Gorges de Luz : la route est-elle interdite ?

 

Cette affaire des gorges de Luz est un vrai « foutoir » au regard du dossier que nous a remis la commission syndicale de la vallée du Barège. « Foutoir », peut-être pas autant qu’il n’y paraît. Mais en tout état de cause, mauvaise volonté ou volonté de refiler le bébé à celui qui n’a aucune compétence technique dans ce domaine pour la réalisation de travaux d’occasion.

 

Qui est propriétaire de quoi et où ? C’est la grande confusion juridique. Mais une chose est certaine : il y a du monde pour ouvrir le parapluie.

 

Le plus invraisemblable est le Conseil Général. « Travaillez pour moi » semble bien être sa devise. « J’observe et que ce soit bien fait et pas cher ». Du travail d’amateur… Eh oui, la commission syndicale, comme elle le précise, n’a aucune compétence technique, aucune structure, aucune expérience pour une telle réalisation.

 

Le plus irresponsable reste l’Etat. Voilà près de 300 ans que cette route existe et tout à coup en 2004, alors qu’il abandonne la propriété au profit du département, décide d’exiger des travaux du nouveau propriétaire. Puis, en 2008, cela devient urgent, grave… la route est dangereuse. Bravo ! Il aura fallu 276 ans au service de l’Etat pour arriver à une telle conclusion. Là, nous pouvons être impressionnés par la perspicacité. « Quand un fonctionnaire d’Etat pense, la République est en danger. »

 

A la suite de la chute d’un énorme bloc de rocher le 1er novembre dernier, le Préfet explique avoir « mis la commission syndicale en demeure de réaliser les travaux ». Raté ! La chute a eu lieu à un endroit non concerné par la mise en demeure. Il faudra donc revoir la copie.

 

Découvrant sans doute qu’il faut attaquer le propriétaire des terrains en indivision gérés par la commission syndicale, vendredi dernier, le Préfet adresse une mise en demeure au maire de Cheze. Pourquoi pas ? Puisque la route est exposée à un danger, selon l’Etat (et c’est une évidence), le maire de Chèze prend les mesures d’urgences qui s’imposent sur sa commune : la fermeture de la route. C’est ainsi que vendredi matin nous avons vu se dresser panneaux et barrières avec affichage de l’arrêté pour interdire l’accès aux gorges et donc à Luz. Curieusement, quatre heures plus tard, le Préfet refuse de valider l’arrêté municipal. Peut-être bien que la route n’est pas dangereuse puisque le Préfet la laisse ouverte. Mais le Tribunal Administratif est saisi et rend son jugement dimanche matin à 10h30.

 

Un jugement ?

Curieusement, dimanche soir, la sous-préfecture n’avait pas le résultat. Alors attendons lundi… la route n’est peut-être plus dangereuse….

 

Dans l’immédiat les voitures passent aux risques et périls… de qui ? Grande question. Car, dans le fond, l’automobiliste pourrait bien être partiellement ou totalement responsable si un rocher venait à lui écraser la voiture et… la tête. Un comble ! Perdre la tête sous un rocher après l’avoir perdu dans tout cet imbroglio, ce n’est pas banal.

 

Quels travaux ?

Comme le rapport de la commission syndicale l’indique, ce serait des filets. Rigolons ! Lorsque nous voyons le caillou descendu le 1er novembre, sans parler de tous les autres par le passé, il n’est pas nécessaire de payer un cabinet d’études pour comprendre que les filets ne servent à rien. Les rebonds, la hauteur et le poids font que les filets sont totalement inefficaces. Ou bien, faut-il mettre des filets sur quelque 1000 m de dénivelé et sur la totalité de l’espace boisé en amont ? Pas très sérieux !

 

Dans les années 50, ce sont des paravalanches qui ont été construits. Pourquoi ne pas poursuivre ? Pourquoi ne pas créer une voûte en béton ? Sans doute trop cher ? Il est vrai que la vie d’une personne ne vaut pas une voûte en bêton. Et puis, depuis près de 300 ans, les Toy ont vécu avec ce risque sur la tête… Quoique une tête Toy est une tête solide mais… respectable autant que celle d’un Tarbais… montant skier dans une des trois stations de la vallée.

 

Les filets seraient du provisoire… urgent. A 500 000 Euros, parions qu’on se passerait bien de lâcher nos impôts dans un travail provisoire. Ne serait-il pas plus sérieux d’investir dans des travaux durables et définitifs ne nécessitant plus d’entretien ? L’Etat abandonne 2,5 millions d’Euros pour satisfaire quelques individus en mal de nounounours, prévoit 500 000 Euros d’augmentation de frais de personnel au Parc National et, toujours, dans ce Parc National, fait et détruit des équipements et immeubles pour des valeurs bien supérieures,…Bref, une grande gabegie, qui, avec un peu plus de sérieux permettrait sûrement de mettre cette route sous tunnel en totale sécurité tout en l’élargissant pour permettre à deux bus de se croiser à une époque où l’on veut favoriser les transports en commun.

 

Le Préfet est prêt à tout

Un Préfet a beaucoup de droit sur une collectivité locale. Il peut imposer l’inscription des travaux au budget de la collectivité au risque d’amputer son avenir de manière durable. C’est ce qu’il pourrait faire avec la commune de Chèze et la Commission Syndicale de la vallée du Barèges. Imposer la réalisation de travaux que ces petites collectivités sont incapables de réaliser. Mais au nom du droit, tout est possible même le pire. En arriverons-nous jusque là ?

 

Plus nous avançons dans ce dossier, plus nous constatons que depuis plus de 4 ans, il se fait franchement n’importe quoi. Et dans tout ceci, ce sont les impôts des contribuables qui sont dépensés sans trop compter… allons y toujours, nous avons tous les moyens… c’est bien connu. La crise, cela n’existe que dans les esprits, d’ailleurs le Conseil Général a prévu… d’augmenter les impôts.

 

Cessons de plaisanter comme des gosses dans une cour de récréation. Il serait grand temps que toutes les parties se mettent à discuter autour d’une table car, si la commission syndicale n’a pas le droit pour elle, elle a au moins la raison. (Louis Dollo)

 

Ci-dessus le rapport de la CSVB
Mis en ligne lundi 10 novembre 2008-8h00