Le fournil de Tony
joue relâche forcée Ce matin, les clients ont été surpris. La boulangerie « Le Fournil » au rond point de la route de Lourdes à Tarbes était fermé. D’habitude cette boulangerie est une des premières de la ville à être ouverte dès 6h et le samedi et le dimanche encore plus tôt pour les lève-tôt qui partent en montagne ou à bicyclette ou les couche-tard qui sortent de boîte. C’est aussi un coin convivial où il est possible d’y prendre un café ou son petit déjeuner tout en lisant la presse locale distribuée tous les matins. Ce n’est pas encore une cyber boulangerie pour consulter Tarbes-Infos, mais pourquoi pas un jour…. Cette boulangerie est un lieu de rendez-vous où il fait bon s’y rencontrer avec une pâtisserie, un sandwich ou une pizza. Il en est ainsi tous les jours de la semaine sans aucun arrêt depuis plusieurs années. Erreur
fondamentale ! Car, manifestement,
la réussite dérange. C’est ainsi que le syndicat de la boulangerie,
grand défenseur de l’artisan boulanger, ressort un vieil arrêté préfectoral
pour arguer Qui l’aurait cru à notre époque qu’un syndicat s’attaque à un confrère qu’il est censé défendre pour lui imposer une journée de repos ? Car il s’agit bien de la journée de repos pour l’artisan, pas celui du personnel qui, de toute manière, avait ses deux jours par semaine Mais pire encore. Ce que nous croyons être parfois réservé aux grandes surfaces se voit appliquer à un petit commerce de proximité. Cette fermeture hebdomadaire entraîne le licenciement de deux personnes et non content d’une telle sanction, notre boulanger est assigné en justice. En France, serait-il donc impossible de travailler le temps que l’on désire lorsque l’on est son propre patron et serait-ce une erreur d’employer du personnel et de créer des emplois ? La réponse se trouve sans doute à la préfecture où a été pris l'arrêté du temps de Jean Dussourd. Cherchez l’erreur…. Une
solution pour contrer cette situation Notre boulanger courageux dispose à proximité de la boulangerie avec entrées séparées, d’une sandwicherie et d’une pizzeria. Le comble de la stupidité est que ces deux activités non boulangères peuvent être ouvertes et servir de dépôt de pain. Reste le problème de la cuisson du pain qui ne peut être réalisée dans la boulangerie obligatoirement fermée. Pratiquement, pour alimenter ses propres dépôts et la clientèle de restaurants ouverts tous les jours, il lui faudrait acheter le pain chez ses concurrents. Situation incroyable ! Une
autre solution pour contrer une situation stupide… « Le Fournil », établissement principal ayant accessoirement une pizzeria et une sandwicherie servant de dépôts de pain ouverts tous les jours (pour eux, pas d’obligation de fermeture) dispose également d’un second magasin route de Lourdes sous l’enseigne de « Petit Fournil » qui lui aussi doit fermer une journée par semaine. Mais d’ordinaire alimenté par « Le fournil » établissement principal, ce dernier ne peut produire le jour de sa fermeture. Par contre, s’il est équipé, il peut produire. En quelque sorte, un artisan boulanger pour avoir une ouverture permanente alternée entre plusieurs magasins doit avoir au moins deux lieux de production avec un double investissement. Vive la rationalisation des moyens de production et on comprend mieux pourquoi le pain est cher…. Et
l’avenir ? Dans l’immédiat, l’avenir passe par une fermeture et deux personnes au chômage. Il ne s’agit pas d’un chantage mais d’une réalité "grâce au syndicat de la boulangerie et un arrêté préfectoral". Voilà un beau résultat qu’il est sans doute préférable de ne pas commenter. Comment
échapper à une telle situation ? Après nous être renseigné auprès de professionnels non tarbais, notre artisan aurait la possibilité de passer à la boulangerie disons… plus industrielle tout en conservant sa qualité de production selon les mêmes procédés de fabrication. Installer une telle usine hors de ses magasins afin de produire tous les jours. Avoir des magasins qui ferment un jour par semaine de manière alternative. Mieux encore ! Dans le magasin actuel, en faire deux qui ouvriraient alternativement en étant alimenté par l’usine de production. De cette manière, la clientèle conserverait son boulanger de proximité. Mais la réflexion va plus loin selon un bon gestionnaire d’entreprise. « L’usine de production étant rentable avec les deux magasins actuels, il peut ouvrir d’autres dépôts et vendre à une autre clientèle telle que restaurants et autres magasins au coût marginal. D’autant qu’il peut faire des économies d’échelle, rationaliser le travail et produire plus en moins de temps. De cette manière il peut casser les prix et le marché des autres artisans du syndicat. » Nous voyons bien là l’esprit d’un industriel. Tony y a-t-il pensé ? Ce qui est certain, c’est que cela existe ailleurs. Pourquoi pas à Tarbes ? Les artisans boulangers devraient y faire attention et revoir leur position en pensant que depuis le dernier arrêté préfectoral nous sommes passés au XXIème siècle. Quelques repères… Décret des 2-17 mars 1791, portant suppression des maîtrises et jurandes (extrait) ARTICLE 7 « À
compter du 1er avril prochain, il sera libre à toute personne de faire
tel négoce, ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera
bon ; mais elle sera tenue de se pourvoir auparavant d’une patente,
d’en acquitter le prix … et de se conformer aux règlements de police
qui sont ou pourront être faits…. » …. Mais à condition de se soumettre
à des obligations légales. Selon
une étude du Sénat, « indépendamment de ces règles générales, il faut souligner Travail
le dimanche : les droits et devoirs de chacun Le
dimanche est en principe un jour de repos. Sous réserve de certaines
dérogations, temporaires ou permanentes selon le cas….. …/… Elles
ne nécessitent aucune autorisation préalable. Il
s’agit notamment :
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Article
et photos Louis Dollo
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Mis
en ligne mercredi 29 octobre 2008-15h30
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