Chers Frères et Amis, Je salue très fraternellement les nouveaux
évêques qui participent pour la première fois à nos travaux. Nous sommes
tous heureux de leur arrivée dans notre assemblée et nous leur souhaitons
d’y trouver autant de labeur et de joie que nous en trouvons nous-mêmes. Avant d’ouvrir la session de notre
assemblée, je voudrais vous partager quelques instants de la visite
que je viens de faire à Moscou avec Mgr Thomazeau, Mgr Riocreux et Mgr
de Moulins-Beaufort. A l’invitation du Patriarche Alexis II, je lui
rendais la visite qu’il avait faite à Paris il y a un an. Nous avons
passé quatre jours en Russie dont les moments forts ont été la visite
de la Laure de Cette session de notre assemblée est
évidemment marquée par les deux grands événements ecclésiaux que nous
venons de vivre. D’abord la visite pastorale du Pape Benoît XVI et ensuite
la session du Synode des évêques.
La visite pastorale du Pape Benoît
XVI a été un grand moment de la vie de notre Église. Les rassemblements
de Paris et de Lourdes ont montré aux observateurs attentifs et impartiaux
que l’image donnée trop souvent d’une Église en décadence et sans avenir
ne correspond pas à La présence du Pape tout à la fois
proche et accueillant, et totalement plongé dans la contemplation du
Christ Sauveur a été un révélateur. Elle a manifesté la véritable personnalité
de Benoît XVI, son espérance, sa confiance, et sa bonté. Elle a montré
aussi l’affection que nous lui portons et notre profonde communion avec
lui. La densité spirituelle des célébrations que nous avons vécues autour
de lui a exprimé de manière sensible la richesse de notre unique liturgie
commune quand on y apporte tout le soin qu’elle mérite. La réunion qu’il a présidée ici même
a été l’occasion de manifester clairement notre communion avec le Successeur
de Pierre et la convergence de nos préoccupations et de nos recherches.
Nous sortons fortifiés de cette rencontre pour nous engager et engager
nos diocèses dans les voies de l’évangélisation. Les questions que le
Pape a évoquées sont les mêmes questions qui font l’objet de nos préoccupations
permanentes : les vocations, la famille, la catéchèse et la jeunesse,
l’unité des communautés, l’engagement dans les relations œcuméniques
et les relations avec nos frères juifs, la rencontre des religions non-chrétiennes.
Ce sont autant de domaines dans lesquels nous nous efforçons de progresser
chacun dans nos diocèses comme à l’échelon national. L’appel de jeunes hommes et de moins
jeunes au sacerdoce est évidemment au cœur de nos préoccupations comme
le montrent les diverses initiatives prises dans les diocèses de France
pour relancer sans cesse la pastorale des vocations et améliorer les
conditions de la formation des prêtres. Les prêtres sont nos collaborateurs
quotidiens et nous les recevons vraiment comme un « don de Dieu
pour l’Église », « la couronne spirituelle de l’évêque. »
Cette fois encore, nos travaux nous invitent à poursuivre notre réflexion
sur les vocations, la formation et le ministère des prêtres. Le Pape m’a fait part de sa grande
satisfaction et de la joie qu’il avait éprouvée parmi nous. De son coté,
chacun de nous a pu recueillir les échos positifs de ce voyage bien
au-delà des limites des cercles ecclésiaux. Une nouvelle fois, au nom
de l’ensemble de nos diocèses, je veux exprimer au Pape Benoît XVI notre
reconnaissance pour tout ce qu’il nous a permis de vivre au cours des
ces quelques jours. Nous nous emploierons à en récolter les fruits.
Avec les délégués de la Conférence,
nous rentrons tout juste de la XII° session générale du Synode des évêques.
Nous aurons l’occasion tout à l’heure de partager nos réflexions sur
le thème même du synode : « La Parole de Dieu dans la vie
et la mission de l’Église. » Mais avant d’entrer dans le contenu
et les résultats de cette session, nous pouvons déjà saluer l’événement
d’Église qu’elle a représenté. Près de 250 Pères synodaux entourés d’experts,
d’auditeurs et de délégués des autres communautés chrétiennes ont vécu
trois semaines d’échanges intenses sur la vitalité de l’Église à travers
le monde et ont participé à une véritable expérience de la communion
ecclésiale. Ils ont recueilli les fruits de la fécondité de la Parole
de Dieu et ils ont partagé les espérances et les épreuves de l’évangélisation
sur les cinq continents. La mise en valeur de Sans doute l’écho médiatique de cet
événement n’a-t-il pas été à la hauteur de l’expérience vécue autour
de Benoît XVI. Les préoccupations de l’équilibre économique mondial
ont éclipsé une réflexion qui débordait de toute part les cours de
Ces événements de la vie de notre Église
ne sont pas sans liens avec notre société à laquelle nous souhaitons
apporter Les soubresauts financiers qui marquent
la période que nous vivons sont lourds de conséquences et de menaces,
non seulement pour les revenus des grandes institutions financières
ou pour les petits épargnants, mais aussi pour tous ceux dont les moyens
de travailler et de vivre dépendent de la vitalité et de la production
des entreprises, quelle que soit leur taille. L’implication forte et
rapide des gouvernements européens a peut-être évité le pire. Il a montré
en tout cas que la détermination permettait de faire face ensemble à
une période de crise. Face à la précarité de l’emploi et à la baisse
de nombreux revenus, nous sommes tous invités à développer notre réflexion
sur l’organisation de la vie économique et sociale. Certes, notre Église
n’a ni la mission ni la compétence pour apporter des solutions à ces
problèmes. Mais elle a la mission et la compétence pour aider nos concitoyens
à vivre humainement dans ce contexte économique et pour en mesurer les
enjeux moraux. Si la redistribution des revenus et
des richesses peut séduire par son intention généreuse, nous ne pouvons
pas éluder une question beaucoup plus radicale qui est celle de notre
modèle de société. Partager des richesses est une attitude altruiste,
mais le moment vient où nous devons prendre en compte les limites des
richesses à partager. Comment pouvons-nous aider nos contemporains à
intégrer dans leurs attentes le fait que notre planète n’est pas un
réservoir indéfini de consommation possible ? Comment les aider
à mieux admettre que nous ne devons pas seulement viser à la répartition
des richesses entre pays développés, dans une société qui devrait assumer
tous les risques particuliers ? Nous devons aussi assumer notre
responsabilité dans le partage du travail et du développement avec les
autres peuples de La gestion sociale du temps est confrontée
elle aussi aux limites humaines. Les projets de dérogations nombreuses
et légales au repos dominical s’inscrivent dans la perspective des mutations
de notre société vers une norme du rendement maximum sans mesurer assez
les coûts humains des changements envisagés. Nous n’oublions pas que
déjà un nombre importants de nos concitoyens sont astreints au travail
dominical, notamment dans certains services publics. Mais précisément,
il s’agit d’une astreinte en faveur du service de tous. Etendre cette
astreinte par une possibilité laissée au « libre choix » se
réfère à un autre mobile : développer le rendement d’un certain
nombre de secteurs d’activités économiques et miser sur l’appât du gain
pour convaincre. Gagner plus doit-il devenir le principal objectif de
l’existence ? Que les chrétiens ne soient pas favorables
à une extension du travail le dimanche ne surprendra personne. Pour
eux, le Jour du Seigneur n’est pas un jour férié comme les autres. C’est
le Jour de De même, la révision des lois dites
de bioéthique nous confronte à un réalisme incontournable. La recherche
scientifique et ses applications médicales sont-elles faites pour le
bien de l’homme et pour quel modèle d’humanité ? Voulons-nous laisser
se développer, dans nos pays avancés, une course effrénée aux brevets,
par tous les moyens disponibles ? Voulons-nous laisser instrumentaliser
et commercialiser l’être humain sans aucune mesure ni aucune limite ?
Il semble aujourd’hui que des personnes de plus en plus nombreuses commencent
à entendre ces questions et acceptent d’y réfléchir. Elles savent que
nous sommes attentifs à leurs réflexions et toujours disponibles pour
y apporter notre contribution. Les avis que nous sommes invités à donner
se situent toujours sur le plan qui est le nôtre, c’est-à-dire celui
des enjeux humains et moraux des décisions à prendre. Nous préférons
évidemment qu’ils ne soient pas sous-estimés devant l’autorité sans
partage de spécialistes qui ont parfois tendance à négliger ces dimensions
éthiques de la réalité, au moins jusqu’à ce qu’une crise grave les impose.
L’assemblée que nous ouvrons aujourd’hui
a un programme chargé qui vous a été communiqué avec les documents préparatoires.
Nous ferons le point sur les groupes de travail du Comité Études et Projets et nous aviserons aux
suites à donner pour les différents groupes. Tous concernent de quelque
manière des questions déjà évoquées à l’instant. D’autre part, nous
avons à valider les cahiers des charges des commissions et des conseils
épiscopaux et ceux des services nationaux qui en dépendent. Dans ce
travail d’évaluation sur la mise en place commencée il y a trois ans,
nous ne négligerons pas non plus d’intégrer, nous aussi, ce que je disais
précédemment sur l’ajustement des projets et des initiatives aux moyens
dont nous disposons, notamment les moyens économiques dont les contraintes
doivent impérativement être mieux assumées. Les élections des présidents
de commissions ou de conseils qui suivront ce débat devront tenir compte
de cette exigence d’une réduction de nos dépenses et d’une gestion plus
rigoureuse, au moins aussi rigoureuse que celle que nous appliquons
courageusement dans nos diocèses. Il nous reste maintenant à nous mettre au travail et à faire en sorte qu’il soit fécond pour autant qu’il dépend de nous. Pour ce qui dépend de Dieu nous savons qu’Il ne nous fera pas défaut. |
Mis en ligne
mardi 4 novembre 2008-12h00 |