Pourtant que l'affichette est belle,
Comment peut-on s'imaginer
Qu'elle dort fripée dans la poubelle.
Que les Verts vont se chagriner.

J'ai reçu cette affichette avec toute la joie que les amoureux de la Nature ressentent dès qu'on les invite à une manifestation où elle en est en Vedette. Alors ce samedi 16 Mai, par un temps magnifique, je me suis rendu à la Forêt de Subercarrère. J'espérais participer avec des Lourdais passionnés d'écologie et de protection de la nature à ce témoignage d'affection porté à notre patrimoine. J'arrive à la Pépinière: Personne ! Peut-être est-ce trop tôt? J'attends. Comme sœur Anne, je ne vois rien venir. C'est pourtant une journée idéale pour promener les enfants et faire de la "Pédagogie" à outrance leur montrer les beautés que recèle notre Bois de Lourdes.

Je décroche mon VTT en pensant que certainement tout ce monde est déjà parti. Je file dare-dare à leur rencontre sur la route qui mène à Rieulhes sans voir âme qui vive. Le pavillon du Roc, les bassins, tout le coin est désert. Pourtant, c'est bien aujourd'hui ? Je m'arrête à l'Arrìu-tort, Je sors l'invitation, pour m'assurer de la date, La fête de la Nature, c'est bien aujourd'hui et demain. Je continue poussé par un espoir qui s'amenuise au rythme de ma pédalée, c'est-à-dire lentement. Je monte la côte de chez Balinou et stoppe pour scruter l'horizon, rien en vue. La descente à "fond la caisse" vers la Sabline, la remontée au Pavillon du Roc me laissent les guibolles flageolantes et la tête aussi vide que la marmite à Camille lorsque nos petits enfants s'invitent à la maison. Je fais un brin de causette avec deux Dames très gentilles, elles promènent leurs Yorkshire mais n'ont rencontré aucun groupe.

Je poursuis ma quête, remonte vers l'Arrìu-tort et le chemin des Abeilles. Ils ont du monter à la Malèsse. La pente est rude, j'en boucherais un coin au copain de la commission de fleurissement qui sait très bien que je ne fais pas la différence entre un bégonia et un zinnia. Il verrait qu'en ce moment, je fais dans le Cycleàmain. Je pousse mon Percheron à pneus crampons jusqu'en haut de la piste. Comme Faust, je ne vois rien, je n'entends rien. Le chemin du Couret, puis celui d'Escoutagats me ramènent à Castet de Bern sans autre résultat. Je rentre tristement à la Pépinière, mon rythme cardiaque doit impérativement ralentir et surtout j'ai le coin des yeux qui me picote, ça doit venir de la vitesse. Aujourd'hui, il faisait trop chaud, demain matin il fera certainement meilleur et tous les amis de la Nature seront ici.

J'ai passé une mauvaise nuit. Comme le Curé de Cucugnan voyait ses ouailles tourner à la broche de Satan, je voyais plein de petits diablotins saccager les bordures fleuries des chemins de Subercarrère.
C'est avec soulagement que le me lève avec le jour. Il fait beau, il y aura du monde. Après un déjeuner amplement sustentateur, Camille mon épouse et moi-même partons le cœur léger vers la fête de la Nature. Nous passons en voiture devant la Pépinière, bon! Ils doivent tous être au Pavillon du Roc. Alors allons-y !
« Mais c'est pas possible! C'est pas possible! Mais c'est pas possible ça! »
« OH! René qu'est-ce qu'il t'arrive, tu te prends pour l'abbé Pierre maintenant? »
« Mais tu as vu? Y a "dégun", n'y a personne! »
« C'est peut-être un peu trop de bonne heure encore? »
« Tu as raison. Eh bien! On va s'avancer tranquillement, ils vont certainement nous rattraper.»

Nous voilà partis pédibus vers le chemin des Abeilles. Je vois que le cauchemar de cette nuit ne s'est pas réalisé et que les bas-côtés de la route sont toujours fleuris. La montée à la Malèsse est plus aisée sans pousser le VTT. Nous arrivons essoufflés au plaçot de la bécasse sur le chemin du Couret. Le petit sentier des crêtes ne sent pas encore la noisette, mais il est si joli. Personne, redescendons.

Notre doute se transforme en certitude au fur et à mesure que nous avançons pour rejoindre Poueylattes. La Fête de la Nature est mal placée dans le calendrier. Il ne faudrait pas la caller dans un Week-end. Une réflexion entendue maintes fois tourne dans ma tête:« Quant on a bossé toute la semaine, on a autre chose à foutre que d'aller se crotter au bois de Lourdes avec les gosses.» Bon! C'est vrai ça et il doit y avoir encore une foule de bonnes raisons qui font que chacun organise ses jours de repos ou de vacances comme il l'entend. Pourtant s'ils voyaient toutes les belles choses dont ils se passent. Tout à coup, une douce voix se manifeste dans mon oreille droite. Ce ne peut-être Camille. Non! Ce n'est pas elle. Elle se promène extasiée dix mètres devant moi.

C'est mon petit ange, celui qui a des ailes blanches. Il me chuchote:
« Fais comme Lagardère.»
« Quoi comme Lagardère?»
« S'ils ne peuvent aller à la Nature, que la Nature aille à eux.»

Et voila pourquoi je passe ma matinée (Même pas grave, je suis à la retraite, c'est-à-dire en principe, bon à … ne faire que ce que j'ai envie de faire.) à préparer ce papier sur la Fête de la Nature. Il n'y avait personne pour l'admirer, mais elle s'était mise en frais. Elle est généreuse, alors soyons comme elle, car elle mérite qu'on le sache et que nous lui en soyons reconnaissants. Mon ami Gérard Merriot me réserve toujours une petite place sur Lourdes-Infos.com, et suivant le cas, j'y vide mon miel ou mon fiel. C'est la Fête des fleurs, alors versons le miel, elles en offrent la matière première. Ces quelques photos vous en montreront plus que la platitude de mon baratin. Elles vous donneront l'envie j'en suis persuadé d'aller y faire un tour, sans bruit et face au vent.

Pensez à mettre vos déchets dans les poubelles.

(René Delhom)

Photos René Delhom
Mis en ligne vendredi 22 mai 2009