Nous savons toute la sympathie que les éleveurs
pyrénéens portent pour Rolland Castells, maire de Bagnères
de Bigorre et candidat aux législatives sous l'étiquette
MoDem
le même parti politique que Jean Lassalle, de Lourdios
en vallée d'Aspe (Béarn -Pyrénées-Atlantiques).
Mais de là à perturber l'exercice démocratique du
droit d'un candidat à s'exprimer, personne ne l'envisageait.
Christian
Puyo (FDSEA), Valérie Soucaze (GEDA Haut Adour) et Pierre
Bégué (GVA Baronnies)
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Une
histoire à dormir debout.
Et pourtant, Roland Castells a décidé
d'annuler toutes ses réunions électorales
parce qu'il n'était " pas sûr de pouvoir
garantir la sérénité des débats, et
pour éviter tout risque de débordement." Selon
des dirigeants des éleveurs " s'il avait donné
un petit coup de fil pour s'expliquer ou mieux encore, répondu
à la lettre de l'ASPP,
il aurait compris que rien ne lui interdisait de s'exprimer, bien
au contraire." Il se pourrait bien que les informations
fournies par les services officiels étaient inexactes.
Dommage que Monsieur Castells ne prenne pas la peine d'aller directement,
lui-même à la source. Pourtant, Valérie Soucaze,
Présidente du GEDA (Groupement d'Etude et de développement
Agricole) du Haut-Adour ne ressemble guère à Rambo.
Pas de quoi avoir peur.
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Toujours est-il que
les éleveurs, électeurs de la 1ère circonscription,
avaient l'intention de poser des questions au candidat Castells au cours
de sa réunion publique. Après tout, une réunion publique
politique, ça sert à ça. Manifestement, pour Rolland
Castells ce ne peut être un exercice oratoire solitaire sans poser
de questions. Si le candidat s'était bien renseigné par
lui-même il aurait su que Pierre Bégué, Président
du GVA des Baronnies et Valérie Soucaze avait préparé
un petit exposé pour poser une série de questions. Rien
d'extraordinaire, rien de vindicatif, un peu toujours les mêmes
Et puis il était prévu que tout le monde quitte la salle
Mais manifestement, le principe même des questions sur "
un sujet dont il doit assumer la totale responsabilité "
semble lui être insupportable.
Roland Castells préfère tout annuler et s'adresser à
quelques journalistes dont Lourdes-Infos ne faisait pas partie. Nous obtiendrons
quand même un communiqué.
Une
réaction impressionnante
Après un moment d'hésitation pour tout annuler, l'ASPP
65 demande à 14h30 à Valérie Soucaze
de maintenir la manifestation et de trouver une salle
il pleut
!
16h, elle apprend que des Ariégeois arrivent pour apporter
leur soutien aux éleveurs des Baronnies. " Un peu
plus tard ce sont les Béarnais qui annoncent leur arrivée
en minibus et plusieurs voitures "
Décidément,
l'improvisation est efficace.
Dans le même temps, la presse reçoit un mail pour nous
convier à 21h à la salle omnisports de Pouzac. A notre
arrivée, peu de monde mais rapidement, toutes les personnes
parties à la halle aux grains pour le meeting de Rolland
Castells arrivent. La salle se remplit avec environ 300 personnes.
Un véritable tour de force. Ce qui devait être quelques
questions pour une petite réunion électorale de sous-préfecture
devenait un meeting d'éleveurs pyrénéens. Calmes,
détendus, pas d'agressivité
une bande de copains
qui se retrouvent après plusieurs mois de séparation.
L'improvisation est visible : pas de chaise, quelques bancs d'enfants,
pas de podium, quelques palettes feront l'affaire et pas de micro.
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L'assistance
: 300 personnes |
Un public attentionné |
Les
interventions
Dès les premières paroles de Valérie Soucaze,
l'atmosphère devient grave. " C'est la première
fois que je prends la parole devant autant de personnes. "
Et puis elle explique comment nous en sommes arrivés là.
300 personnes en quelques heures. Et elle nous lit ce qu'elle
avait prévu de dire à Roland Castells. Ce n'était
pas improvisé mais bien préparé. Puis c'est
au tour de Pierre Bégué. " Le problème
de l'ours engendre une campagne négative pour l'économie
et le tourisme
//
on peut craindre la destruction de
nos paysages. " Et puis " on demande de retirer
le plan ours ". Puis suit le décompte des destructions
de brebis en quelques semaines propriétaire par propriétaire.
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Pas
moins de 40 brebis mortes sans parler de toutes les manquantes encore
plus nombreuses. Dans la salle, il est interpellé " cette
nuit (nuit du 3 au 4 juin) à Esparros
" "
Et les 2 tuées à Arrodets "
la liste s'allonge
encore et nous découvrons sans difficulté que les documents
fournis par l'équipe de suivi sont faux. " A quoi bon les
écouter, ils ne disent jamais la vérité ".
Encore un sujet assez récurrent depuis l'arrivée de ces
ours.
Les couseranaises |
Christian
Puyo, Président de la FDSEA, se dit surpris de voir autant
de monde réuni en si peu de temps. " C'est que
le problème est bien réel " Il fait part
au public des diverses démarches faites. Ce matin appel
du Préfet " plus préoccupé par la
réunion de Castells que par les problèmes d'ours
et de prédations ". Sa première réaction
: " que faites-vous ? ". Et de demander qu'il
soit mis en place une cellule psychologique pour les éleveurs
Il semble bien que " le problème de l'ours soit
la dernière de ses préoccupations ". Et
oui, les RG (Renseignements Généraux) on dit que
Question interprétation du renseignement, il y a mieux
"Les éleveurs sont des gens responsables. Ils ont
su être plus de 5000 à Bagnéres sans aucun
débordement et ce soir tout est très calme".
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Bref
! Toujours les mêmes fantasmes de perturbations
Il y a plus
important. Christian Puyo lit une lettre qu'il adresse à Alain
Juppé, Ministre de l'écologie et du développement
durable et à Christine Lagarde, Ministre de l'agriculture. Il a
également alerté le Président de la FNSEA qui doit
réunir un conseil syndical mercredi. Pendant ce temps, le Préfet
attend la fin des élections.
Que
Franska en profite !
" Un ours vide tout un secteur " et comme le rappelle
Christian Puyo " on n'a pas le droit de se moquer de tout
un secteur. " Pour lui, " Hulot devrait sortir
de son hélicoptère et descendre sur terre. "
Puis suit une critique de Hulot " qui n'a pas à donner
de leçon. " |
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Claude
Vielle, Président de la commission pastoralisme de l'ASPP,
prend la parole. " L'ours va où il veut. Il faut rester
solidaire avec les victimes de l'ours. " Pour lui et l'approbation
de la salle, " l'important ce n'est pas l'ours mais les conséquences
de l'ours ". La disparition d'une exploitation, l'abandon d'une
estive, " c'est une perte de patrimoine et d'un savoir faire "
Selon lui, " l'ours c'est epsilon dans la biodiversité
parce que ses conséquences sont plus importantes que les avantages.
" Et de rappeler qu'il nous faut des associations fortes.
" L'ASPP 65 c'est plus de 150 membres avec, comme seuls revenus ses
cotisations à 5 Euros
ce n'est pas comme l'ACP
avec 15 adhérents et 230 000 Euros de subventions pour
élever 46 chiens. " Un abus de l'administration "qu'il
faut dénoncer". Il rappelle les
courriers envoyés au Préfet, la lettre
envoyée aux principaux candidats et donne lecture du communiqué
qui vient d'être diffusé suite à la réaction
de Roland Castells.
Jean-Pierre
Pommiès est de ceux de la vallée de l'Ouzoum qui ont
subi Franska sur le massif de l'Estibette. Il raconte leur calvaire
de l'an dernier tout en regrettant de " ne pas avoir fait
connaissance avec Rolland Castells " et en avouant "
avoir été content de voir partir Franska " Mais
il n'est pas satisfait qu'elle parte d'un lieu pour aller en saccager
un autre. Il rappelle à tous que " sur 73 brebis
tuées, il n'y en a eu que 19 indemnisées "
sur la partie des Pyrénées-Atlantiques " et
100 disparues ". Et de rajouter " nous n'avons
encore rien touché " |
Jean-Pierre
s'exprime |
Pourquoi
? Tout simplement parce qu'ils refusent que ce soit le FIEP,
association pro-ours qui assure le versement des indemnités. Pour
lui, le préjudice financier n'est pas important. " Le plus
gros c'est le préjudice moral qui est inquantifiable "
Il insiste en disant " le problème c'est pas le pognon,
c'est tout l'été avec le nud à l'estomac ".
Et puis il nous fait la liste de ceux qui ont fini par baisser les bras
en vendant tout ou en changeant de forme d'exploitation pour ne plus remonter
en estive.
Véronique
Estrémé explique ce qui se passe dans le Biros avec
3 ours |
Véronique
Estrémé, du Biros (Couserans - Ariège) explique
qu'elles ne sont venues qu'à 3 femmes parce que les hommes
passent la nuit à l'estive pour surveiller les 3 ours qui
rôdent dans le secteur et qui ne
sont pas mentionnés par l'équipe de suivi
. 2 500 brebis vivent avec 3 ours au milieu. Elle rappelle ce qui
s'est passé dans la bergerie de Goulier où l'ours
s'est introduit par la fenêtre. |
Claude
Vielle et Madé Maylin (Ossau) interviennent pour parler de
l'ADDIP, une association interdépartementale de la
chaîne qui regroupe toutes les associations et dont les statuts
doivent être rajeunis et mis au goût du jour ainsi que
l'association
européenne de défense du pastoralisme qui
est en train de revivre. |
Madé
Maylin |
Un
échange a lieu avec la salle où Christian Puyo souhaite
que les éleveurs soient solidaires du chasseur qui est poursuivi
pour avoir tué Canelle.
Nous pouvons entendre : " Où sont les 60% de Pyrénéens
pour l'ours ? " ou bien encore ce jeune Toy qui fait état
de 10 bêtes retrouvées tuées par " des bêtes
sauvages. " Le problème est que les " spécialistes
" ne savent pas par quelle bête. Et puis encore "
pour nous l'environnement ce n'est pas le même que celui des autres
". Et la soirée s'est terminée par ces propos :
" C'est pas après l'ours qu'on en a
On ne sait pas
contre lequel il faut retourner l'arme. " Et cette Ariégeoise
qui insiste : " je crains le pire ".
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