de tout, prend toutes les décisions. De la fébrilité mais aussi de la sérénité et beaucoup de professionnalisme chez tout le monde. Beaucoup d’implication de tous les acteurs qui apprennent à travailler ensemble sur un autre événement que la venue du Pape à Lourdes ou une tempête.

 

Bien sûr, tout ceci n’est qu’un exercice. Du moins aujourd’hui. Car l’idée d’un séisme de cette importance n’est pas à écarter. Au 17ème siècle, des villages de la périphérie de Lourdes ont été rayés de la carte. Autant tout prévoir….

 

Réplique du séisme sur la région de Lourdes
Une réplique s'est produite à 13h15, suite au séisme de magnitude 6 sur l'échelle de Richter,
survenu ce mercredi 22 avril à 8 heures. Cette réplique de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter, mesurée
par le réseau national de surveillance sismique a été ressentie dans la région sud/sud-est de Lourdes.
Cette nouvelle secousse sismique aurait entraîné de nouvelles victimes, principalement parmi les
secouristes et les forces de l'ordre. De nombreux dégâts ont été constatés sur les bâtiments déjà endommagés.

 

Séisme : les suites d’une réplique

Edwige Israël, Présidente de la Protection Civile et Gilles Broto, responsable des opérations s’installent avec Serge Pérez, Président de la Croix Rouge de Tarbes et Florent Bonnin. Leur rôle ? Recenser et mettre à disposition leurs moyens humains et matériels au niveau local, départemental et national. Il faut des tentes équipées avec des moyens de couchage, une structure d’accueil pour nourrir et réconforter les sinistrés. Il faut aussi des secouristes compétents avec des moyens techniques et de transport…
Ordinateurs branchés, tous ces organismes disposent de l’Intranet pour rentrer en contact avec leurs antennes respectives à tous les niveaux. Pas évident d’accueillir en quelques heures 10 000 à 20 000 personnes démunies et traumatisées.

Le Secours Catholique arrive sur les lieux. Sa mission ? Monter des cellules d’écoute et d’aide psychologique. Il fallait y penser. Ce sont à 90% des pèlerins venant de tous pays avec des langues différentes…

Ça y est, Serge Pérez, de la Croix Rouge, vient de trouver 5000 places de tentes « équipées ». Il faut les acheminer, pas seulement sur Lourdes et Tarbes mais aussi sur les vallées des Gaves où il y a de nombreux blessés et sans abri. Il faut des secouristes… Serge Pérez en mobilise une cinquantaine sur le département avec le matériel Croix Rouge. Ils seront en place entre 3 et 12h selon les possibilités d’acheminement. D’autres viendront de la région et de toute la France dans les 24 à 48h… ne serait-ce que pour prendre la relève.

Et la gare de Lourdes est totalement détruite. Les sanctuaires ? On ne sait pas exactement mais on ne compte pas dessus. La basilique Saint Pie X… pas évident d’oser y séjourner alors que des répliques peuvent arriver. C’est ce qui se passe à 13h15. Pas de vague au Centre Opérationnel de la Préfecture. Tout le monde reste pro. Des blessés parmi les secouristes… il fallait s’en douter mais le travail se poursuit. Les écoles de Tarbes se remplissent de sinistrés lourdais. Heureusement, le bâtiment de l’hôpital de Lourdes est plus résistant que la gare (dans le scénario ! Pour la réalité, il faudra un vrai séisme pour savoir)

On a besoin d’eau. Plus rien ne fonctionne à Lourdes. Les eaux de la Barousse sont d’une qualité mais aussi d’une efficacité précieuse. Les entrepôts de Sarp sont vidés. Tout le stock en attente est chargé sur des camions et l’usine d’embouteillage de Ferrère accélère le travail pour produire encore plus et ravitailler les sinistrés. La source est bonne !

Il faut encore des tentes. C’est Paris qui a trouvé la solution avec la Société Trigano, fabriquant bien connu. 10 000 places de tentes seront acheminées pour ce soir. L’aéroport d’Ossun devient une vraie plateforme logistique. Heureusement qu’il est en ordre de marche sinon… ce serait Pau ou Toulouse et là les délais d’acheminement seraient encore plus longs.

Pour les vallées, les hélicoptères font la ronde. Mais aussi sur Lourdes pour les blessés, l’acheminement rapide d’hommes et de matériel. Ce matin, il n’y avait que deux hélicos (Gendarmerie et Sécurité civile), cet après midi ils ne sont pas moins de 31. Des hélicos de l’armée, de la gendarmerie, de la Sécurité civile, d’EDF et d’entreprises privées se sont mobilisés. Les 200 groupes électrogènes arrivent mais toutes les lignes électriques sont à terre. Plus d’électricité, plus de téléphone sauf le réseau satellitaire.

Tous les moyens se mettent en place en fin d’après midi. La Ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot Marie entre en vidéo conférence avec la Préfecture pour faire le point de la situation. Les médias sont alimentés en communiqués pour tenir la population informée via les radios, la TV et… Tarbes et Lourdes-Infos.

Quelles leçons tirer de cette journée de folie (de la bonne folie) hormis le fait que, ce soir, tout le monde couchera sous un toit avec des couvertures ?

Pour le Préfet, il y a eu « une forte et totale mobilisation des services ». On aurait cru que c’était du « vrai » tellement l’implication était totale. Mais il en tire aussi des leçons techniques. Au cours de cet exercice il a été fait des choix qui seront, à l’avenir, retenus. Exemples : l’acheminement des secours par la N 21 et l’évacuation des sinistrés par Montgaillard, le logement des sinistrés sur Tarbes dans des structures en dur et l’acheminement de tentes vers les vallées, la parfaite coopération avec la mairie de Lourdes, etc… et de nombreux petits détails qui ont tous leur importance et qui seront examinés plus en détail par les services et tous les partenaires.

Pour Tarbes/Lourdes-infos, il faudra s’interroger sur le rôle que peuvent jouer les médias du Web. Des messages radio c’est bien. Mais en dehors de la voiture, qui, de nos jours, se balade avec son transistor à l’oreille ? Il faut peut-être s’orienter vers les téléphones portables équipés de Web alors qu’il était demandé de ne pas les utiliser pour laisser les réseaux libres.

Mais dans la réalité, Lourdes-Infos n’aurait pas existé. Gérard Merriot aurait sombré sous les décombres de sa maison, scotché au clavier de son ordinateur privé d’alimentation électrique et de ligne téléphonique conservant le code d’accès dans sa mémoire d’humain faute de pouvoir accéder à la mémoire virtuelle de sa machine. C’est dans ces moments de solitude que l’on regrette les amis… Il faudra donc trouver autre chose… beaucoup de publicité pour acheter des portables et connexions satellitaires… Quel business !

Prochaine catastrophe : la rupture d’un barrage !

Louis Dollo

(NDLR (GM). On aurait bien aimé avoir le sentiment du maire de Lourdes après cette simulation de séisme concernant tout de même sa ville. Visiblement, il n'a pas eu le temps de livrer son commentaire à Louis Dollo. Tout comme il a oublié de répondre au message que nous lui avons laissé sur son téléphone portable, ne daignant pas ensuite nous contacter comme nous lui avions demandé. Ce sera pour nous la seule fausse note de la journée. Quant à sa réaction, peut-être l'a-t-il réservée à qui l'on sait ! Nous le verrons bien...

 

 

 

Texte et Photos Louis Dollo (Actualisé et mise en ligne mercredi 22 avril 2009-23h00)

Photos Louis Dollo et Josiane Perez
Mis en ligne mercredi 22 avril 2009-15h50