La ville de Lourdes accueille les CRS de la
Compagnie 14 de Bordeaux en renfort dans la cité mariale

Chaque été, des CRS viennent renforcer les policiers lourdais , principalement dans la période qui précède le pèlerinage des gens du voyage. Jeudi, une cérémonie, programmée au palais des congrès, a permis à Michel Azot, maire-adjoint de Lourdes, d'accueillir les hommes de la CRS 14 de Bordeaux et leur capitaine Jeanneau qui seront ensuite relayés par leurs collègues de la CRS 18 de Poitiers.

Michel Azot : "Nous serons à vos côtés"

Michel Azot a souhaité la bienvenue aux CRS bordelais, espérant que leur séjour et leur mission se déroulent dans les meilleures conditions possibles. "Sachez que la ville de Lourdes fera tout le nécessaire pour que votre séjour soit le plus agréable dans les missions qui vous sont affectées. En tout cas nous serons à vos côtés. Ici, nous sommes dans la ville de Lourdes avec ses spécificités, au moins à deux niveaux. D'abord par rapport à ce qu'est une ville de pèlerinages avec une fréquentation qui va aller croissante durant cette période et avec une fréquentation spécifique aussi avec une forte fréquentation des gens du voyage qui convergent régulièrement et ce par des flux continus vers le pèlerinage qui se déroule à partir du 20 août. Comme partout en France, nous avons des flux qu'il faut réguler et aussi orienter vers des zones qui leur sont attribuées et éviter des positionnements sur des terrains qui ne sont pas appropriés. Si vous êtes arrivés par certaines routes, vous avez peut-être vu des dispositifs d'enrochement sur des parkings dont l'objectif est de sécuriser ces parkings, c'est-à-dire éviter qu'ils soient occupés. Pour cela, la ville de Lourdes a mis en place ce dispositif statique, physique au travers de cet enrochement. Elle dispose aussi de moyens humains qui sont ce que nous appelons des gardiens de ville. Les gardiens de ville sont symboles de médiation auprès de la population. C'est aussi un rôle de médiation auprès des publics qui fréquentent Lourdes et en particulier les gens du voyage. Vous aurez l'occasion de les rencontrer dans vos missions. Ce "médiateur en chef" est Antoine Gouézé qui est le référent que l'on appelle dans des situations d'interrogation en sachant que M. Gouézé est en contact permanent avec moi qui représente l'autorité municipale de façon à prendre des décisions lorsqu'on se trouve en face de situations complexes. Nous avons à vous accompagner le mieux possible en sachant que vous êtes ici dans une municipalité qui fait tout pour que les rapports entre l'autorité municipale et les citoyens de Lourdes et l'ensemble de la Police Nationale soient les meilleurs possibles, étant entendu que le respect de la loi oblige quelquefois à rencontrer quelques difficultés, je pense aussi à des spécificités comme le problème de stationnement des véhicules".

Les consignes du Commissaire Nicolas Canouet

"Je suis vraiment ravi de vous voir arriver. Dans les yeux des Lourdais, c'est un peu les tuniques bleues qui arrivent sur Fort Alamo. Fort Alamo n'a pas encore brûlé mais depuis quinze jours, on est déjà en situation difficile avec une très forte hausse de la délinquance de voie publique. Ça coïncide dans le temps avec l'ouverture du premier terrain provisoire d'accueil des gens du voyage l'Auxilium-Vizens qui contient actuellement 80 caravanes environ. Depuis que ces caravanes se sont installées, nous constatons une forte hausse des vols d'opportunité, des vols à la roulotte et des vols en tout genre. Donc, on est vraiment très content de vous voir arriver. Votre mission est un peu spécifique. Malheureusement pour vous, vous n'allez la connaître que quinze jours. Je crois que c'est une bonne mission. En tout cas, vos collègues qui étaient là l'an dernier étaient contents de la mission parce qu'elle est assez captivante. Et puis on est quand même à Lourdes et quand vous n'êtes pas de service, il y a quand même des choses intéressantes à faire tout autour. C'est une mission spécifique. Lourdes est une ville mariale qui reçoit 6 millions de pèlerins par an. Un pèlerin, ce n'est pas un citoyen comme un autre, d'abord parce qu'il peut être souvent étranger. Donc, quand un Tamoul vous demande la direction ou l'emplacement d'un hôtel, ce n'est jamais facile. Le commissariat saura toujours vous renseigner par radio. Ce n'est pas un citoyen comme un autre non plus parce que c'est un citoyen qui est presque en béatitude, et donc il ne se méfie de rien. Il est particulièrement vulnérable. Des gens sont là pour profiter de tout ça. Ce n'est pas un citoyen comme un autre non plus, il est particulièrement exigeant sur l'accueil, sur la présentation. À la fois les employés municipaux de la ville de Lourdes mais aussi les fonctionnaires de police du commissariat de Lourdes se doivent d'avoir un comportement exemplaire parce qu'on est pendant quelques jours l'image de la France. Ça peut paraître un peu pompeux de dire ça mais c'est le cas. En témoignent les nombreuses lettres de réclamations ou de critiques que l'on peut recevoir mais parfois on reçoit aussi des lettres de félicitations de l'étranger. Ça fait toujours plaisir aussi.

Passées ces quelques remarques, la spécificité de la mission : le but du jeu c'est de repousser "l'envahisseur" le plus longtemps possible et jusqu'au 16 août, date d'ouverture officielle des terrains qui sont réservés ou loués par la commune de Lourdes pour y implanter les caravanes. Plus ces terrains ouvrent tôt, plus la pression des gens du voyage est importante sur la ville en elle-même et sur la délinquance, sur les débits de boissons. Il faut tout faire pour que les dates officielles soient respectées. La date officielle c'est donc le 16 août. C'est ce message qu'il faut marteler chaque fois que l'on est en contact avec les gens du voyage. Pour éviter tout envahissement précoce, on met en place un dispositif particulier avec un système de chicanes et d'enrochement sur le terrain ABADIE qui va recevoir 600 caravanes. Vous multipliez par quatre ou cinq pour avoir le nombre de gens du voyage sur ce terrain. C'est un point sensible. Cet enrochement et ces chicanes seront tenus par vos collègues de la CRS 18. Le dispositif a été forcé l'an dernier en une occasion, la personne a été interpellée immédiatement. Cela s'est traduit par de la prison ferme. C'est quelque chose qui énerve beaucoup les gens du voyage qui vont essayer de forcer le dispositif. À part cela, il convient de repérer le plus vite possible les convois de caravanes pour les intercepter avant qu'ils ne s'installent, surtout avant qu'ils ne détellent parce que c'est pour eux un moment symbolique. Dès l'instant où la caravane est décrochée du véhicule tracteur, ils sont installés et pour des questions de principe, d'honneur, de culture, d'orgueil, il est hors de question qu'ils bougent la caravane. Pour eux, c'est ressenti comme un échec. Tant qu'ils n'ont pas dételé, on peut discuter, après c'est plus difficile. Il faut donc les intercepter avant. Certains équipages chez vous vont être destinés uniquement à cette tâche. Un renfort de motards va être mis en place. Il sillonnera les routes pour les repérer le plus tôt possible. Quand on a pris contact, on leur indique la date du 16 août et on les repousse en dehors de la circonscription en les invitant à aller prendre occupation des terrains mis à leur disposition par la ville de Tarbes ou à revenir sur Pau, à repartir. Un terrain peut actuellement les accueillir, c'est celui de l'Auxilium-Vizens. Il y a 190 places sur ce terrain. Le message principal c'est d'abord de les repousser hors circonscription.

Il y a un ton particulier à adopter avec cette population. Ce sont des gens du voyage qui viennent en pèlerinage. L'an dernier, avec la compagnie qui était restée un mois, on avait réussi à adopter une méthodologie et un ton qui ont fonctionné. Le but n'est pas de les harceler, de les provoquer, c'est d'afficher une présence policière très intense pour qu'ils ne se sentent pas chez eux, qu'ils ne se sentent pas en sécurité. On vous demande d'adopter un ton jovial et cordial mais très ferme. Ce ton est aussi à adopter avec les Lourdais parce qu'on essaye d'afficher une égalité de traitement pour éviter justement tout problème".

Photos Gérard ARRAMON
Mis en ligne vendredi 3 août 2007 - 17h25