Ours : encore à l'écoute….

Hier après midi, le Conseiller Technique du Ministre de l'écologie était à Pau pour " écouter " les acteurs des territoires concernés par l'ours. Depuis le 26 juillet à Toulouse, curieusement, depuis des dizaines d'années, les fonctionnaires de ce ministère se mettent à l'écoute. Fait nouveau !

Après l'Ariège et les Hautes-Pyrénées, c'était au tour des Pyrénées-Atlantiques. Réunion sous très haute tension. Jean Lassalle et les élus de l'IPHB boycottaient cette rencontre après avoir été, une fois de plus, trompés. Par qui ? Nous ne le saurons pas, mais la secrétaire d'Etat n'est pas venue contrairement à ce qui avait été annoncé. Les autres acteurs étaient présents. Leurs motivations étaient différentes de celles de l'IPHB même si la solidarité sur les objectifs est totale.

François Arcangéli, Président de l'ADET-Pays de l'ours, était présent. Il tend la main à Jean-Louis Birou, Président du Groupement Pastoral de Bruges.
" Dois-je vous saluer, Monsieur ? "
Le ton est donné. Il faut dire aussi que l'estive de Bruges a subi Franska l'été dernier et que cette année un chien Patou dont le placement a été conseillé par un salarié de l'ACP sous couvert de la DIREN Aquitaine a été plus perturbateur que protecteur de troupeau. Ce qui nous fait dire que " le Patou c'est pas tout ".

A la sortie de la réunion, des participants font cette première remarque : " Arcangéli ne parle plus de cohabitation mais de cœxistence." C'est assez nouveau depuis 24 heures mais c'est aussi le titre du programme de financement européen dont il bénéficie via le WWF, Life Coex (pour cœxistence). Cela ne change rien au fond. Juste " une façade comme d'habitude pour mieux tromper ses interlocuteurs ". De son côté, la SEPANSO " ne parle plus de gagner de l'argent avec l'ours. " Pourtant, il y a un an, François Arcangéli parlait " d'une mine d'or sur laquelle nous sommes assis. " Tout ce monde " ferait-il profil bas ? ". De même, un interlocuteur nous fait remarquer qu'il n'a pas été question de " population viable mais de maintenir un patrimoine récréatif. " Récréatif pour qui ? " Pas pour les éleveurs " précise un autre.

Un participant à la réunion ressort ses notes et fait remarquer que " Lauzet (SEPANSO) a dit au sujet de Franska qu'on ne pouvait pas faire pire. " Doit-on y voir une évolution dans le ton ? " Non rassurez-vous, il manœuvre pour conserver ses subventions ".

Monsieur Prim (FDSEA), fixe clairement le cadre de l'après midi : " Retirez les deux ours à problème puis on discutera. " Position unanime sur toute la chaîne qui s'appelle de la " solidarité concertée. "… Une nouvelle forme de gouvernance des éleveurs pyrénéens depuis près de deux ans. Et il est possible d'imaginer que dans les prochaines semaines cela s'étende à l'ensemble de la France compte tenu de ce qui s'est passé récemment en Savoie ?

Monsieur Maïtia, Vice Président du Conseil Régional d'Aquitaine et représentant le Comité de Massif insiste sur la sécurité et la responsabilité des maires. Et il précise que " les Pyrénées ont été sacrifiées sur l'autel de la conférence internationale de la biodiversité. " Pour lui, la situation actuelle est pédagogique. Il constate " qu'il n'y a pas d'ours sans problème. " On s'en serait douté.
Puis il défend l'IPHB. Voilà un comportement que la très grande majorité des élus auraient apprécié lors de la réunion du syndicat mixte du Haut Béarn devant statuer sur un nouveau budget. Mais la politique a ses raisons…. Il précise que l'IPHB a fait beaucoup de choses pour le pastoralisme notamment la rénovation des fromageries d'estive. Il estime que les rapports entre l'IPHB et le Ministère devraient se régler autrement que par avocats interposés. Il propose une table ronde entre l'IPHB, le Conseil Régional d'Aquitaine et le ministère de l'Écologie pour " passer le cap ". Une proposition qui tranche avec la position de vendredi dernier.

Philippe Lahourcade ,de la Fédération des éleveurs transhumants, demande où est Franska. Bonne question que nous posions sur Lourdes-Infos et que plusieurs lecteurs se posaient également. Selon le réseau ours, les informations publiques ont été retirées depuis le 9 juillet. Pourquoi ? Pas de précisions mais probablement par peur que les éleveurs n'usent du fusil. Réaction naïve et puérile. Il suffit de suivre la bête aux prédations pour savoir, officieusement, qu'elle est toujours dans les Baronnies en Hautes-Pyrénées.
Nous apprenons par la même occasion que c'est l'ourson (déjà ours) de Cannelle qui a fait des dégâts à Estaing en mai dernier mais aussi à Arrens. Il fallait s'y attendre…

Pierre Cazassus-Lacouza, de la Fédération des éleveurs transhumants, demande lui aussi " le retrait immédiat de Franska et Boutxy et après on pourra dialoguer avec l'Etat. " Pour lui, " chacun campe sur ses positions … c'est toujours le même dialogue. " Et il précise " les arguments des écolos sont très pauvres. Selon l'ACP tout se passe bien… avec 204 000 Euros. " Mais pour lui " le pastoralisme libre est celui qui coûte le moins cher à la collectivité. "

L'intervention de Madé Meylin a permis de montrer les limites de compétence de l'ETO (Equipe Technique Ours) fortement décriée par les éleveurs. "Le berger est toujours dépendant de ces agents de l'Etat pour les constats sans aucune possibilité de contre expertise, sans aucun document de constat." "Le berger est obligé de faire confiance aux agents de l'Etat alors qu'il est victime d'une décision de l'Etat". Il y a là un manque d'équité et de transparence. Problème d'ailleurs à l'étude au sein de l'ADDIP qui a pris la décision de s'entourer des conseils d'un cabinet externe pour éventuellement engager des poursuites judiciaires.

Pour sa part, Jean-Louis Birou a traité "de l'impact sur les animaux d'élevage quant à la présence de l'ours : stress permanent, sous alimentation, déshydratation , avortements, agressivité, perte d'animaux, confort dans les parcs de nuit, etc… tout ce qui fait le bien être animal. Pour lui, il faut faire un état des lieux " pour pouvoir expliquer plus tard à nos enfants pourquoi le pastoralisme a disparu et pourquoi la montagne brûle " (Cf. Parc des Abruzes en Italie). Il nous a dit avoir remis un dossier au Conseiller Technique Alain Auvé.

Alain Auvé, le conseiller du ministre, semble rechercher des partenaires pour faire entrer les éleveurs dans les équipes d'expertise (les éleveurs préfèrent parler de constat car personne n'a le titre d'expert qui est strictement encadré par la loi). Difficile d'imaginer une telle situation même si certains souhaitent recevoir une formation au moins égale à celle des agents de l'ONCFS pour se faire sa propre opinion.

Monsieur Goïty, de la Chambre d'Agriculture, demande qu'il soit pris en compte la réalité de l'agriculture dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour lui, " tous ces débats ne servent à rien. "

Par contre, pour le Sénateur Auguste Cazalet, cette rencontre n'a pas été nulle. Pour lui, si on veut sauver l'ours, il faut des parcs avec deux ours, un mâle et une femelle. Où peut peut-être pratiquer l'insémination ? " Ce n'est pas en liberté qu'on les renouvellera. "

Ce qui peut être retenu c'est que lorsque le coût de l'introduction est abordé, c'est le silence total. Le sujet devient tabou. Nous pouvons aussi remarquer la volonté de " renouer avec l'IPHB " et le désir que l'institution ne sombre pas.
Par ailleurs, on note au cours de cette réunion, le silence des services de l'Etat et le manque de fierté des protagonistes de l'introduction. Prennent-ils conscience de leur échec ? Pourquoi communiquent-ils si peu ?
Enfin, les éleveurs prennent conscience que le combat n'est pas terminé. Rien ne se fera avant septembre, ce qui laisse la porte ouverte à tous les excès possibles. Par ailleurs l'union au sein des Pyrénées se renforce de même qu'avec les Alpes. Au-delà de l'ours, il y a aussi le loup qui est déjà sur le territoire des Pyrénées et il y a le futur avec la défense et la protection des milieux naturels.


Le Conseiller Régional PS Maïtia et l'IPHB

Au cours de la réunion du Syndicat Mixte du Haut Béarn du 27 juillet dernier, le représentant du Conseil Régional d'Aquitaine a été très clair. La région Aquitaine ne se substituera pas à l'Etat pour équilibrer le budget de l'Institution. La part est contractuellement fixée à 20%, il n'est pas question de donner un centime de plus. Et il demande au Président Lassalle de prendre ses responsabilités et " de réduire la voilure ".

Après avoir écouté tous les élus, il était clair que réduire la voilure signifiait réduire les moyens et les services rendus au pastoralisme. Ne pas " aider " c'était se mettre à dos une clientèle électorale même si le mot n'était pas prononcé.
A ce moment, Jean Lassalle dit avoir compris et bien reçu le message et tranche. Il demande à René Roze d'établir un budget sans la participation de l'Etat ni celle du Conseil régional " en réduisant la voilure avec toutes les conséquences que cela implique. " Le coup a été dur pour le Conseiller Régional. L'espace d'un instant avec un temps de silence laissait entrevoir qu'il avait saisi le piège. Le Conseil Régional PS serait le responsable de l'absence de moyens de l'IPHB au même titre que l'Etat. De son côté, le Conseil Général (MoDem) suivant l'IPHB.
Aujourd'hui, qui demande une table ronde ?
Jean Lassalle ne perd pas de temps

Le député aspois a un bon carnet d'adresses, de bonnes et solides relations avec des arguments. Au lieu de perdre son temps à Pau, il a rencontré Michel Barnier, Ministre de l'agriculture comme l'indique le communiqué de l'IPHB ci-dessous.

Communiqué de presse du 3 août 2007

Ce matin, à dix heures, le député Jean Lassalle a rencontré le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche Michel Barnier au ministère à Paris.

L'entretien entre les deux hommes fut des plus chaleureux, puisqu'au delà de leurs fonctions respectives, les deux hommes sont amis de longue date. Il leur a permis d'aborder les dossiers agricoles sensibles du département des Pyrénées Atlantiques et la situation de l' Institution Patrimoniale du Haut-Béarn(IPHB), présidée par Jean Lassalle et chère à Mr le ministre de l'Agriculture qui avait fortement contribué en 1993 à sa création.
Il s'est montré extrêmement positif.

Mr Barnier, qui se veut pragmatique, connaît bien la complexité et l'extrême sensibilité des dossiers de l'agriculture de montagne et ceux de la grande faune. Il a précisé être intervenu auprès Ministre de l'Environnement et du Développement Durables Mr. Borloo ainsi qu'auprès de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Mlle Kosciusko-Morizet.
Il a affirmé que dans les domaines de l'ours et du loup, aucune gestion n'était possible sans confier le rôle d'acteurs majeurs aux responsables locaux et notamment aux bergers, autour desquels doivent se réunir les autres. Mr Barnier a ajouté qu'il fallait s'appuyer sur des initiatives de gestion locale participative, comme celle de l'IPHB, pour les autres territoires.

Mr le Ministre de l'Agriculture a en outre tenu à exprimer sa satisfaction concernant les consensus trouvés en Pyrénées Atlantiques qui ont permis ces dernières années des réalisations déterminantes pour le maintien du pastoralisme: mise aux normes des ateliers fromagers d'estives, protection des sources et des captages d'eau, agrément sanitaire fromager de montagne etc. Il souhaite s'engager plus que jamais dans ces dossiers pour pousser plus loin les démarches de qualité et de valorisation des produits naturels de montagne.

Au terme de leur discussion, les deux hommes se sont promis d'échanger régulièrement sur l'évolution de ces dossiers et ont pris rendez-vous pour septembre afin d'établir un programme d'action concret.

Au sortir du ministère de l'Agriculture, le député Jean Lassalle s'est félicité de cette rencontre qu'il a qualifié " d'extrêmement encourageante pour l'agriculture de montagne, pour les montagnards et l'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn après la si pénible période vécue ces derniers mois ".

" Michel BARNIER est l'ami des bergers " a-t-il conclu


Louis Dollo