Gavarnie, Patrimoine
mondial
« Patrice
De Bellefon s’impose à Gavarnie… comme si Gavarnie
lui appartient.» Le ton est donné par Chantal Robin-Rodrigo.
La base du conflit, depuis
plusieurs années, repose sur l’existence du festival sur le site de
la Courade. Patrice
de Bellefon, auquel on doit ce classement,
en fait un combat personnel depuis l’inscription
du site au Patrimoine mondial en 1997. Ses interventions, souvent insistantes
et pour le moins assez lourdes, ne lui ont guère attiré la sympathie
et encore moins les appuis qu’il espérait. Cette année encore, il a
été débouté par le Tribunal Administratif d’un référé pour interdire
le spectacle.
Après avoir fait courir
le bruit du retrait du site de
l’inventaire de l’UNESCO, nous découvrons par une lettre de Catherine
Colonna, ambassadrice déléguée permanente, adressée à la députée de
la circonscription Chantal
Robin-Rodrigo que le comité a demandé « l’inscription du bien sur la liste du patrimoine mondial en péril ».
Non seulement il ne s’agit pas d’un retrait mais l’expression « en
péril » peut laisser interrogateur. La totalité du patrimoine
naturel est en grande partie située dans le Parc National des Pyrénées
(zone centrale et zone périphérique) et le Parc National d’Ordesa en
Espagne. Doit-on en conclure que, pour ce qui concerne la France, le
PNP a failli à ses missions ? De quel péril s’agit-il ?
En fait, Patrice de Bellefon
a deux obsessions sur ce secteur : les routes de Troumouse et du
col des Tentes et le festival qui dure une quinzaine de jours tous les
ans. La présence de voitures et d’humains en montagne a toujours (au
moins durant 40 ans) froissé le personnage dès lors qu’il ne s’agissait
pas de ses clients. Par le passé, Patrice
de Bellefon a déjà eu des comportements assez stupéfiants
comme, par exemple, le classement du haut Louron pour bloquer le passage
de la THT. Pour lui, les montagnes
du haut-Louron « ne présente
aucun intérêt » alors qu’il dit le contraire dans les divers
ouvrages qu’il a publiés et qui ont servi de base au classement.
Pour Gavarnie, il y a quelques
années, il voulait faire supprimer les sites d’escalade. Mais le festival
l’ayant accaparé, le sujet est tombé à l’eau… du moins peut-on l’espérer.
La problématique va bien
au-delà. A suivre ses idées et celles de son entourage, il faudrait
pratiquement revoir le traité transfrontalier (Traité de Bayonne) de
1856 pour mettre à bas les « lies et passeries » qui y sont
attachées. Selon les propos tenus, de manière constante, entre 1998
et 2000 à un représentant de la FFME, un des problèmes est que « l’organisation archaïque de la commission
syndicale doit disparaître.» Avec de tels arguments tendant à la
destruction patrimoniale de la vallée du Barège, on peut comprendre
les résistances.
Il est probable que Patrice de Bellefon préférerait faire de Gavarnie, les Especières, la
vallée d’Ossoue et Troumouse une sorte de grand Disney Land comme les
Espagnols à Torla et Ordesa. Des touristes
qui paient avec des navettes de bus afin de limiter la fréquentation
de la montagne. Mais aussi
limiter le pastoralisme « qui
surpature depuis trop longtemps ». Un sujet récurrent
lorsque nous analysons les propos tenus par certaines associations écologistes
sur « le sauvage » et la problématique de l’ours.
Aujourd’hui un syndicat
mixte a été créé, selon Chantal
Robin-Rodrigo, et toutes les communes concernées ont
délibéré, y compris celle d’Aragnouet concernée par le cirque de Baroude,
pour assurer une gestion coordonnée de l’espace. Ainsi, le reproche
fait par l’UNESCO de « ne
pas s’approprier le site pour aider son développement » pourrait
être effacé. Mais les décisions prises par ce syndicat seront-elles
du goût de l’UNESCO ? L’inscription au patrimoine mondial signifie-t-elle
abandon de gestion à l’UNESCO en contre partie de quelques subsides
et subventions ? Quelle est la véritable signification de la préservation
vue par les fonctionnaires de l’UNESCO ? C’est sans doute là qu’est
le problème sans parler qu’un effacement total et définitif de Patrice de Bellefon
et probablement de l’association « Mont-Perdu Patrimoine Mondial »
serait probablement de nature à calmer les esprits pour ouvrir la voie
à un travail constructif.
Lettre
de Catherine Colonna (.pdf)
Louis
Dollo
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