La mort d'une ourse : Quel évènement !

Il est vrai qu'un ours slovène dans les Pyrénées, ce n'est pas banal. Un ours pyrénéen le serait il ?
Il parait que l'ours fait partie du patrimoine des Pyrénées. Mais de quel patrimoine ? Celui des prédateurs ou patrimoine du chasseur ? Du chasseur de prime comme avant 1960 ?
Et la femme, l'homme des Pyrénées, font-ils aussi partie du patrimoine pyrénéen à protéger, sauvegarder, développer ?
Les derniers événements nous amènent à nous interroger.

Outre le fait qu'une décision unilatérale est prise par le pouvoir central parisien par étapes successives depuis que François Mitterrand a eu une vision dans les rues de Foix en 1984, la mort des derniers ours comme Melba en Haute-Garonne, Cannelle en vallée d'Aspe, Palouma dans le Haut Louron puis, il y a quelques jours, Franska sur la voie rapide entre Lourdes et Agos-Vidalos imposent une certaine réflexion sur la nature relationnelle que certains peuvent avoir avec cet animal. Pas n'importe lequel… l'ours dans les Pyrénées (pas forcément des Pyrénées), animal mythique et emblématique qu'il faut protéger à tout craindre et que certains placent au-dessus de toutes les espèces y compris l'espèce humaine. Pour ces personnes sensibles au bien être animal, les brebis mutilées qui souffrent des attaques, " elles s'en foutent royalement " et le terme est faible pour certains éleveurs particulièrement attachés à leurs brebis..

On commence par baptiser des ours en allant jusqu'à lancer des concours pour trouver le bon nom. Grand concours d'un ridicule qui ne tue pas puisque de toute manière ils ne servent à rien d'autres qu'à alimenter la publicité de certaines associations et la sensiblerie parfois déplacée de certaines personnes. Mais le fait est que personne ne sait qui décide quoi au final.

Par la suite, on suit les évolutions de l'ours pour savoir si madame est " enceinte ", qui est le " papa " et si elle va " accoucher ". Des termes en principe réservés aux humains et qui font bien rire les éleveurs et vétérinaires de la France entière. Mais là aussi le ridicule ne tue pas.

Puis lorsque arrive un accident routier ou simplement naturel, l'événement devient une affaire d'Etat. Le sous-Préfet se déplace, la circulation est déroutée, on installe une tente pour protéger le cadavre, on écarte les journalistes qui veulent faire leur métier d'information…. comme sur une scène de crime pour protéger le secret de l'instructeur. Là encore, le ridicule ne tue pas sinon il y aurait beaucoup de morts chez les humains…

Des morts humains ?
Le sous-Préfet se serait-il déplacé aussi vite ? … et tout ce monde arrivé à une rapidité incroyable qui laisse à penser qu'ils n'étaient pas très loin… De là à penser que…. Franska aurait été " poussée " ? Il n'est pas politiquement correct de l'imaginer et il est tellement plus facile de laisser envisager que d'autres auraient pu " faire une battue "…

En tout cas, tous ces comportements manquent pour le moins de décence à l'égard de l'espèce humaine dont on dit qu'elle est " en voie de disparition dans les estives. " Un peu de retenue et de raison de la part des pouvoirs publics seraient sûrement plus appropriées.

Quelques dates de " décès "
  • 14 février 1947, c'est la date où le dernier ours a été tué dans les Hautes-Pyrénées par Prosper Poulot dont on déplore le décès il y a quelques semaines à l'âge de 97 ans. Cet ours n'avait pas de nom mais le récit par Prosper de cette chasse primée par l'Etat français passionnait les enfants des écoles du Val d'Azun. Une part du patrimoine pyrénéen vient de disparaître. A noter que malgré de grosses quantités de neige à Estaing, l'ours n'hibernait pas.
  • 25 juillet 2004, mort de Papillon dans les Hautes-Pyrénées. Le plus vieux mâle de souche pyrénéenne qui aurait eu environ 30 ans. Il aurait été victime d'une surdose d'anesthésiant…. Mais il ne faut pas le dire.
  • 2 novembre 2004, mort de Cannelle en vallée d'Aspe, tuée par un chasseur " en légitime défense " et qui fait l'objet d'un certain acharnement judiciaire de la part d'associations écologistes souvent très éloignées de la sauvegarde et de la problématique de l'ours des Pyrénées.
  • 25 août 2006 mort accidentelle de Palouma à Caillaouas dans le Haut Louron (Hautes-Pyrénées)
  • Et également Claude, mort dans des conditions suspectes au-dessus d'Aydius (erreur de capture par des " spécialistes " selon certaines sources) et Melba tuée par un chasseur en légitime défense.

    Ca fait beaucoup de morts connus en peu plus de 10 ans.
Le cimetière des ours

Le Maire d'Etsaut en vallée d'Aspe avait réclamé le cadavre de Cannelle pour la faire naturaliser pour son musée. Qu'en est-il ? Est-elle toujours au frigo de l'école vétérinaire ?
Et les autres ours ? Au frigo aussi ?
Par contre, pour celui d'Estaing tué en 1947, vous pouvez l'admirer au Musée Pyrénéen du château fort de Lourdes.
Que fait l'Equipe Technique Ours (ETO) ?

C'est toujours la même question. Mais il faut admettre que cette équipe a un comportement pour le moins original si ce n'est condamnable.

Alors que dimanche dernier des automobilistes ont pu voir Franska se balader à 7h40 du matin sur la voie rapide Lourdes-Argelès, l'ETO la signalait, sur son répondeur, à Gazost. Alors que depuis le 9 juillet il y a absence d'informations ou informations erronées, tous les éleveurs savaient qu'elle avait fait plusieurs prédations sur la Hautacam la veille et l'avant-veille de sa mort.
Comment le savaient-ils ?

Pas par l'ETO qui est incapable de le dire ou qui, volontairement, fournit de fausses informations. En fait, la presque totalité des éleveurs disposent de téléphones cellulaires (GSM) et de plus en plus d'entre eux disposent d'un ordinateur avec possibilité de recevoir des mails qu'ils consultent régulièrement.

Ils ont des responsables par canton qui sont chargés de rediffuser auprès des éleveurs. Parallèlement, dans un certain nombre de secteurs, les collectivités locales sont organisées de la même manière. L'ASPP 65 est partie prenante dans la diffusion des informations.

Dans les secteurs bien organisés où le téléphone GSM fonctionne, cette organisation est assez redoutable. Il est même assez facile de savoir où est l'ETO et combien de personnes. Ce qui fait dire à certains responsables agricoles que l'ONCFS et l'ETO sont " vraiment des naïfs "

Mais ce jeudi 9 août 2007, l'ONCFS a été très rapidement sur les lieux. Etaient-ils à proximité ? Savaient-il précisément où elle était.

Jacques Béhague, Conseiller Général UMP de Luz, qui passait sur la route par hasard et qui a su " forcer " les barrages et interdiction d'accès, ne cesse de répéter "... depuis dimanche on savait qu'elle se trouvait là….//…. Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas appliqué des mesures d'effarouchement. Quelle aurait été la position de l'Etat s'il y avait eu un accident mortel ?...//… Le Ministère est totalement responsable de ce qui vient d'arriver. " En qualité d'élu UMP, puisse-t-il être écouté…. Quoi que ses nombreuses lettres sont toujours restées sans réponse.
Mis en ligne mardi 14 août 2007
Louis Dollo