Le
Pyrénéen Pierre REMY : Champion de France
parapente
« un podium qui
fait rester libre comme l’air »
Douze ans après, après Didier Exiga, un Pyrénéen rafle le titre de Champion de France
Parapente, aux Alpins. Il s’agit
de l’Argelésien Pierre REMY qui vient d’être sacré à ce titre sur les
sommets de Val Louron, devant
120 pilotes parmi les meilleurs, au terme de 4 manches. Ce Pyrénéen
a fait donc s’incliner les grands noms du milieu de la FFVL (Fédération
Française de Vol Libre) : les Caron, Cazaux,
Spingler, … . «Au-delà
du podium, c’est un geste d’amour et de reconnaissance que je devais
à mes sommets pyrénéens qui m’ont regardé grandir » nous dit-il.
Pierre
REMY a 23 ans, un tempérament de feu, la maturité, la sagesse, … et
le caractère sportivement concentré de son père. Celui-ci, parapentiste
aussi, l’accompagne depuis 9
ans dans son parcours de compétiteur. Pierre n’a rien du « prise de tête » : tout rayonne
avec lui, dans la simplicité
et dans la mesure des efforts à fournir jusqu’à y investir l’intégralité
de son salaire de charpentier. Autant dire qu’il faut des sacrifices
pour gravir les marches du podium du Championnat !
Des sacrifices indispensables lorsque le temps et les moyens
de s’entraîner font défaut à
ceux qui n’ont pu intégrer l’équipe
de France.
Son
entraîneur, Laurent Chamerat, de la Ligue Midi Pyrénées
en conviendra : « Pour devenir champion, il faut un cadre
stable : repéré en 2001, à
l’âge de 14 ans, par Germain
Avila, du Vol Libre Bigourdan, nous avions observé une stabilité familiale, et par la suite, tout un univers constant qui
l’entoure : un métier, un travail, une famille. Tout cela lui a
garanti la maturité sportive qui fait, systématiquement, avec les Espoirs, les champions. »
Interview :
Comment
devient-on champion ?
P.R : « Pas par hasard,
il faut se fixer des objectifs, maîtriser
des émotions. A 14 ans, on fait l’apprentissage, à 23 ans, il est temps
de s’affirmer. La règle est de rester dans la constance et dans le peloton
de tête. Il faut garder le feu sacré,
apprivoiser le destin, surmonter les échecs et ne jamais dormir
sur ses lauriers. Etre héros de sa propre existence pour être dans les
lois du sport, toujours en phase de réussite et d’épanouissement. »
C’est
très philosophique. Mais y a t-il une astuce ou un secret ?
PR : « Très certainement,
les secrets de la volonté et de la ténacité sans jamais écarter que
le sport que l’on pratique est celui que l’on aime…Il faut créer une
stratégie, choisir des options, faire travailler sa tête pour dominer
l’aérologie, par exemple. Réussir, c’est engendrer sa propre réussite :
il faut se connaître, appréhender ses propres limites, les dépasser
pour obtenir le meilleur de soi même. »
Quels
conseils donneriez-vous aux autres concurrents ?
PR : « Celui de continuer
à se faire plaisir. Et, si aujourd’hui,
leur performance les a laissés au bord du podium, leur exploit,
durant ce championnat n’en est pas moins valorisant. À défaut de les
grandir sur la plus haute marche du podium, ils sont tout simplement
des champions de l’amitié et de l’esprit parapentiste ».
Quel
sera votre parcours futur ?
PR : « La Coupe du Monde
est un rendez-vous, bien sûr,… c’est dans la
continuité. Mais surtout
voler pour me faire plaisir. Porter haut et fort les couleurs
des Pyrénées pour les valoriser parce qu’elles le méritent et qu’elles
en ont besoin »
Au
niveau des sponsors, avez-vous été aidé, allez-vous l’être »
PR : « Tous les sports ont
un coût non négligeable. Nous,
les compétiteurs, sommes obligés d’être attentifs aux sponsors. Pour
ma part, le Conseil Général des Hautes Pyrénées, mon club Vol Libre
Bigourdan de Campan, et la Ligue FFVL m’ont aidé. Mais, j’ai avant tout,
un contrat moral avec mon pays : celui de faire de nos Pyrénées,
des montagnes à part entière, avec des thermiques bien spécifiques.
Les Alpins savent bien de quoi je parle, ils y ont galéré !
Mais, s’il faut gérer cet aspect financier dans le sport de haut
niveau, j’entends rester
maître de mes choix. » Libre comme l’Air.
Recueilli
par Aurélie JOLY |