Du fumier à la chienlit : le prix du lait !

 

Un peu partout en France, les producteurs de lait montrent leur mécontentement sur le prix du lait que leur payent les industriels. Pire, le prix n’étant pas fixé à la vente, ils veulent que des accords leur permettent de connaître leur prix de vente avant de le découvrir en fin de mois.

 

Hier soir, les producteurs laitiers du département se sont rendus devant la préfecture vers 22h30 pour y laisser la trace de leur état d’esprit : désaccord avec l’accord signé « sous la pression avec le Ministre qui veut être tranquille jusqu’aux élections européennes de dimanche ».  Si c’était l’objectif, c’est raté comme en témoigne le feu allumé devant les grilles de la préfecture et la tonne et demie de fumier laissé en cadeau pour le bien-être des plantes du jardin préfectoral.

 

Quel est le problème ?

Jusqu’au 31 décembre dernier, le prix était fixé entre producteurs et industriels. Cette méthode étant jugée comme une entente illicite, les accords ont donc été « cassés ». Le problème est qu’il n’existe pas de véritable concurrence pour que les producteurs vendent leur lait au plus offrant. Les industriels fixent eux-mêmes le prix après livraison par les producteurs. Une sorte de loi du plus fort avec un léger soupçon d’entente entre industriels pour faire plier les producteurs.

 

Et le consommateur ?

Pas besoin de faire de dessin : le prix au supermarché n’a pas baissé. C’est un peu comme le carburant à la pompe. Le consommateur est pris en otage autant que le producteur laitier même s’il parait que le prix à la consommation pourrait baisser… Attendons de voir !

 

Que veulent les producteurs ?

Un accord a été passé hier entre producteurs et industriels « sous la pression de Michel Barnier, ministre de l’Agriculture ». Il nous est dit que le prix serait fixé à 280 Euros la tonne (les mille litres) ce qui selon les producteurs « est en dessous du prix de revient ». Par ailleurs, ce prix reste « flottant » en fonction du type de transformation de chaque laiterie, tenant compte ainsi de la partie transformée pour la grande consommation (ce qui arrive directement chez le consommateur) et ce qui l’est pour la production industrielle tel que la poudre de lait. De cette manière, la fourchette de prix varie de 262 à 280 Euros la tonne alors que les producteurs réclament 305 Euros pour couvrir leurs charges. Quant à l’aide de 30 millions d’Euros à la filière promise par le Ministre, elle représente 0,012 Euros par litre, ce qui est dérisoire.

 

Quels sont les risques ?

Lactalis envisagerait, selon les producteurs laitiers, la fermeture d’une de leurs unités dans le Sud-Ouest si les manifestations se poursuivent, ce qui signifie, plus de collectes pour de nombreux producteurs. D’autres laiteries de la région auraient également un avenir incertain.

Face à une telle situation, le consommateur pourrait s’inquiéter pour son approvisionnement. Eh bien non ! Christian Fourcade, Président de la FDSEA 65, précise « qu’il est plus rentable d’acheter du lait dans les pays d’Europe centrale, le transformer en poudre, l’importer en France, y remettre de l’eau pour le revendre en bouteille dans nos supermarchés ». Voilà une solution inattendue pour le consommateur…. Qui ne verra jamais le prix baisser.

 

On nous parle d’économie solidaire, de Grenelle de l’environnement et de CO2 à combattre pour « sauver la planète ». Mais lorsqu’il s’agit du business du lait, toutes ces notions tombent à l’eau.

 

Quel avenir ?

Face à une telle situation, c’est la révolte chez les producteurs laitiers. Pendant des années, on leur a demandé de produire, puis de respecter des quotas… Ils ont vu les prix monter au motif de l’existence d’une pénurie puis descendre aujourd’hui sans pour autant voir le consommateur en profiter. La révolte se traduit aujourd’hui par quelques tonnes de fumier devant la Préfecture et la DDEA. Demain, on nous promet la chienlit. Les syndicats agricoles se dégagent de toutes actions, n’encadreront plus les manifestations et laisseront libre cours aux actions individuelles qu’ils ne condamneront pas. C’est la porte ouverte à tous les excès.

 

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Conseil aux jardiniers urbains

Profitez de la présence de fumier dans les rues de la ville pour vous fournir gratuitement d’un engrais de qualité et parfaitement écologique pour vos pots de fleurs ou votre jardin. Vous aiderez ainsi les services de la ville à nettoyer les rues de Tarbes. Lieux de distribution gratuite : Préfecture et DDEA, rue Lordat.

 

Louis Dollo

Lire le communiqué de la Fédération Régionale des Producteurs de lait du Sud-Ouest (164 ko; .pdf)

Préparation du feu
Solidarité avec les laitiers
Jean-Luc, JA 65, fait face au feu
Les leaders agricoles bien décidés
De l'engrais pour les plantes de la Préfecture
Fumure naturelle à la DDEA
Mis en ligne vendredi 5 juin 2009