Le préfet Emmanuel
Berthier met en garde les organisateurs de battues d'effarouchement |
A l'occasion
du point-presse où a été dressé le bilan
de la délinquance à la fin du premier semestre 2007, Emmanuel
Berthier, préfet des Hautes-Pyrénées, a été
interrogé sur l'éventuel retrait de l'ourse Franska, réclamé
avec force par la plupart des élus du département, les
éleveurs, les bergers et agriculteurs, quatre heures après
la déclaration des conseillers généraux et des
parlementaires qui n'en démordent pas : il faut retirer Franska
et ne pas la remettre dans un autre biotope. Un rendez-vous a été
demandé au Président de la République, Nicolas
Sarkozy. Voici l'essentiel des propos du Préfet des Hautes-Pyrénées
:
Emmanuel Berthier : "J'ai
reçu les partenaires à plusieurs reprises, la dernière
fois c'était mercredi lorsqu'ils sont venus déposer 7
brebis qui avaient fait l'objet d'une prédation à Seich
trois jours auparavant. Vous
savez qu'il y a un plan de restauration de l'ours qui a été
mis en oeuvre par le gouvernement. Ce plan part d'accords internationaux
de la France. Il couvre la période 2007-2009. Il prévoit
des cas de retrait lorsque l'ours est un ours à problème.
Quand j'ai réuni avec le président Fortassin, le 22 juin
dernier, le comité du pastoralisme, nous avons parlé à
la fois de développement du pastoralisme et de gestion de la
biodiversité, notamment de l'ours. J'ai entendu un certain nombre
de prises de position disant que le comportement de Franska doit être
porté à la connaissance de la ministre en charge de l'Ecologie
parce qu'à notre sens, disaient ces partenaires, la qualification
d'ours à problème devrait être reconnue par la ministre.
Seule la ministre de l'Ecologie a cette capacité en application
d'un certain nombre de critères, de dire "cet ours est
à problème et on le retire". La secrétaire
d'Etat qui était interrogée lundi d'après les informations
dont elle disposait et que les préfets du massif des Pyrénées
remontent de façon quotidienne les informations qu'ils recueillent,
Mme Kosciuko-Morizet a indiqué
qu'elle ne considérait pas à ce stade que Franska était
un ours à problème. J'ai reçu
mercredi des éleveurs et des maires en présence du sous-préfet
en charge de son dossier, Emile Soumbo, et du directeur départemental
de l'Agriculture et de la Forêt. Franska a commis des prédations.
Ces prédations font l'objet d'une indemnisation systématique
et rapide. Les éleveurs m'ont expliqué que c'était
bien mais que ça ne leur suffisait pas. Ils souhaitent le retrait
de Franska. À ce jour, le retrait de Franska n'est pas envisagé
par la ministre. En revanche, se développent dans le département
des Hautes-Pyrénées et dans le département de la
Haute-Garonne un certain nombre d'actes
qui pourraient relever, si on n'y prenait garde, d'une forme de délinquance.
Je pense notamment à deux choses : il y a, me dit-on, organisations
de battues d'effarouchement contre l'ours qui circule dans des zones
que l'on suit. Cet
ours est descendu à une altitude basse du massif et fait l'objet,
me semble-t-il encore une fois, d'actions qui contribuent à son
affolement. La législation
française réprime les atteintes portées aux espèces
protégées. Ça, je l'ai dit
de la façon la plus claire aux maires et aux éleveurs
qui sont venus me voir mercredi. Le sous-préfet de Bagnères
a eu l'occasion d'écrire aux maires qui sont dans ce secteur
pour dire : "faites attention, vous êtes agents de l'Etat,
il faut que vous disiez aux organisateurs éventuels de ce type
d'actions que ces actions sont pénalement répréhensibles".
Deuxième sujet : je suis chargé tout comme les maires
de maintenir la sécurité et la tranquillité publique
dans le département. Voir, en dehors de périodes de chasse,
des hommes ou des femmes qui tirent, me dit-on, en l'air, je leur redis
que ceci peut être constitutif de délit. Au-delà
du fait que cela met en danger potentiel la vie d'autrui. Le sujet est
important, grave qu'il faut prendre avec toutes les précautions
qui sont nécessaires. J'ai rappelé à leurs responsabilités
l'ensemble des partenaires qui étaient venus me voir mercredi
et je continue à le faire. On ne peut pas être en situation
de risque permanent. C'est pour mettre un terme à cette situation
de risque que la ministre de l'Ecologie a demandé au directeur
de la Nature et des Paysages d'autoriser une opération telle
qu'elle s'est déjà produit en 2006 avec Balou. En 2006,
Balou n'était pas loin de Muret. Il a été endormi
et ramené dans la montagne. Depuis, on n'entend plus parler de
Balou. Ce que j'espère, c'est qu'on va pouvoir faire avec Franska
exactement la même chose. Pourquoi est-ce que quelque chose qui
aurait été faisable en 2006 en Haute-Garonne ne serait
pas faisable en 2007 en Haute-Garonne ou dans les Hautes-Pyrénées
? Ça consiste à prélever l'ours à un endroit
où il ne doit pas être de façon continue parce qu'à
la fois il est en danger potentiellement ; les actions d'effarouchement
peuvent mettre en situation de risque la vie des populations. La ministre
a donc prescrit cette mesure placée sous l'autorité du
préfet de massif, Jean-François Carenco, qui a pris ses
fonctions aujourd'hui. Il doit traiter avec l'ensemble des préfets
ce sujet qui est d'actualité. Propos recueillis
par Gérard MERRIOT |