Visite du Président de la République

Table ronde
sur l'emploi des handicapés

Après une visite à l'usine Alstom et à la Mairie de Tarbes, le Président de la République, Nicolas Sarkozy a participé à une table ronde sur l'emploi des handicapés dans une salle du 35ème Régiment d'artillerie parachutiste.

Une salle trop petite pour accueillir tous les invités, quelques bousculades pour en définitive ne rien voir, sauf pour quelques personnes privilégiées. Quelques rares handicapés en fauteuil à proximité de la table présidentielle alors qu'un d'entre eux était relégué au fond de la salle au milieu d'une foule debout qui ne se souciait pas beaucoup de sa présence. Tout ceci au nom de "la sécurité "…. Un handicapé avec des explosifs… cela aurait été une première à Tarbes.

C'est avec trois quart d'heure de retard que Jacques Argounès, responsable du service Handi-Pro, a prononcé un mot d'accueil tout en posant les problèmes qui ont " trait à la personne handicapée et à sa juste place au sein de l'entreprise. " Pour lui, " ces deux mondes sont de moins en moins étrangers l'un de l'autre, ils sont en dialogue permanent, avec l'assistance de l'Etat, et pour tout dire en situation de travailler ensemble efficacement pour le bénéfice de l'un et de l'autre et plus généralement au bénéfice de la collectivité. "

Jacques Argounès présente six témoins qui " vont nous dire comment les choses se passent ici, en Bigorre " dont trois sont des travailleurs handicapés. Ils nous ont expliqué, pour chacun d'entre eux, " leurs situations personnelles de travailleurs handicapés :

  • Comment est survenu le handicap
  • Pour deux d'entre elles, comment elles ont perdu leur emploi pour inaptitude au travail
  • Comment a commencé la traversée du désert
  • Comment s'est poursuivie la course d'obstacles alors même qu'elles étaient en extrême fragilité et que les obstacles en question - l'hôpital, les soins la souffrance - le regard de l'autre, la nécessaire réorientation professionnelle, le doute, la mésestime de soi, la recherche de moyens financiers pour vivre, la recherche d'un nouvel emploi… brouillent la visibilité, brouillent l'avenir…
  • Et enfin le retour à l'emploi
  • Et le retour à la joie de vivre comme je l'ai entendu lors de la préparation de cette journée"

Après avoir entendu les témoignages de chacun, Nicolas Sarkozy prend la parole en disant qu' "il ne s'agit pas de conclure "… C'est " une priorité du quinquennat." Pour Nicolas Sarkozy le handicap " est une question qui doit relever du chef de l'Etat… S'il n'y a pas une volonté politique, on fera des progrès mais insuffisants. "

Il note que le taux de chômage des personnes handicapées est de 17% en février 2008 alors qu'il " est de moins de 8% pour le reste des travailleurs. "… Chez les handicapés, " la diminution du chômage est plus faible et moins significative " que pour le reste du chômage.

Depuis une loi de 1987 complétée en 2005, les entreprises de plus de 20 salariés doivent employer 6% de salariés handicapés. Depuis 20 ans, la loi n'est pas appliquée puisque le taux moyen d'emplois est inférieur à 3%. Pour le Président de la République " ça ne sert à rien de faire de nouvelles lois si les anciennes ne sont pas appliquées. " Les entreprises préfèrent payer des amendes que d'embaucher des handicapés. C'est " 750 millions d'amende " qui sont encaissées chaque année. "Je trouve particulièrement choquant que certaines entreprises préfèrent payer des amendes", a dit le chef de l'État. "C'est absolument invraisemblable".

Un pacte pour l'emploi des travailleurs handicapés.
Nicolas Sarkozy annonce la préparation d'un pacte pour l'emploi des travailleurs handicapés avec deux objectifs :

    • Plus de performance en direction de l'emploi
    • Améliorer le niveau de qualification des personnes handicapées.

Revalorisation de l'allocation adultes handicapés
" Au 1er septembre, l'allocation adultes handicapés sera revalorisée, de façon à atteindre une revalorisation de 5% sur l'ensemble de l'année 2008 ", a-t-il déclaré au cours d'une table ronde sur l'insertion professionnelle des handicapés tout en précisant qu'il s'était engagé à une revalorisation de 25%, au cours de son quinquennat soit 5% par an.
Actuellement, l'AAH est à 628,10 euros par mois après une augmentation de 1,1% intervenue en janvier. L'augmentation au 1er septembre sera donc de 3,9%, " un effort très important compte tenu de la situation budgétaire de notre pays ", a insisté Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, le Président de la République critique le mode d'attribution de cette allocation qui nécessite un an de chômage préalable. Pour lui, il faut avoir "le courage de revoir les conditions de l'allocation" afin de privilégier l'accompagnement vers l'emploi. "Nous devons offrir à ces personnes d'autres perspectives qu'un revenu d'assistance", dit-il.

La Conférence nationale du handicap
La Président de la République a annoncé qu'il présidera le 10 juin prochain la Conférence nationale du handicap, où il sera présenté un plan d'action gouvernemental. En parallèle à la table ronde, la secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité, Valérie Létard a précisé que "L'objectif c'est de travailler sur les ressources des personnes handicapées, qu'elles soient aptes ou inaptes à une activité professionnelle, et de travailler sur l'insertion des personnes handicapées dans l'entreprise",

La qualification professionnelle
Nicolas Sarkozy constate que " 81% des handicapés ont un niveau BEP " ce qui est nettement insuffisant. C'est tout le problème de l'accès à l'école, de la formation professionnelle dont il est prévu de " tout revoir ", etc… Il veut créer des " passerelles entre les milieux du travail adapté et les lieux de travail ordinaires. " Nicolas Sarkozy veut l'amélioration du niveau de qualification des personnes handicapées.

Et l'administration….
Il n'a pas eu de mots tendres à l'égard de la fonction publique qu'il s'agit de l'Etat ou des collectivités territoriales. Il rappelle que l'administration, comme les entreprises privées sont également tenues d'employer au moins 6% de travailleurs handicapés. Pour lui, elle "doit donner l'exemple". Il n'est pas admissible que ceux qui ont la charge de faire respecter la loi ne la respecte pas eux-mêmes. Pour imposer cette règle des 6%, Nicolas Sarkozy a précisé que le gouvernement avait décidé de " geler l'évolution de la masse salariale des administrations qui ne s'engagent pas dans un plan pluriannuel d'embauche de personnes en situation de handicap."

En guise de conclusion provisoire…
Le Chef de l'Etat s'interroge. "Moi, je me suis souvent dis une chose : si j'étais dans un fauteuil, est-ce que j'aurais le courage de ceux que je vois ?" Et il précise que "ce n'est pas une question de charité, c'est aussi l'intérêt de la société. Vous êtes cinq millions, c'est une force de travail considérable"…. "Vous apportez beaucoup, c'est une leçon de vie et la France a besoin de ça".

 
Tarbes visite du Président Sarkozy
envoyé par tarbes-infos

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Texte : Louis Dollo
Photos : Josiane Perez et Louis Dollo