Sur
deux cas douloureux Après le scandale Williamson, la lettre
du pape aux évêques Cette
lettre pathétique demande une lecture attentive. Je la résume en quelques
points. .
La levée des excommunications a suscité une discussion véhémente, dans
et hors de l’Eglise. Le cas Williamson se superposant à cette mesure,
déjà contestée par certains, en a complètement changé le sens. Comme
si le pape reniait Vatican II sur un point-clé, les relations avec le
judaïsme. Heureusement, dit le pape, les amis juifs ont vite dissipé
le malentendu. .
L’excommunication des quatre évêques ordonnés contre la volonté du pape
était une punition pour les amener à réfléchir et à revenir dans l’Eglise.
A leur demande, la levée de la punition vise le même objectif. N’importe
quel parent peut comprendre cela. .
Le problème avec .
L’histoire de l’Eglise ne s’est pas arrêtée en 1962 (1ère
session du concile Vatican II). Elle n’a pas, non plus, commencé en
1962. .
Ne nous trompons pas sur les priorités. La mission de l’Eglise est d’ouvrir
aux hommes l’accès à Dieu. L’unité interne de l’Eglise catholique en
est une des conditions de crédibilité, mais aussi l’œcuménisme, le dialogue
interreligieux et le témoignage de l’amour. .
Le tournant de la lettre réside, pour moi, dans ces quelques mots banaux :
« Mais maintenant je demande… » Dans cette seconde partie,
j’ai relevé, au moins, treize points d’interrogation. Les questions
se résument en celle-ci : fallait-il ne rien faire, laisser la
flottille lefebvriste dériver et les positions se scléroser ? C’est
le point que j’avais abordé dans l’éditorial du 5 février. .
Peut-on, a priori, dénier aux prêtres et séminaristes de cette Fraternité
la volonté de faire connaître le Christ et de l’aimer ? Que la
grande Eglise n’ait pas peur ! .
Je qualifiais plus haut cette lettre de « pathétique ». Je
cite : Parfois on a l’impression
que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver
aucune tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer
avec haine. Les Lefebvristes jouent ce rôle et le pape, parce qu’il
s’est rapproché d’eux, est atteint par cette malédiction. L’enfant du Brésil Comme
tout un chacun, j’ai été scandalisé en lisant que l’archevêque de Recife
avait excommunié une femme qui avait demandé l’avortement de sa fille,
violée constamment par son jeune beau-père et enceinte de deux jumeaux.
Le même homme avait, en plus, violé le sœur
de la fillette, handicapée mentale. Bref, l’horreur absolue et, en face,
la monstruosité de l’évêque qui, dit-on, déclare que le viol est moins
grave que l’avortement. En plus, le cardinal romain qui est en relation
avec les évêques du monde entier, s’empresse de couvrir le prélat brésilien.
Le cas paraît donc simple. En
s’informant un peu davantage, on apprend que cette affaire survient
à un moment où, au Brésil, l’extension de la loi sur l’avortement, est
en discussion. Cela nous rappelle quelque-chose. Que ce soit pour l’avortement
ou pour l’euthanasie, la tactique est de contourner le législateur par
un mouvement d’opinion. Et pour susciter le mouvement d’opinion, rien
ne vaut le cas-limite où les repères deviennent flous et où la solution
de mort paraît la seule humaine. Dans
cet affrontement sur un sujet aussi primordial, l’Eglise catholique
tient une position qui est connue. Pour ceux qui combattent cette position,
il importe donc que l’Eglise devienne ce groupe qui, comme dit le pape,
ne mérite plus aucune tolérance, à cause de son intolérance. Alors qu’il
faudrait dire des paroles nuancées mais claires, tel homme d’Eglise
risque de se laisser entraîner à des propos tellement simplistes qu’ils
sont faux, ridicules et meurtriers. Mais garder raison et trouver les
mots justes dans une tourmente médiatique entretenue n’est pas chose
facile. En
s’informant, on apprend aussi que la mère a subi de fortes pressions,
que (selon la conférence épiscopale brésilienne) elle n’a jamais été
personnellement excommuniée, que sa communauté paroissiale l’entoure,
que les avis des assistantes sociales et des conseillers municipaux
étaient partagés ou hostiles à l’avortement et qu’un lobby est intervenu
en dernière heure pour emporter la décision. Même
en ayant compris le mécanisme qui aboutit presque immanquablement à
la faute, je suis tout aussi scandalisé à la fin de l’article qu’au
début du paragraphe. Le très respectable Recteur de l’Université du
Latran, Mgr Fisichella, publie dans le journal officiel du Vatican un
article qui regrette les déclarations faites avec « tant d’urgence
et de publicité ». Quant
à moi, je regrette aussi que ce coup de Trafalgar jette le discrédit
sur ceux qui, même à contre-courant, défendent la vie ; que l’on
oublie un autre drame, les 200 000 avortements annuels en France ;
que soient oubliées dans le débat les associations, chrétiennes ou non,
qui accompagnent les femmes pour surmonter le traumatisme post-avortement ;
que l’annonce du Dieu Vivant soit rendue plus difficile alors que, comme
le rappelle le pape dans sa lettre, telle est la mission de l’Eglise.
+ Jacques Perrier évêque
de Tarbes et Lourdes |
Mis en ligne
mardi 17 mars 2009 |