Groupe National Ours
du 26 juin 2008 :
le compte-rendu officiel
Il aura fallu attendre
près de deux mois pour, enfin, obtenir un compte rendu
officiel de la première réunion du « Groupe National Ours »
des Pyrénées qui s’est tenue à Toulouse
le 26 juin 2008.
Nous nous rappelons qu’à l’occasion de cette
réunion organisée par Nathalie
Kosciusko-Morizet, Secrétaire d’Etat à l’Ecologie,
les opposants à l’introduction d’ours dans les Pyrénées avaient refusé
d’y participer ainsi que bon nombre d’élus politiques locaux et d’élus
socioprofessionnels de l’agriculture et de l’élevage notamment les Chambres
d’Agriculture. A cette occasion, l’ADDIP, coordination pyrénéenne des
associations de sauvegarde du patrimoine des Pyrénées, avait remis un rapport extrêmement
sévère détaillant entre autres la "manipulation
des institutions de l'UE par des systèmes d'influences". Il
était également précisé que "
Cette intrication des réseaux prend toute sa dimension dans le programme
européen Life-Coex qui a pour objectif de favoriser la coexistence entre
les grands carnivores et la présence humaine et qui finance l'ADET et
le WWF dans le cadre du
programme ours France "
Depuis lors, de nouveaux éléments sont apparus.
Nous pouvons citer la réussite sans précédent des « Pastoralies » au plateau de Beille, qui, malgré
les provocations des associations environnementalistes, ont su rester
dignes, l’accident de la circulation en Ariège provoqué par un ours
après un précédent, il y a un an, ayant entraîné la mort de l’ourse
Franska dans les Hautes-Pyrénées, l’intervention indirecte de Carla
Bruni-Sarkozy relançant le caractère "peopolisation"
de l’ours par ailleurs condamné par Nathalie Kosciusko-Morizet,
etc… Autant d’éléments qui renforcent la conviction des opposants dans
leur position hostile à l’introduction d’ours sous quelques formes que
ce soit et qui pourrait radicaliser leur position vis-à-vis du « Groupe
Ours ».
Parmi les personnes présentes et ayant participéà
cette réunion, nous pouvons noter Alain
Reynes, Directeur de l’ADET et représentant CAP-Ours.
Cette double casquette est significative du caractère nébuleux de ce
milieu qui manque pour le moins de représentants. Nous notons également
la présence d’une association de « circonstance » comme l’association
Sensibilisation Ours des Pyrénées-Orientales créée en 2006 alors que
les éleveurs de ce département ne sont même pas représentés. Quant à
Férus, on peut s’interroger sur sa véritable représentativité puisque
cette association n’a aucune structure territoriale pyrénéenne. La présence
de la Députée des Hautes-Pyrénées, Chantal
Robin-Rodrigo (PRG), qui, après avoir soutenu l’action
de l’ADET-Pays de l’ours par un courrier adressé à son Président en
2000, rompt la solidarité pyrénéenne incarnée par les autres élus absents,
excusés et parfois présents à la porte de la Préfecture de région, comme
Jean Lassalle (MoDem), député
du Béarn dans les Pyrénées-Atlantiques. Dans le même ordre d’idées,
participaient à cette réunion, Georges Azavant (PRG), Président du Parc
National des Pyrénées et Conseiller Général des Hautes-Pyrénées qui
essuie actuellement de nombreuses critiques, notamment dans sa circonscription,
dans le cadre de la réforme du Parc National des Pyrénées. Pour ce qui
est de Christine de Veyrac (UMP), députée Européen et Conseillère Régionale,
elle devait faire de la figuration (elle n’est pas intervenue) pour s’informer d’un sujet qu’elle ne connaît
pas et pour lequel elle n’a guère d’intérêt puisqu’elle n’a jamais été
en mesure de répondre à nos questions.
Ce groupe n’a pas vocation à décider mais
à échanger et proposer selon les propos tenus. Sa légitimité est néanmoins
contestée. Ce fait est reconnu puisque la conclusion suggère qu’il soit
fait des propositions au Préfet de région.
« Il y a lieu de travailler sur la composition du Groupe »
est-il précisé. Il aurait été tellement plus simple de procéder à des
consultations préalables au lieu de décider seul depuis Paris. A moins
que la composition actuelle ne vienne d’une idée de la
DIREN Midi-Pyrénées… Et puis, sur quelle base juridique s’appuie-t-il ?
Comme le « Groupe loup » ?
La lecture du compte rendu nous montre que
la notion d’ours à problème semble totalement surréaliste. La vision
administrative du mot « problème » relève de la contorsion
intellectuelle. Il serait tellement plus simple de regarder ce qui se
passe comme l’a très bien résumé Chantal Robin-Rodrigo.
Si « sur
le fond, le point de départ pour le travail
du groupe est constitué de la matière des rapports » il y a
fort à parier que le conflit avec les éleveurs n’en sera qu’accentué.
Le double langage que semble tenir un des rapporteurs, entre le parler
et l’écrit, pourrait ne pas être très engageant pour les discussions
à venir. Par ailleurs, lorsqu’on parle de « Plan
de soutien à l’économie montagnarde » (PSEM) dissocié du « plan ours », on croit rêver. Pour faire participer tout
le monde il faudra sans doute faire preuve d’une plus grande honnêteté
intellectuelle. En effet, pratiquement toutes les aides liées au PSEM
sont assorties de conditionnalités se rapportant à la présence des grands
prédateurs. Tout a déjà été décidé sans concertation avec les éleveurs
concernés des Alpes et des Pyrénées. Nous ne voyons pas très bien à
quoi servira ce « Groupe Ours » dans ce domaine.
De même, prétendre qu’en matière de « valorisation touristique, l’ours peut être regardé sous deux angles :
le produit « ours » et l’image de l’ours. » Et d’insister
par ces propos tout à fait incroyablse : « Il est proposé une étude exploratoire sur les apports de l’ours
et du pastoralisme, à la valorisation économique et touristique des
Pyrénées. » Avant de tenir un tel langage, il aurait sans doute
été plus cohérent d’imaginer une étude de marché tant sur les produits
issus du pastoralisme que
sur les produits touristiques et s’assurer que les Pyrénées aient vraiment
besoin d’une telle valorisation. Et puis, l’ADET (Association pour le
Développement Economique et Touristique), dans laquelle l’Etat à engouffrer
des centaines de milliers d’euros, n’a jamais fait la preuve d’un quelconque
développement possible sauf sous des aspects totalement marginaux et
d’un intérêt très secondaire. Le programme européen Life-Coex qui se
termine, a vu les limites de la coexistence qu’ils étaient censés promouvoir.
Encore des milliers d’euros versés à fond perdu dans une action de plusieurs
années qui se conclut sur une totale faillite.
Lancer des concertations en s’interrogeant,
après création, sur la composition du « Groupe » et en excluant
les structures démocratiques existantes comme le Comité de Massif, les
Conseils Régionaux, les Conseils Généraux, les communes, etc… c’est
faire preuve d’ignorance et d’incompétence ou bien vouloir imposer une
forme de dictature administrative où seuls des fonctionnaires décideraient
de l’avenir du peuple après des semblants de dialogues approximatifs.
Il faudrait peut-être revenir à des fondamentaux plus simples et plus
clairs. Mais il est vrai que ces fondamentaux ne laissent pas la part
belle aux « talibans de l’écologie »
qui militent pour le tout sauvage et accessoirement pour la sauvegarde
de l’ours et la biodiversité pyrénéenne.
Prétendre que les bergers pyrénéens ont
toujours cohabité avec l’ours est un mensonge. Jamais les défenseurs
de l’ours, tout comme les pouvoirs publics, ne font référence aux études
historiques. Le faire, voire même simplement se référer à quelques ouvrages,
pourrait montrer que la seule cohabitation qui a présidé dans les Pyrénées
depuis le XVIème siècle était celle de l’élimination des grands prédateurs,
sources de malheur pour les familles de paysans. Tous les ouvrages,
sans aucune exception, montrent cet état de fait. Pourquoi vouloir occulter
l’histoire et réinventer une culture pyrénéenne
qui n’a jamais existé ? Ne serait-ce pas du révisionnisme
historique ?
Il est stupéfiant que les rapporteurs partent
sur des idées de promotion des produits sans aucune étude de marché.
Il est curieux qu’il n’ait jamais été fait aucune étude sociologique.
Et les mensonges comme les supputations en tout genre s’accumulent au
fil des temps depuis 25 ans sous la haute autorité de FERUS et du WWF
repris systématiquement par les pouvoirs publics. Avant d’envisager
de faire participer tout le monde à un « groupe ours », il
serait sans doute plus productif et efficace de revoir tous ces sujets
en profondeur pour éliminer les erreurs du passé qui ont laissé des
plaies profondes dans les esprits.
A une période où l’Etat doit faire des économies,
où les Français voient fondre leur pouvoir d’achat, il semble quelque
peu inconvenant de poursuivre à entretenir des commissions, groupes
de « palabres », équipes techniques inefficaces, etc… à coup
de millions d’euros pour tenter de faire vivre des moutons à côté d’ours
dont nous savons que l’espèce n’est pas en danger. Ce n’est pas parce
que la population d’ours dans les Pyrénées aura disparu que la planète
s’en portera plus mal. Vouloir relancer la filière ovine pyrénéenne
en important des ours qui viennent se servir au garde manger n’est pas
sérieux.
Il faudrait peut-être aussi commencer par
respecter les Pyrénéens et les contribuables français pour établir un
véritable dialogue.
Louis Dollo
Nota : Parmi les personnes
n’ayant pas souhaité siéger à la première réunion, Philippe LACUBE, Président
de l’ADDIP n’était pas seul. Trois places étant réservées à l’ADDIP,
ce sont trois personnes de l’ADDIP qui ont refusé de sièger.
·
Dossier « ours
des Pyrénées »
·
Dossier « Groupe
National ours des Pyrénées »
·
Le compte
rendu officiel du « Groupe National Ours »
Photos (Louis
Dollo) : Les élus et militants de l’ADDIP donnant
une conférence de Presse devant la Préfecture de Région à
Toulouse, le 26 juin 2008 |