Dis, Papé, c’est quoi cette bête ?

 

Et le Papé bien ennuyé pour répondre à son petit fils au sujet d’une bête qui se promène quelque part au-dessus de Luz. On nous fera sans doute encore le coup du chien errant à plus de 2000 m d’altitude en plein hiver avec de la neige. Une habitude…. Ce qui est sûr c’est que c’est une bête que le Papé n’a jamais vu dans le quartier.

 

  • « Mais c’est quoi ? » insiste l’enfant.
  • « Tu sais,  plusieurs l’ont vu. D’autres ne font qu’en parler. D’autres ne disent rien. Et comme d’habitude personne ne sait rien. Mais à force il doit bien se passer quelque chose ».
  • « Qu’est ce qui se passe Papé ?
  • « Il y a des bêtes qui disparaissent. On ne sait pas comment. Le 19 septembre 2006, dans la vallée d’Ossoue, trois brebis à Sylvain sont mortes. Les spécialistes sont allés voir. Ils ne savent pas ce que c’est. En septembre 2007, une centaine de brebis disparaissent entre Saugué et l’Ardiden.  On ne sait ce qu’elles sont devenues. Ils ont même cherché avec un hélicoptère. Mais rien. A l’automne dernier, encore une vingtaine et des chèvres de Joan d’Agnouède. Et plus rien. Aucune trace. »
  • « Mais, Papé, c’est peut-être l’ours ? »
  • « Non, les spécialistes ont dit que non. »
  • « Tu crois, papé, que les spécialistes savent tout ? »
  • « Oui, ils savent tout. Ils sont payés pour ça et ils ont fait des études. Pas nous. Donc ce sont eux qui ont raison. »
  • « Mais, Papé, il y en a qui disent à Luz , qu’ils ont vu une bête »
  • « Oui. Ils ont vu une bête. Ils disent qu’ils étaient à deux cents mètres. La bête avait la forme d'un chien, très poilu, qui s'échappe très vite à leurs cris... L’autre dimanche, en descendant à ski de La Pourtère de l’Homme. Ils se sont arrêtés au-dessus des ruines de la cabane de Qieu vers 2100 mètres pour casser la croûte. Puis en descendant vers les Pales ils voient la bête qui va se réfugier vers le Cavalier". »
  • « Papé, est-ce que c’est la première fois qu’on la voit la bête ? »
  • « Oh ! que non. Ils sont plusieurs à l’avoir vu et toujours la même description. Déjà à Pâques 2002, Miqueu d’Esquièze en avait vu une à la cabane d’Aguila au-dessus d’Héas. Quelques jours avant, c’est le conducteur d’une dameuse de Piau qui en avait vu 6 ou 7 à la Chapelle des Templiers. Où sont-elles passées celles-là ? On ne le saura jamais. En 2006, un guide de Haute montagne que nous connaissons tous ici, a vu une bête dans la vallée d’Ossoue, dans le Parc National. Il a été dit qu’il avait mal vu. On ne saura jamais rien»
  • « Mais Papé, pourquoi on ne le saura jamais ? »
  • « Parce que depuis 20 ans c’est comme ça. Tout est caché. On ne dit pas la vérité. C’est un secret. Ils cherchent à nous tromper. Cela a été comme ça en 2000 lorsque Néré est venu attaquer  sur une estive puis à Bolou. Beaucoup de brebis sont mortes parce qu’on  ne nous a rien dit. Même chose en 2003 sur Chèze, Saligos, Viey et Sers. C’était même comique. Les grands spécialistes de l’ours pensaient qu’il s’agissait d’un jeune ours qu’ils ne connaissaient pas Ils l’avaient baptisé Luz. Pour le capturer, ils ont mis une bonne dose d’anesthésiant pour un ours jeune et costaud. Et là, surprise. C’était le vieux Papillon. Il a fini par mourir. »
  • « Tu es sûr, Papé, que ce sont des spécialistes pour se tromper comme ça ? »
  • « Oui je suis sûr. Ils ont fait des études. Ils font des rapports aux Ministres et ils écrivent des livres. Tu sais, quand ils sont allés en choisir 5 pour les ramener chez nous, ce sont ces spécialistes qui y sont allés. Ils en ont même ramené une de 7 ans et en fait elle avait 17 ans. »
  • « S’ils se trompent comme ça, Papé, ce ne sont pas des spécialistes. »
  • « Si ce sont des spécialistes. Ils sont payés pour ça par l’Etat. Ils ont le droit de se tromper. Ils disent tous que l’erreur est humaine. Moi je ne suis pas un spécialiste. Je n’ai pas fait d’études. Quand je vais au marché acheter une vache ou un bélier, je n’ai pas le droit de me tromper. C’est toute la différence entre un spécialiste et un paysan. »
  • « Alors, Papé, si ce n’est pas l’ours qui fait disparaître les brebis et les chèvres, la bête que tout le monde voit sans rien dire c’est peut être le loup. »
  • « Hòu petit, sustot non ac cau pas diser, que podem fóter de nosatis »

 


La Présidente de l’ASPP 65 (Association de Défense du Patrimoine Pyrénéens des Hautes-Pyrénées) http://www.aspp65.com/  lance un appel à tous les témoins d’une rencontre passée ou future avec « une bête » qui pourrait-être une forme de canidé. Selon l’ASPP 65, « nous ne pouvons plus faire confiance comme en 2000 et 2003, nous ne devons compter que sur nous-mêmes. » Tous les témoignages seront pris pour être analysés et recoupés « afin de se forger notre propre opinion. » Ils sont à communiquer à Marie-Lise Broueilh au 06 30 36 97 52 ou par mail : marielise.broueilh@wanadoo.fr

 

Louis Dollo

Mis en ligne mercredi 11 mars 2009