Parc National des Pyrénées : la réforme en marche

 

La base juridique actuelle des Parcs Nationaux français repose sur une loi de 1960. La création du Parc National des Pyrénées remonte à un décret du 23 mars 1967. Après plus de 40 ans de fonctionnement, il convenait de faire le point pour envisager une éventuelle évolution. C’est le rapport Giran de juin 2003 qui est la base de réflexion de l’évolution du statut des Parcs Nationaux. A la suite de ce rapport, un texte de loi fut élaboré et définitivement voté le 14 avril 2006 suivi d’un décret d’application en juillet 2006. Aujourd’hui, il convient de modifier le décret de création du Parc National des Pyrénées pour fixer les nouvelles règles du jeu avant le 31 décembre 2008 qui sera complété par une Charte avant le 1er avril 2011 qui constituera un des moyens de gestion  du territoire afin de « favoriser le développement local et de valoriser le patrimoine autour d’un projet fédérateur. » Cette charte, constituera  « un projet de territoire avec une vision partagée des acteurs et des habitants dans laquelle les grandes orientations et objectifs de développement seront fixés pour 15 ans. »

 

Un projet de décret

Le Conseil d’Administration du Parc National des Pyrénées avait à se prononcer ce 30 septembre 2008 sur les conclusions de la commission d’enquête publique. Des craintes, des interrogations, des hostilités se sont exprimées au cours de cette réunion. En fait, de nombreuses observations concernaient des sujets réglés par la loi de 2006 à laquelle il était impossible de toucher. Voir autant d’inquiétudes pourrait bien traduire, à moyen terme, un  mal-être face à une loi inadaptée aux réalités du terrain. La Charte pourra-t-elle trouver des solutions pour temporiser les craintes ?

Il conviendra sans doute aux acteurs d’y travailler pour avoir une idée sur un éventuel fossé entre le législateur et le terrain. Il faut néanmoins constater que sur 168 courriers envoyés aux maires, associations et administrations pour exprimer leurs observations, il n’y a eu que 25 retours. Il ne ressortira vraiment que deux suggestions majeures de cette consultation : la présence du Préfet des Pyrénées-Atlantiques au Conseil d’Administration et 5 places pour les EPCI (communautés de commune d’Aspe, Ossau, Val d’Azun, Saint Savin, Aure) et 6 maires au lieu de 11 maires.

 

Un Conseil Economique Social et Culturel (CESC)

Parmi les griefs qui apparaissent à l’égard de cette évolution statutaire, c’est l’absence de voix délibérative du Président de CESC au sein du Conseil d’administration. Sa voix ne sera que consultative alors que le Président du Comité scientifique disposera d’une voix délibérative.

Rôle et composition des Conseils

L’Article R331-32 du Code de l’Environnement stipule qu’un « conseil scientifique assiste le conseil d'administration et le directeur dans l'exercice de leurs attributions, dans l'accomplissement des missions…. //… et à l'occasion des travaux de suivi, d'évaluation, de modification et de révision de la charte du parc national. »  Il précise que « ce conseil est composé de personnalités qualifiées dans les sciences de la vie, de la Terre et dans les sciences humaines et sociales, nommées par le préfet du département dans lequel l'établissement public du parc a son siège, pour une période de six ans renouvelable. » … « Le président du conseil scientifique présente un rapport annuel d'activité au conseil d'administration. »

L’Article R331-33 du Code de l’Environnement stipule qu’un « conseil économique, social et culturel assiste le conseil d'administration et le directeur notamment en matière de politique contractuelle, de suivi de la mise en oeuvre de la charte et d'animation de la vie locale. » Et il précise que « ce conseil est composé de représentants d'organismes, d'associations et de personnalités qui, en raison de leur objet ou de leur qualité participent à l'activité économique, sociale et culturelle dans le parc ou concourent à la vie locale, ainsi que des représentants des habitants et des usagers du parc. » Mais contrairement au Conseil Scientifique nommé par le Préfet, « la composition de ce conseil et les conditions de nomination de ses membres sont fixées par le règlement intérieur adopté par le conseil d'administration. Le conseil élit son président. » Par contre, comme pour le Conseil Scientifique,  « le président du conseil économique, social et culturel présente un rapport annuel d'activité au conseil d'administration. »

Si certains membres de l’actuel Conseil d’Administration regrettent que le Président du CESC n’ait qu’une voix consultative, il est impossible, aujourd’hui,  de modifier la loi. Néanmoins, par rapport à l’ancien texte, celui-ci constitue une avancée tout en regrettant l’absence de parité de traitement entre les deux Conseils.

 

Les maires dépossédés de leurs pouvoirs ?

C’est la crainte exprimée par certains d’entre eux notamment en matière de police et de sécurité. Il est fait remarquer par ailleurs que certains maires souhaitent ne plus assumer ce type de risque notamment sur des pistes forestières d’autant que le plus souvent ils ne disposent pas de moyens alors qu’ils assument la responsabilité.

Selon le Président Georges Azavant, la Charte devrait permettre « d’atténuer le pouvoir du directeur.»

 

La Charte : un fusible ?

Il faudra environ deux ans pour trouver des solutions à chaque cas particulier. En effet, il faudra s’assurer de la conformité juridique entre le décret et les réglementations diverses sur les territoires tel que PLU, chartes, conventions, IPHB, etc… mais aussi les règles de chasse et de pêche qui, actuellement, sont différentes d’un département à l’autre. La Charte pourra également tenir compte des spécificités locales.

 

L’élaboration de la Charte

Il s’agit d’un important travail de concertation qui va s’étaler sur deux années. Y participeront les services du ministère, du PNP, les élus, les acteurs des territoires, etc… selon des thèmes et des axes définis. Par la suite, les communes auront à délibérer pour se prononcer sur une adhésion ou non.

 

Des rapports nouveaux

Pour bien comprendre le type de rapports nouveaux qui vont se créer, il convient d’analyser ce qui va changer. A cet effet, le Parc national a édité un document à disposition du public. En fait, peu de nouveautés apparentes. Le directeur sera « juridiquement responsable de la police de la circulation sur les pistes situées dans le cœur et ouvertes réglementairement à la circulation » ce transfert de pouvoir du maire vers le directeur est prévu dans la loi du 14 avril 2006. Autre fait nouveau et original, le Directeur pourra autoriser « la cueillette ou le ramassage d’escargots, champignons et plantes médicinales dans le cœur. »

Mais le plus important est sans doute le fait que le Président est responsable de la communication et de relations extérieures et le Directeur doit rendre compte au Président et au Conseil d’Administration.

 

 

Les sites Web à visiter

 

 

NOS VIDEOS

Plusieurs acteurs des vallées, membres du Conseil d’Administration du Parc National des Pyrénées, ont bien voulu répondre à nos questions et exprimer leur sentiment face à cette évolution de la législation du Parc après 41 ans de fonctionnement.

 

Robert Casadebaig, Maire de Laruns en vallée d’Ossau

La réforme du Parc National des Pyrénées inquiète les élus locaux notamment Robert Casadebaig, Maire de Laruns, pour ce qui concerne le transfert de compétence au directeur du Parc en matière de sécurité. Le cas de la route du Pourtalet.

 

 

 

Francis Caussieu, Maire de Gèdre – Hautes-Pyrénées

Maire du village de Gèdre, président de la communauté de communes Gèdre - Gavarnie, Francis Caussieu nous fait par de ses inquiétudes avec la perte de son pouvoir de police dans le cœur du Parc National des Pyrénées pour ce qui concerne l’ouverture de la route de Troumouse, source de revenus communaux.

 

 

 

Marie-Lise Broueilh, Représentante de la Chambre d’Agriculture des Hautes-Pyrénées.

Les incidences de la réforme du Parc National des Pyrénées sur l’élevage de montagne et la gestion des pratiques inquiètent.

 

 

 

Jean Lassalle, Député, Président de l’IPHB et ancien Président du Parc National des Pyrénées

Les incidences de la réforme du Parc National des Pyrénées sur l’avenir des montagnes et vallées font partie de ses préoccupations. Après s’être abstenu à l’Assemblée Nationale à l’occasion du vote de la loi de 2006, il s’oppose au projet de décret.

 

 

 

François Maïtia, Vice-Président du Conseil Régional d’Aquitaine, Président de la commission permanente du Comité de massif des Pyrénées

La réforme du Parc National des Pyrénées est une chance pour l’avenir des Pyrénées et son développement. Il est favorable à cette évolution et confiant dans l’avenir.

 

 

 

Georges  Azavant, Vice-Président du Conseil Général des Hautes-Pyrénées, Président du Parc National des Pyrénées

Il nous présente tous les avantages de la réforme tout en étant conscient des craintes qu’elle peut susciter. Ardent défenseur du Parc National, dans cet entretien il nous fait passer sa passion.

 

 

Textes et Photos Louis Dollo - Images Vidéos Alain Bouchard
Mis en ligne mercredi 1 octobre 2008-7h40