Billet d'humeur n° 5

Sur la mer calméééééeeeuuu …Je chante! Le "butterfly" virevolte en tous sens sous mon crâne. Il a de la place. Non! N'y pensez pas, ce n'est pas le Fadet des Laiches, il n'est pas encore né. Il ne naîtra que le mois prochain pendant les vacances. Je suis en balade sur les bords de la Méditerranée. J'ai l'esprit en vadrouille et je repense à mon père. Il avait été, sur le croiseur "Le Montcalm", boulanger du Maréchal Joffre. Donc papa avait été marin aussi. Il avait illuminé notre enfance de récits fantastiques, y compris les somptueuses chasses au Tigre du Bengale dont sûrement il n'avait jamais fait partie.  Mais c'était si joliment raconté que nos cheveux se hérissaient lorsque le Tigre sortait des hautes herbes en feulant, poussé par des centaines de rabatteurs. Mon frère et moi connaissions tous les ports d'Alger à Vladivostok. L'Afrique du Nord, l'Égypte, la Mer rouge, l'Inde, l'Indochine, la Chine, le Japon, toutes les côtes de ces Pays nous étaient familières. La Baie d'Along, ah! La Baie d'Along…

Vous ne serez pas étonnés si dans mes rêves je me sentais à l'aise dans le costume blanc d'un amiral. Je voulais être "Commandant de la Flotte". Eh bien à force de travail et de persévérance, j'ai réalisé mon rêve. La flotte, je l'ai commandée toute ma vie, je suis devenu "plombier". J'ai même eu la chance d'armer mon propre navire et de naviguer avec. Maintenant, bâton d'amiral dans la giberne, je regarde s'écouler la vie tranquillement. Tirer une bordée de temps en temps me suffit amplement. Je ne puis passer devant la mèche sans l'allumer lorsque je sens ma petite patrie en danger.

Que voulez-vous, chacun a ses amours à défendre, moi, c'est ma Bigorre en général et Lourdes en particulier. N'ayant jamais fait serment d'allégeance à quiconque, je ne suis au service d'aucun parti politique. Le seul auquel j'adhère comme je l'ai dit  dans un précédent billet se nomme le "Pec", Parti d'Extrême Centre. Il est très difficile à situer. Je respecte les hommes quels qu'ils soient et tels qu'ils sont. Si je me bats, ce sont leurs idées ou leurs manières que je vise.

Alors, lorsque me promenant en ville l'on me dit : « Tu y as été dur sur untel.» Je réponds : « Non, d'ailleurs, je ne le nomme pas en tant que personne. Je ne parle que de quelqu'un qui fait partie de la même équipe et dont je rejette une partie de ses idées et son entier comportement vis-à-vis de l'équipe. Il récolte par écrit ce qu'il sème en paroles. En tant qu'individus, nous nous respectons, du moins je le pense. Il est venu plusieurs fois chez moi, nous y avons pris l'apéro ensemble, nous avons discuté, exposé nos idées qui déjà n'étaient pas identiques à 100%. Si nos voix montaient d'un ton quelquefois, cela se terminait toujours par une poignée de main.

Nos chemins n'ont vraiment divergé que lorsqu'il a été question de la passerelle sur la tourbière. Ça, ça m'a mis les boules. Je n'ai pas compris et ne comprend toujours pas comment un écologiste peut admettre ce sacrilège. Il doit y avoir une autre raison que je ne connais pas. Il est dommage que cette fâcherie ne tienne qu'à un seul mot. Si entre les deux batailles électorales, lorsqu'il est allé proposer ses services chez l'un des concurrents, à la place du gros non qu'on lui a soufflé à la figure, on lui eût seulement murmuré un petit oui, la donne serait changée. Nous marcherions côte à côte tels deux Gaulois irréductibles, rondache au bras et glaive dans la main. Les causes qu'il défend ardemment maintenant, il les aurait combattues furieusement alors. Nous serions partis ensemble pourfendre ces défenseurs de la nature, inconscient du gâchis qu'ils vont commettre au fond du Lac. Mais la  politique ne l'a pas voulu ainsi, il s'est alors tourné vers notre maison. Lourdes avec Vous.  La République Municipale comme se plaisait à la nommer son Président, magnanime et tolérante lui a accordé l'asile politique qu'il est venu y quérir. Et voilà que bizarrerie du destin, chacun dans une équipe différente, nous aurions marché d'un même pas vers le même but, tous les deux dans la même équipe avons eu des buts différents.

Travaillant en solitaire depuis longtemps pour la sécurité des cyclistes, j'ai été appelé avec promesse d'une aide dans mes travaux de circulation routière. J'ai fait honnêtement mon travail de colistier, et en récompense je suis devenu consultant à la commission de circulation. Monsieur circulation douce! Qu'en est-il quinze mois après? Eh bien, la circulation est tellement douce que je n'ai jamais été convoqué à la commission de circulation. (Si ! Une fois, pour le stationnement autour des Halles.) Les travaux de l'avenue Francis Lagardère et du boulevard Georges Dupierris ont été effectués  sans que l'on m'en souffle mot. Je me suis retrouvé comme d'autres enfermé dans la voie de garage rue Mermoz. Des réunions à la C.E.M.E., il y en a eu surtout au début. Il n'y a jamais été question de circulation. Elle n'a jamais été mise à l'ordre du jour. J'ai beaucoup écouté, très peu parlé et encore moins travaillé. Atome inutile dans une molécule inutile, je m'en retire sur la pointe des pieds, déçu, sans faire de bruit et sans claquer la porte afin de ne pas provoquer de réaction en chaine. Je m'étais engagé pour travailler. En chômage technique permanent, et  comme je n'ai pas l'âme d'un courtisan je n'ai rien à y faire,... Je quitte cet asile sans aucune amertume. Je ne savais pas où j'entrais, je sais maintenant d'où je sors. Une erreur de jeunesse! A 77 ans ça fait plaisir de pouvoir en faire. La reconnaître est la seule thérapie pour ne pas avoir de regrets. Au revoir les amis!       

René Delhom 

Mis en ligne mardi 16 juin 2009