400 000 volts dans les mains

 

Impressionnant !

Tenir dans ses mains un câble dans lequel passent 400 000 volts, s’asseoir dessus, travailler, réparer… Et tout ceci à 50 mètres du sol…

« C’est la routine même si nous respectons strictement certaines procédures. »

C’est ce que font quotidiennement des techniciens de RTE (Traduction : Réseau de Transport d’Electricité ) pour entretenir les lignes à Très Haute Tension (traduction : THT).

 

« On croyait que c’était EDF. »

Erreur ! Enfin, presque… Il a été créé le 1er juillet 2000, « un service indépendant sur le plan financier, managérial et comptable au sein d'EDF. Depuis le 1er septembre 2005, en application de la loi du 9 août 2004 relative au service public de l'électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières, RTE est une société anonyme à capitaux publics, filiale du groupe EDF. » EDF est donc un producteur et un distributeur d’énergie parmi d’autres… plus modestes. Le transport est assuré par RTE, société indépendante même si la part d’EDF y est prépondérante.

 

Maintenant que nous savons à qui nous avons affaire, entrons dans le vif du sujet.

Nous entendons souvent parler de cette THT qui veut passer à travers les Pyrénées pour alimenter l’Espagne. Ces THT sont sources de nombreuses polémiques… Problèmes de santé pour les riverains, d’esthétique environnementale, etc… Mais savez-vous que vous avez une THT à votre porte ? « Non je ne savais pas… C’est quoi une THT ? » nous dit un habitant de Camalès pourtant très informé sur l’histoire de son village, des canaux d’irrigation, de l’ancien moulin et… « Je travaillais à la CERAVER, on en faisait des isolateurs. » Oui mais il ne savait pas et n’avait même pas remarqué qu’il y avait une THT entre Camalès et Bazillac à quelques encablures de Vic en Bigorre.

 

Pourtant, les pylônes dépassent bien la hauteur des maïs. Environ 70 m de haut, cela se remarque. Apparemment, pas tellement, en tout cas, la THT n’a pas beaucoup troublé ce Bigourdan bien ancré à son village.

 

70 mètres de haut, 400 000 volts entre Golfech et Lacq, un pylône tous les 500 mètres et une alimentation qui doit être assurée en permanence pour satisfaire les clients que nous sommes. Pas question d’arrêter le transport d’énergie électrique un seul instant même pour la maintenance indispensable pour éviter la panne. Alors, il faut donc travailler non pas sous tension, mais sous très haute tension.

 

C’est ce qui s’est produit hier au pylône 82 au nord de Bazillac, sur la route de Sarriac-Bigorre où un isolateur était cassé. Et ce n’est pas le seul pour la portion de 112 km entre Lannemezan et Lacq. Pour un isolateur, il faut monter à 50 m du sol selon les méthodes classiques de l’escalade sportive ou de l’alpinisme, démonter une chaine de 10 isolateurs de 5 kg chacun, le descendre au sol (50 kg), remplacer le défectueux, remonter la chaîne, la réinstaller et tout ceci avec 400 000 volts qui vous passe entre les mains. C’est cela qui est impressionnant…

 

Lorsque le technicien, depuis une nacelle au-dessus du vide, passe du potentiel zéro à 400 000 volts, le grésillement  vous fait frissonner… Et ce n’est pas fini... pour fixer cette chaîne d’isolateurs il s’assoit sur la ligne électrique, en fait, il s’assoit sur 400 000 volts… Imaginez ! Mieux que la chaise électrique des prisons américaines interdite dans les foires françaises. Ici, le spectacle est au-dessus de vous et l’homme est bien vivant.

 

Le travail terminé, comme un alpiniste ou un spéléo, ils démontent les cordes fixes… non ici ce sont des lignes de vie, déséquipent le pylône, boivent un coup pour se rafraîchir… la journée n’est pas terminée. Ils repartent sur le pylône suivant…

 

Bravo ! Joli travail.

 

 

Texte et photos : Louis Dollo

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LOUIS DOLLO

Mis en ligne jeudi 28 août 2008-8h15