Si on élevait des kangourous

et des chameaux dans les Pyrénées

 

L’élevage d’ovins et de bovins est pris pour responsable des malheurs de la planète. Certains voudraient que la population humaine ne mange plus de viande.

 

Selon des scientifiques australiens, l’élevage de vaches et moutons produit trop de CO2 et serait mauvais pour l’environnement et donc la santé. Certains environnementalistes préconisent de manger moins de viande. Nous avons même vu des extrémistes végétariens attaquer et mettre à sac des abattoirs.

 

Hubert Reeves avait alerté….

Le 2 décembre 2007 dans le Journal de Montréal, Hubert Reeves posait la question : « Et si la nourriture que nous choisissons avait autant d’importance que les kilomètres parcourus dans notre voiture particulière ? » Et il affirmait que « Manger, c’est consommer indirectement du pétrole. Plus ou moins. Plus si nous mangeons de la viande. Et plus encore si nous optons pour les viandes rouges. » Dur de nous dire cela avant les fêtes de fin d’année de l’an dernier car il insistait en s’interrogeant « Et si nous mangions moins de viande ? » avec une réponse pour la planète mais pas pour notre estomac « Diminuer la quantité de viande des repas de la journée diminuerait les émissions de gaz à effet de serre (GES) »

Rassurons-nous, il n’a pas été suivi d’effets.

 

Les Australiens proposent un changement alimentaire
Les scientifiques australiens n’en sont pas là. Ils préconisent de manger de la viande de kangourous ou de chameaux sauvages en lieu et place du mouton et du bœuf. De quoi ravir les éleveurs… Comme Hubert Reeves, ils reconnaissent que les flatulences des bovins et des ovins contiennent du méthane et constituent une source importante des émissions de gaz à effet de serre.

 

Tout en admettant que le changement alimentaire des Australiens est difficile, Ross Garnautt estime que d'ici 2020, « le cheptel de bœufs et de moutons pourrait être réduit respectivement de 7 et de 36 millions, permettant parallèlement de voir le nombre de kangourous grimper à 240 millions, contre 34 aujourd'hui. » Voilà donc quelque chose d’intéressant pour développer la présence des espèces animales sauvages. Pourrions-nous faire la même chose avec le loup et l’ours ?

 

Le kangourou est bon pour la santé
Pour Peter
Ampt de l'Institut des études environnementales de l'université de Nouvelle-Galles-du-Sud, le Kangourou australien "est une viande pauvre en graisse, riche en protéines et qui est très saine car elle est issue d'animaux élevés en liberté". Même chose pour M. McGregor qui nous dit que "C'est une très belle viande, ça ressemble à du bœuf. Elle est maigre et excellente pour la santé". La viande d’ours a-t-elle la même qualité ? Peut-être pas.

Alors, des kangourous et des chameaux sauvages dans les Pyrénées ? Peu probable. Contrairement aux Pyrénées, l’Australie dispose de grandes étendues sauvages et de peu de prédateurs ? Le nombre de chameaux double naturellement tous les neuf ans et causent d'importantes destructions de plantes, de sources d'eau et d'animaux du désert. Quant aux kangourous, il est assez peu probable que le climat pyrénéen lui soit aussi favorable que l’australien.

Une autre solution pour les Pyrénées
Mais il y a sans doute une solution beaucoup plus simple pour la France et les Pyrénées afin de participer à la réduction des gaz à effet de serre : acheter des produits locaux. Pourquoi acheter et importer du mouton néo-zélandais alors que nous en avons dans nos montagnes ? Le bœuf et le mouton de qualité sont à notre porte. Pourquoi se priver ? Certes, la viande d’origine étrangère est moins chère que la française. Mais si nous ajoutions le coût écologique du transport, nous aurions sans doute quelques surprises. Et puis, le consommateur pourrait aussi changer ses habitudes d’achats. Acheter directement aux producteurs… tout le monde y gagnerait en prix, qualité, écologie, emploi. C’est ce qui s’appelle « faire du développement durable » que nous  rebaptisons, en regardant vers d’autres continents afin de se donner bonne conscience, « économie solidaire. »

Produire écolo dans les Pyrénées
La réduction de la facture écologique ne passe donc pas forcément par la réduction de notre consommation de viande.  Il suffit de produire de manière naturelle dans un milieu naturel et, pour ce qui nous concerne, de s’abstenir d’importer de la viande et des grands prédateurs pour relancer nos filières locales ovines et bovines. Ce serait participer au développement de la biodiversité ordinaire des animaux d’élevage en voie de disparition dans les Pyrénées tout en entretenant un espace naturel mis à mal par la déprise agricole des vallées. La France ne produit, actuellement, que 40 % de ses besoins. Nous avons donc une bonne marge de développement possible en respectant la planète car, pour rassurer Hubert Reeves, l’herbe des Pyrénées n’est pas fabriquée avec du  pétrole.

Louis Dollo

Mis en ligne vendredi 9 janvier 2009-10h33