L’intervention de Catherine Pierrard

 

Nous sommes à la fois heureux et malheureux de vous annoncer la création du Comité pour la Défense et la Promotion du Centre Hospitalier de Lourdes.

 

Heureux parce que ce Comité nous a déjà permis en trois semaines, de rassembler 200 personnes au sein de l'hôpital, solidaires et motivées pour défendre leur hôpital.

 

Jérôme Borde et moi avons pris l'initiative de créer ce comité en espérant réunir le plus de monde possible, de tous les secteurs et niveaux, pour créer un outil d'information, de communication, de rencontre et d'échange afin de pouvoir être, savoir et agir tous ensemble, pour unir nos énergies et nos idées. Nous n'en sommes qu'au début.

 

Notre but est clair et simple: que nous n'ayions pas à diminuer notre offre ni notre capacité de soins, en qualité comme en quantité, que nous puissions même l'augmenter.

 

Ce Comité est relié à la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité, 150 comités sur toute la France, association qui défend le droit à la santé pour tous.

 

La Coordination Nationale, avec Christian Paul, député de la Nièvre et Président de la commission parlementaire sur les hôpitaux, a été à l'origine de l'initiative d'une table ronde sur les hôpitaux qui s'est déroulée à l'Assemblée Nationale en novembre dernier ainsi que de la demande d'un moratoire sur les fermetures, signée par 88 parlementaires.

 

Face aux derniers rapports et discours gouvernementaux la Coordination est de plus en plus sollicitée par les médias (presse, radio, télé)

 

Nous sommes malheureux de vous annoncer la naissance de ce comité parce qu'elle signifie aussi qu'il y a péril en la demeure et que nous sommes très inquièts quant à l'avenir de notre hôpital.

 

Je laisse Jérôme vous donner un aperçu de la situation:

 

…et celle de Jérôme Borde

 

La situation du Centre Hospitalier de Lourdes, sans rentrer dans les détails, est loin d’être catastrophique du point de vue de la qualité et quantité d'activité.

 

L’année 2006 a été une année exceptionnelle, 2007 l'a égalée et 2008 redémarre sous la même dynamique.

 

Nous avons un pole chirurgical qui fonctionne bien, des soignants motivés et très proches des patients.

 

Les patients qui sont soignés par nos services (Lourdais, habitants des vallées ou de passage) nous en disent le plus grand bien, en comparaison à ce qu’ils peuvent vivre ailleurs, et non loin d’ici ; gage de la qualité d’un service de proximité.

 

Cependant, le centre hospitalier subit aujourd’hui une nouvelle donne gouvernementale (la TAA : tarification à l’activité).

 

Jusqu’en 2005, il recevait une dotation annuelle pour son fonctionnement.

 

Cette dotation annuelle complémentaire est supprimée et l’activité sera désormais valorisée par les tarifs avec une aide jusqu’en 2012.

 

La T2A oblige à un équilibre financier que l'hôpital de Lourdes, comme tous les autres hôpitaux, a de plus en plus de mal à conserver. Elle nous oblige à être rentables, nous interdisant tout déficit.

 

Face à cela, la direction et quelques médecins proposent un projet de restructuration :

 

-maintien des 6 lits de réanimation

 

-structuration d’une unité de 12 lits de soins continus

 

-Regroupement des lits d’hospitalisation de chir. 1 et chir. 3 (passage de 40 à 20 lits).

 

-Maintien de Med 1 et Med 3

 

-Med 2 réorganisée: de 17 à 11 lits (chambres particulières).

Même si ce projet est nécessaire et comporte des points positifs, il ne fait pas l’unanimité du monde médical.

 

Les points négatifs de ce projet, même si nous l’entendons bien, nous sommes d’accord avec une restructuration, sont :

 

-la diminution du nombre de lits (diminution de la capacité d'accueil, manque de lits de réserve en cas d'urgence...)

 

-la suppression de postes non remplacés (13 à 17 postes)

 

-La rapidité d'application de ce projet alors que celui-ci implique une sortie précoce du patient à domicile ou dans une structure spécialisée alors que le service d'hospitalisation à domicile n'est pas prêt et ne le sera pas avant 2009.


On nous dit qu'il faudrait atteindre un nombre de 7 entrées de patients/jour pour un équilibre budgétaire alors que ce projet supprime des lits.

 

Il faut savoir que 10 lits de chirurgie ont déjà été fermés récemment, pour manque de personnel non remplacé, et qu'on éprouve déjà de grosses difficultés à trouver une place pour des patients en post-opératoire; signe que l’hôpital ne s’endort pas, bien au contraire.

 

«Que va-t’il en être en juillet-aout ou en saison de ski? Lourdes n’est pas une ville comme les autres, 6 millions de touristes par an, faut il le rappeler. Si nous manquons de lits, les patients vont devoir être transférés sur Tarbes et l’activité va diminuer. A long terme, nouscraignons une diminution de la qualité et de la quantité du service rendu, une fragilisation de notre site… »

 

Il faut savoir aussi que l’hôpital subit une fuite du personnel. En effet, beaucoup d’employés ont une situation précaire (contractuels signant des CDD de 3 ou 6 mois, certains depuis 4 ans); ils fuient vers le privé, le libéral ou d’autres établissements publics qui les stagiairisent au bout de 6 mois. Les postes proposés ici ne sont pas attractifs ni sécuritaires.

 

La direction doit rebooster ses troupes, fédérer ce projet en titularisant ses employés. A partir de là, il n’y aura plus de problème d’effectif car les employés sont très attachés à leur hôpital.

 

Le problème du maintien d’activité est l'affaire de tout un chacun (élus, médecins de ville, habitants de Lourdes et des Vallées, employés de l’hôpital). Le site possède un plateau technique et médical de haute qualité ( un scanner 64 barrettes, une mammographie numérique dernier cri,…)

 

Les habitants de Lourdes et des Vallées, qui nous disent le plus grand bien de cet hôpital, doivent se mobiliser pour soutenir celui-ci.

 

Il y a une trop grande fuite des patients vers le privé de Tarbes ou autre. Exigez d’être soignés chez vous, sinon ce site n’existera plus avec la qualité actuelle des choses ni la même offre de soins…

 

Face à cette situation que faire:

 

intra muros : résister au chantage budgétaire, refuser la fermeture de lits, demander une gestion du personnel qui fasse en sorte de garder ce personnel, s'organiser pour optimiser et augmenter l'offre de soins.

 

Extra muros:

 

au niveau local, informer davantage. Nous avons rencontré deux fois le Maire de Lourdes pour l'informer de notre situation. Il a rendez-vous la semaine prochaine à l'ARH à Toulouse. Nous attendons de voir avec quelles nouvelles il va revenir.

 

Nous avons prévu pour l'instant d'aller rencontrer les élus et d'organiser une réunion publique.

 

Nous ouvrons aussi ce comité à toutes les personnes extérieures à l'hôpital qui ont envie de le soutenir et d'être informées.

 

Pour rejoindre ce comité il suffit d'envoyer nom, prénom, adresse, tél et adresse E-mail (le plus pratique pour diffuser les infos) au Comité pour la Défense du Centre Hospitalier de Lourdes, 7 av Foch, 65100 Lourdes, avec un chèque de 5 euros et une enveloppe à votre adresse. Une carte d'adhérent vous sera renvoyée.

 

Plus nous serons nombreux, plus la Coordination Nationale sera forte et représentative.

 

Nous risquons d'avoir à nous mobiliser fortement car une fusion-absorption avec Tarbes est en vue et nous savons la maternité et la chirurgie très menacées.

 

Au niveau national: participer aux actions de la Coordination Nationale, exiger l'arrêt de cette politique de «faillite organisée et d'asphyxie programmée» qu'a dénoncée Claude Evin lui même, président de la Fédération Hospitalière.

 

Un meeting est prévu le 20 mai à Paris à l'hôpital Trousseau, réunissant à la tribune la Coordination Nationale, la Convergence des Collectifs de Défense et de Promotion des services publics, les Comités des Bluets, de Carhaix, de Clamecy, l'Association des petites villes de France et Christian PAUL, député président de la Commission parlementaire sur les hôpitaux.