L’Elysée à l’écoute de l’ADDIP

Un ton nouveau, en provenance de l’Elysée, semble avoir été donné aux associations de sauvegarde du patrimoine pyrénéen et aux éleveurs.
Reçus durant près deux heures par Chantal Jouanno, conseillère pour l’environnement auprès du Président de la République, Philippe Lacube, président et Marie-Lise Broueilh, chargée de mission de l’Association pour le Développement Durable de l’Identité des Pyrénées (ADDIP) qui fédère les associations départementales avec la participation des Conseil Généraux et des Chambres d’Agriculture, sont sortis assez satisfaits de cette entrevue.
Selon Marie-Lise Broueilh, Chantal Jouanno se dit « être pour le dialogue et le respect de ce que nous représentons » et « notre ressenti doit être pris en compte si nous estimons n’avoir pas été consultés. » Madame Jouanno reconnaît à cet égard, qu’il n’y a pas eu de vrais sondages.

En terme de biodiversité « nous ressentons un changement politique ». Selon la conseillère du Président Sarkozy, « l’éleveur incarne une relation à la nature que nous voulons promouvoir »…. »Nous menons une politique pragmatique », ce qui, pour les éleveurs montagnards fait partie de leur culture : capacité d’adaptation aux conditions du moment, du relief, de la météo, etc… Pour elle, «nous représentons l’écologie au quotidien…. Et le pastoralisme en est le pilier. » Les représentants de l’ADDIP ont fortement développé les conditions de vie et de travail des éleveurs de montagne qui sont au cœur de la biodiversité et dont la présence ne doit pas s’opposer à l’écologie.

Monsieur Nicolas, sous-préfet de Saint Gaudens assistait à l’entrevue et voulait laisser croire que tout était réglé au travers du Plan ours. Outre l’accident sur les personnes (Cf. américaine tuée en Roumanie) l’aspect sécuritaire a été abordé de même que la responsabilité des maires. Le sujet devrait faire l’objet d’une clarification en liaison avec le ministère de l’Écologie. Le sous-préfet reconnaît l’absence de jurisprudence permettant d’affirmer qu’un maire ne pourrait pas être pénalement inquiété.

« Les choses ont bien changé. Le pilotage de l’écologie ne sera plus basé sur des coups médiatiques » selon Mme Jouanno.

Comme il fallait s’y attendre, la question du coût de l’introduction et des budgets dispendieux des associations environnementalistes a été abordé. Selon la conseillère de l’Elysée, « une évaluation est nécessaire. » Il faut noter au passage que le 1/3 du budget est attribué au pastoralisme dont les indemnisations de sinistres et les 2/3 vont à la communication sous traitée par des associations tel que ADET, FIEP et ACP. L’ACP ne représente que 20 adhérents selon leur propre rapport d’activité pour plus de 200 000 Euros de subvention annuelle pour essayer de placer quelques chiens « Patous », diffuser un journal, un CD et quelques plaquettes.

La délégation a fait référence à Nicols Hulot quant à l’écologie intégriste concernant l’introduction d’ours : « Le plus inacceptable en général dans l’écologie intégriste (celle de la deep ecology), c’est de privilégier l’environnement ou la nature au détriment de l’homme, de choisir pour ainsi dire la nature contre l’homme. » (Cf. « Pour que la terre reste humaine » - N. Hulot, R. Barbault, D. Bourg – Ed. Seuil 1999)

Pour ce qui concerne Franska qui n’était pas l’objet de la rencontre, elle sera, par ailleurs, traitée lors de l’entrevue obtenue par la délégation haut pyrénéenne le 26 juillet avec la secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. Cependant, le sous-préfet de Saint-Gaudens a immédiatement fait référence aux conditions du protocole à remplir pour proclamer l’anormalité de cette ourse. Marie-Lise Broueilh a été très ferme sur le sujet. « Il n’est pas question d’aller à Paris pour entendre une fois de plus la référence au protocole. Nous voulons que la réalité de la dangerosité de cette ourse soit prise en compte et qu’elle soit retirée définitivement des Pyrénées. » Nous pouvons rappeler que l’an dernier, en Allemagne, l’ours Bruno a été purement et simplement abattu pour beaucoup moins de dégâts que Franska même si pour le sous-préfet qui s’arqueboute sur le protocole « le fait d’attaque des brebis ne constitue pas en soi les conditions d’anormalité d’un ours. » Il est clair que les éleveurs refusent de vivre avec ce risque.

L’ADDIP a déposé à la conseillère une étude de faisabilité sur la création d’un espace réservé où les ours pourraient être cantonnés. Il a également été demandé à ce que l’ADDIP puisse participer aux commissions d’évaluation qui doivent être mises en place dans le cadre du plan ours et à participer aux groupes de travail dans le cadre du Grenelle de l’environnement. (Louis Dollo)

Document synthétique remis par l'ADDIP à Chantal Jouanno, la conseillère "Environnement" du président Sarkozy (57 ko; .pdf)

Mis en ligne le lundi 16 juillet 21h10