Une
salle trop petite pour accueillir tous les invités, quelques bousculades
pour en définitive ne rien voir, sauf pour quelques personnes privilégiées.
Quelques rares handicapés en fauteuil à proximité
de la table présidentielle alors qu'un d'entre eux était
relégué au fond de la salle au milieu d'une foule debout
qui ne se souciait pas beaucoup de sa présence. Tout ceci au nom
de "la sécurité "
. Un handicapé avec
des explosifs
cela aurait été une première
à Tarbes.
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C'est avec
trois quart d'heure de retard que Jacques Argounès, responsable
du service Handi-Pro, a prononcé un mot d'accueil tout
en posant les problèmes qui ont " trait à
la personne handicapée et à sa juste place au sein
de l'entreprise. " Pour lui, " ces deux mondes
sont de moins en moins étrangers l'un de l'autre, ils sont
en dialogue permanent, avec l'assistance de l'Etat, et pour tout
dire en situation de travailler ensemble efficacement pour le
bénéfice de l'un et de l'autre et plus généralement
au bénéfice de la collectivité. "
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Jacques Argounès
présente six
témoins qui " vont nous dire comment les choses
se passent ici, en Bigorre " dont trois sont des travailleurs
handicapés. Ils nous ont expliqué, pour chacun d'entre eux,
" leurs situations personnelles de travailleurs handicapés
:
- Comment est
survenu le handicap
- Pour deux d'entre
elles, comment elles ont perdu leur emploi pour inaptitude au travail
- Comment a commencé
la traversée du désert
- Comment s'est
poursuivie la course d'obstacles alors même qu'elles étaient
en extrême fragilité et que les obstacles en question -
l'hôpital, les soins la souffrance - le regard de l'autre, la
nécessaire réorientation professionnelle, le doute, la
mésestime de soi, la recherche de moyens financiers pour vivre,
la recherche d'un nouvel emploi
brouillent la visibilité,
brouillent l'avenir
- Et enfin le
retour à l'emploi
- Et le retour
à la joie de vivre comme je l'ai entendu lors de la préparation
de cette journée"
Après
avoir entendu les témoignages de chacun, Nicolas Sarkozy
prend la parole en disant qu' "il ne s'agit pas de conclure
"
C'est " une priorité du quinquennat."
Pour Nicolas Sarkozy le handicap " est une question qui
doit relever du chef de l'Etat
S'il n'y a pas une volonté
politique, on fera des progrès mais insuffisants. "
Il note que
le taux de chômage des personnes handicapées est de
17% en février 2008 alors qu'il " est de moins de
8% pour le reste des travailleurs. "
Chez les handicapés,
" la diminution du chômage est plus faible et moins
significative " que pour le reste du chômage.
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Depuis une loi
de 1987 complétée en 2005, les entreprises de plus de
20 salariés doivent employer 6% de salariés handicapés.
Depuis 20 ans, la loi n'est pas appliquée puisque le taux moyen
d'emplois est inférieur à 3%. Pour le Président de
la République " ça ne sert à rien de faire
de nouvelles lois si les anciennes ne sont pas appliquées. "
Les entreprises préfèrent payer des amendes que d'embaucher
des handicapés. C'est " 750 millions d'amende "
qui sont encaissées chaque année. "Je trouve particulièrement
choquant que certaines entreprises préfèrent payer des amendes",
a dit le chef de l'État. "C'est absolument invraisemblable".
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Un pacte
pour l'emploi des travailleurs handicapés.
Nicolas Sarkozy annonce la préparation d'un pacte pour
l'emploi des travailleurs handicapés avec deux objectifs
:
- Plus
de performance en direction de l'emploi
- Améliorer
le niveau de qualification des personnes handicapées.
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Revalorisation
de l'allocation adultes handicapés
" Au 1er septembre, l'allocation adultes handicapés sera
revalorisée, de façon à atteindre une revalorisation
de 5% sur l'ensemble de l'année 2008 ", a-t-il déclaré
au cours d'une table ronde sur l'insertion professionnelle des handicapés
tout en précisant qu'il s'était engagé à une
revalorisation de 25%, au cours de son quinquennat soit 5% par an.
Actuellement, l'AAH est à 628,10 euros par mois après une
augmentation de 1,1% intervenue en janvier. L'augmentation au 1er septembre
sera donc de 3,9%, " un effort très important compte tenu
de la situation budgétaire de notre pays ", a insisté
Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, le Président de la République critique le
mode d'attribution de cette allocation qui nécessite un an de chômage
préalable. Pour lui, il faut avoir "le courage de revoir
les conditions de l'allocation" afin de privilégier l'accompagnement
vers l'emploi. "Nous devons offrir à ces personnes d'autres
perspectives qu'un revenu d'assistance", dit-il.
La Conférence
nationale du handicap
La Président de la République a annoncé qu'il présidera
le 10 juin prochain la Conférence nationale du handicap, où
il sera présenté un plan d'action gouvernemental. En parallèle
à la table ronde, la secrétaire d'Etat chargée de
la Solidarité, Valérie Létard a précisé
que "L'objectif c'est de travailler sur les ressources des personnes
handicapées, qu'elles soient aptes ou inaptes à une activité
professionnelle, et de travailler sur l'insertion des personnes handicapées
dans l'entreprise",
La qualification
professionnelle
Nicolas Sarkozy constate que " 81% des handicapés ont un
niveau BEP " ce qui est nettement insuffisant. C'est tout le
problème de l'accès à l'école, de la formation
professionnelle dont il est prévu de " tout revoir ",
etc
Il veut créer des " passerelles entre les milieux
du travail adapté et les lieux de travail ordinaires. "
Nicolas Sarkozy veut l'amélioration du niveau de qualification
des personnes handicapées.
Et l'administration
.
Il n'a pas eu de mots tendres à l'égard de la fonction publique
qu'il s'agit de l'Etat ou des collectivités territoriales. Il rappelle
que l'administration, comme les entreprises privées sont également
tenues d'employer au moins 6% de travailleurs handicapés. Pour
lui, elle "doit donner l'exemple". Il n'est pas admissible
que ceux qui ont la charge de faire respecter la loi ne la respecte pas
eux-mêmes. Pour imposer cette règle des 6%, Nicolas Sarkozy
a précisé que le gouvernement avait décidé
de " geler l'évolution de la masse salariale des administrations
qui ne s'engagent pas dans un plan pluriannuel d'embauche de personnes
en situation de handicap."
En guise de conclusion
provisoire
Le Chef de l'Etat s'interroge. "Moi, je me suis souvent dis une
chose : si j'étais dans un fauteuil, est-ce que j'aurais le courage
de ceux que je vois ?" Et il précise que "ce n'est
pas une question de charité, c'est aussi l'intérêt
de la société. Vous êtes cinq millions, c'est une
force de travail considérable"
. "Vous apportez
beaucoup, c'est une leçon de vie et la France a besoin de ça".
Texte
: Louis Dollo
Photos : Josiane Perez et Louis Dollo
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