Les orientations pour le Sanctuaire N-D de Lourdes
par Mgr Nicolas Brouwet, évêque de
Tarbes et Lourdes
1. L’annonce de l’Evangile
Pendant les années qui
viennent je voudrais que nous fassions porter nos efforts d’accueil sur les
pèlerins individuels, les personnes malades ou handicapées, les familles et les
jeunes.
LES PÈLERINS INDIVIDUELS
Nous le savons bien, les pèlerins
les plus nombreux sont ceux qui viennent, non dans un pèlerinage porté par un
diocèse ou une association, mais en s’organisant eux-mêmes. Ce sont des
individus, des familles, des groupes d’amis. Ils viennent à Lourdes pour un ou
plusieurs jours. Leur pèlerinage s’inscrit parfois dans un voyage plus
vaste : des vacances dans les Pyrénées, en France ou en Europe. Beaucoup
connaissent déjà le Sanctuaire. Mais nombreux sont ceux qui y viennent pour la
première fois et qui ne connaissent pas le message de Lourdes. Parmi eux
certains sont baptisés mais ne savent que peu de choses de la foi chrétienne.
Certains ne sont pas chrétiens, appartiennent à une autre religion ou sont
incroyants.
Nous avons une
responsabilité particulière vis-à-vis de ces pèlerins-là. Nous devons continuer
à accueillir ceux qui viennent en pèlerinage organisé. Mais nous devons
réfléchir de manière nouvelle à l’accueil de ceux qui viennent
individuellement ; en particulier ceux qui arrivent à Lourdes sans savoir
ni ce qu’ils vont y trouver, ni comment ils vont vivre ces quelques heures ou
ces quelques jours à la Grotte de Massabielle.
Partons d’un
postulat : tous ceux qui franchissent les grilles du Sanctuaire ont une
attente. Une attente spirituelle parce qu’ils savent que, dans ce lieu
d’apparitions, le ciel a en quelque sorte touché la terre. Mais c’est aussi une
attente très concrète vis-à-vis de nous parce qu’ils ont besoin d’être
accompagnés dans leur démarche.
Je voudrais que, dans
les mois à venir, nous réfléchissions à cela : comment accueillir,
accompagner et proposer la nouveauté de l’Evangile à ceux qui viennent en
pèlerinage sans savoir ce qu’est Lourdes, sans avoir de repères dans la foi
chrétienne, sans même parfois savoir faire le signe de la croix ou prier le
Notre Père. Comment allons-nous à leur rencontre en les accueillant tels qu’ils
sont, en respectant leur rythme sans craindre de leur annoncer le Christ ?
C’est un vrai travail
d’évangélisation qui demande de la disponibilité, de l’écoute, de la patience
et un sens pastoral. Il faudra évidemment guider ces pèlerins vers des
propositions déjà existantes comme le service « pèlerins d’un jour »
ou le film de présentation du message de Lourdes. Mais il faudra aussi savoir
prendre du temps avec seulement quelques personnes sans chercher à tout prix
l’efficacité ou le rendement.
« J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose,
écrit le pape François dans l’exhortation apostolique Evangelii
Gaudium, afin que les habitudes, les styles, les horaires,
le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour
l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme
des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en
ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires, que la
pastorale ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte,
qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et
favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son
amitié. » Evangelii Gaudium, 27.
Cet accueil, cette
évangélisation est certainement d’abord le travail des chapelains, des
religieux et des religieuses. Mais ce peut être aussi celui de
volontaires, de jeunes, qui ont le désir d’annoncer le Christ, en proposant une
véritable initiation chrétienne.
Je veux, à
ce sujet, que nous proposions des catéchèses fondamentales au Sanctuaire afin
d’instruire dans la foi ceux qui demandent à avancer dans la vie chrétienne. Le
Sanctuaire de Lourdes est un lieu propice pour encourager et fortifier notre
relation avec le Christ.
Il est indispensable,
également, que des chapelains continuent, dans le dynamisme de l’Année de la
foi, à assurer une présence et des catéchèses à la Grotte, aux piscines et aux
fontaines avec le désir de faire connaître aux pèlerins combien ils sont aimés
de Dieu. Au cours des apparitions, la Vierge Marie a présenté à Bernadette le
visage de la tendresse de Dieu pour l’humanité. Cette tendresse, cette
sollicitude sont tout particulièrement visibles dans le sacrement de la
confession et de la réconciliation qui est le sommet du pèlerinage à Lourdes.
Dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape François donne la clé de toute notre
prédication : « Nous avons redécouvert que, dans la catéchèse aussi,
la première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre
de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial.
Le kérygme est trinitaire. C’est le feu de l’Esprit qui se donne sous
forme de langues et nous fait croire en Jésus-Christ, qui, par sa mort et sa
résurrection, nous révèle et nous communique l’infinie miséricorde du Père.
Dans la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce :
“Jésus-Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est
vivant à tes côtés, chaque jour, pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te
libérer”. » Evangelii Gaudium, 164.
Notre objectif est que
chaque pèlerin reparte de Lourdes avec ce message d’espérance dans le cœur.
LES PERSONNES MALADES OU HANDICAPÉES
A Lourdes, les personnes malades ou
handicapées ont la première place. Je pense que nous pouvons être fiers de la
manière dont elles sont accueillies, en particulier à l’Accueil Notre-Dame,
chez les Sœurs de Saint-Frai et au Salus Infirmorum de l’UNITALSI.
Pourquoi des personnes
malades ou handicapées viennent-elles à Lourdes ? Pour y faire un
pèlerinage dans la foi. Notre mission consiste à rendre ce pèlerinage possible
et fructueux. Il est indispensable que chacune d’entre elles soit associée,
dans la mesure du possible, à la préparation du pèlerinage et que nous sachions
nous mettre, avant, pendant et après le voyage, à leur écoute : à l’écoute
de leurs projets, de leurs désirs et de leurs attentes.
N’oublions pas que,
souvent, ce sont ces personnes malades ou handicapées qui évangélisent les
personnes « bien portantes » par leur attachement au Christ, par leur
prière, par leur joie et leur confiance dans le Seigneur. Elles fortifient
notre espérance. Bien des témoignages ont été donnés dans ce sens, venant
d’ailleurs très souvent des pèlerins les plus jeunes.
A ce sujet, certains
pèlerinages cherchent à promouvoir une plus grande autonomie des personnes
malades ou handicapées. Il est vrai que Lourdes a une longue expérience de
l’accompagnement de ces pèlerins, en particulier grâce aux brancardiers et à
tous ceux qui assistent les résidents des différents Accueils. Mais des
initiatives nouvelles apparaissent pour laisser aux personnes malades la plus
grande autonomie possible. Certains groupes leur proposent, par exemple, de
loger à l’hôtel avec les pèlerins valides. Je crois qu’il nous faut réfléchir,
avec tous ceux qui sont engagés dans ces services, à ces initiatives et à notre
manière d’être présents aux pèlerins malades.
Enfin, nous savons que
le nombre des personnes malades est en légère diminution. Notamment celles qui
sont les plus gravement atteintes. Cela est dû en partie à la difficulté
croissante de les conduire au Sanctuaire par voie ferrée. Mais il y a une autre
raison plus profonde : nous hésitons à inviter à Lourdes les personnes
dont l’état de santé est fragile. Dans les hôpitaux, les cliniques, les maisons
de retraite, la direction craint par principe de laisser les résidents voyager.
Voilà pourquoi ce sont les familles, les visiteurs, les équipes d’aumônerie
qui, dans un acte de confiance en Dieu, doivent les encourager à se rendre à
Lourdes. Non pas d’abord pour y attendre un miracle mais pour fortifier leur
vie de foi, leur espérance, leur enracinement personnel dans la vie de la
grâce.
Nous ferons, en
collaboration avec les Hospitalités et les directeurs de pèlerinages, des
propositions aux diocèses et aux aumôneries pour favoriser la venue à Lourdes
des personnes les plus fragiles.
LES FAMILLES
Les familles ont tout
particulièrement besoin d’être soutenues et aidées. Beaucoup d’entre elles
cherchent des lieux de ressourcement dans la foi où chacun, parents et enfants,
pourrait être encouragé dans sa vie chrétienne. La personnalité de Bernadette,
son humble parcours spirituel sous la conduite de Marie, la vie de foi et de
prière de la famille Soubirous au Moulin de Boly et au cachot, le climat de
tendresse qui régnait en son sein, sont autant de sujets de méditation pour les
familles.
Avec toutes les
structures du Sanctuaire, la Cité Saint-Pierre, les communautés religieuses de
Lourdes, les pensions et les hôtels, nous verrons comment accueillir les
familles, en particulier celles qui manquent de moyens financiers pour
entreprendre un tel voyage. Il nous faudra aussi travailler à l’accueil et à la
garde des enfants en bas âge pour donner aux parents la possibilité de prendre
du temps pour eux.
Signalons que bien des
grands-parents emmènent leurs petits-enfants à Lourdes pour leur faire
découvrir, pendant les vacances, ce lieu de grâce et de ressourcement. Nous
voulons, eux aussi, les encourager et les aider à organiser ces séjours.
LES JEUNES
Le
Sanctuaire est pour les jeunes une véritable école de vie. Par la liturgie, par
le service des personnes malades ou handicapées, par l’expérience qu’ils
peuvent faire de l’Eglise universelle, Lourdes est un lieu privilégié pour
découvrir, mettre en œuvre ou développer les fondements de la vie
chrétienne : la louange de Dieu, la vie sacramentelle, le service des
autres – et en particulier des plus faibles – l’ouverture à la catholicité, la
rencontre de communautés chrétiennes dans leur diversité, la proximité de tous
les états de vie, la rencontre fraternelle des pasteurs de l’Eglise – prêtres
et évêques.
Avec le service Jeunes
du Sanctuaire nous verrons comment développer de nouvelles propositions.
Notamment pour que des jeunes soient, auprès d’autres jeunes, des témoins
ardents de la foi dans le Christ.
COMPRENDRE LES ATTENTES DES PÈLERINS
Au sujet de l’accueil,
il me semble nécessaire de développer un outil d’enquête auprès des pèlerins
afin de savoir comment ils jugent la qualité de notre accueil. Il est très
difficile de prendre des décisions si nous n’avons aucun moyen objectif de
connaître ceux qui arrivent au Sanctuaire et de savoir si nous répondons à
leurs attentes. Sans ces moyens d’enquête nous raisonnons sur des impressions,
des sentiments qui ne correspondent pas toujours à la réalité. Certes les
directeurs des pèlerinages sont des collaborateurs précieux. Mais nous avons
aussi à recueillir l’avis de ceux qui ne viennent pas dans des groupes
constitués.
Il nous faudra aussi
développer notre espace de dialogue sur internet pour rester en lien avec les
pèlerins et pour nous tenir au plus près de leurs questions et de leurs
suggestions. Y compris sur le plan spirituel.
2.
L’internationalisation
Les pèlerins qui viennent de
continents différents sont de plus en plus nombreux. Ils arrivent en petits groupes,
en famille ; parfois avec des personnes malades, souvent avec des jeunes.
Ils sont originaires d’Inde, du Sri Lanka, d’Australie, des USA, du Brésil, du
Moyen-Orient, de Chine, de Corée, du Japon, d’Afrique...
Beaucoup d’entre eux
entrent en contact avec des communautés religieuses amies qui résident à
Lourdes (je pense aux sœurs coréennes, libanaises ou chinoises) et sont ainsi
introduits au Sanctuaire. Nous devons poursuivre cet effort pour rendre le
Sanctuaire accessible à tous et accueillant pour les pèlerins de tous les
continents.
C’est par notre site
internet que nous ferons mieux connaître le message de Lourdes et les
possibilités offertes pour y venir en pèlerinage. J’aimerais que nous
développions ce site avec des versions en langue arabe, chinoise et portugaise.
Avec notre télévision
en ligne notre site peut être également une aide, un soutien, pour tous ceux
qui ne peuvent se rendre à Lourdes et qui veulent pourtant être en communion
avec ceux qui prient à la Grotte.
Il nous faut
retravailler la signalétique dans le Sanctuaire. Pour la simplifier et indiquer
de manière très claire les lieux les plus importants du pèlerinage. Mais en
pensant également à ces langues nouvelles de sorte que tous les pèlerins se
sentent accueillis. Il faudra aussi que des dépliants contenant un résumé du
message de Lourdes soit accessible dans ces mêmes langues.
Nous devons aussi
poursuivre l’effort qui a été réalisé pour intégrer la diversité des langues
dans la liturgie et dans les processions. A côté du français, de l’italien, de
l’anglais et de l’espagnol, il faudra toujours être attentif aux groupes
majoritairement présents pour prévoir une lecture, des intentions de prière ou
une partie du chapelet dans leur langue.
En revanche il faut
veiller à ne pas alourdir les célébrations par la répétition des lectures de la
messe. La traduction des textes sur les écrans peut suffire.
D’une manière générale
les différentes langues doivent être accueillies dans la mesure de nos moyens.
Mais l’usage de ces langues ne doit jamais prendre le pas sur le bon
déroulement de la liturgie, sur sa beauté, sa simplicité ou sa conformité aux
rituels.
Soyons attentifs, par
ailleurs, à ce que les langues n’entrent jamais en concurrence les unes avec
les autres. Je demande à tous d’être compréhensifs à ce sujet et de ne pas
laisser se développer un esprit de mécontentement et de division. C’est
l’Esprit de Pentecôte qui doit nous animer et non la dispersion de Babel (Gn 11, 1-9).
3. L’aménagement de
l’espace de la Grotte
L’espace de la Grotte – de
l’esplanade du Rosaire au pont des piscines – est le cœur de notre sanctuaire.
Si l’accueil de tant de pèlerins est possible, c’est précisément parce que les
lieux se prêtent à recevoir la grâce de Lourdes. Le lieu des apparitions est
facile d’accès, il est resté à ciel ouvert (l’expression trouve là toute sa
force !). Le pèlerin est accueilli sur l’esplanade comme par les bras
d’une mère. Il n’a pas de porte à franchir, pas d’escalier à monter. Il est là,
tout de suite, à la place où Bernadette se tenait devant Marie. Et avec tous
ceux qui sont présents, quelle que soit leur condition, il présente sa prière
comme un pauvre devant Dieu.
Nous devons prendre
soin de ce lieu de grâce. Et dans les trois ans qui viennent nous voudrions le
réaménager pour :
·
rendre plus cohérent le parcours des pèlerins,
·
favoriser le silence et le recueillement à la Grotte,
·
trouver des solutions aux flux des groupes pendant la saison,
·
donner plus d’harmonie à l’ensemble du site.
En travaillant avec un
cabinet d’architecte il nous a semblé judicieux de repenser l’ensemble de cet
espace même si les travaux devront s’étaler sur plusieurs années pour des
raisons financières.
·
La zone qui sépare l’esplanade du Rosaire et la Grotte sera conçue comme un
espace de préparation au recueillement. On enlèvera non seulement les
distributeurs de médailles et les kiosques des cierges mais également les
fontaines pour éviter les distractions et le bruit. Cette zone sera plantée
d’arbres et invitera au silence.
·
Le parvis de la Grotte restera en pleine lumière. L’aménagement du sol
marquera ce lieu de prière et de méditation. Le mobilier sera refait ainsi que
l’éclairage de la Grotte.
·
La zone actuellement réservée aux cierges sera consacrée au geste de boire
et de se laver, geste que Marie a demandé à Bernadette et qui fait partie de la
tradition du pèlerinage à Lourdes. Les pèlerins accéderont donc aux fontaines
après leur visite à la Grotte, ce qui est plus cohérent.
Ces nouvelles
fontaines ne seront pas conçues pour remplir des récipients d’eau de Lourdes.
En effet il faut réserver ce lieu au geste demandé à Bernadette. Remplir des
bouteilles ou des bidons n’est pas un acte de prière. Il provoque beaucoup de
bruit et de mouvements. Il peut être fait ailleurs. Il nous reste à trouver le
lieu favorable.
·
Le lieu actuel de stockage des cierges sera remplacé par une sacristie
secondaire pour la Grotte. En effet la sacristie actuelle est trop petite pour
un grand nombre de concélébrants. Le nouveau
bâtiment, égal en surface à l’ancien, contiendra aussi un lieu de repos pour
les hospitaliers. La sacristie actuelle sera réaménagée avec un oratoire pour
le Saint-Sacrement.
·
Les piscines resteront à leur place et ne seront donc pas déplacées de
l’autre côté du Gave. Nous reverrons leur aménagement intérieur. Nous travaillons
aussi à la restructuration du « plateau » des piscines, ce lieu
d’attente des pèlerins qui désirent se baigner.
·
Nous allons construire une nouvelle passerelle en face des piscines. Après
cette passerelle, sur l’autre rive du Gave en remontant vers l'église
Sainte-Bernadette, nous disposerons les présentoirs pour les cierges. Ils
formeront comme une chapelle de lumière et permettront aux pèlerins d’y poser
leurs cierges individuels (les cierges les plus gros resteront à leur
emplacement actuel).
·
La nouvelle passerelle permettra donc aux pèlerins d’accéder à cette
chapelle de lumière et de repartir vers l’esplanade ou les sorties, sans passer
directement devant la Grotte. Cette passerelle permettra aussi à tous les
pèlerins résidant à l’Accueil Notre-Dame de se rendre aux piscines sans avoir à
passer devant la Grotte.
·
Une autre passerelle sera construite plus tard en face de l’entrée de
l’Accueil Notre-Dame, à la hauteur de la statue de saint Jean-Marie Vianney. De
sorte que les résidents de l’Accueil n’aient pas à passer sous les arcades pour
se rendre dans leur hébergement.
Tout cela doit bien
entendu être travaillé en collaboration avec les services de l’Etat garant des
mesures de protection contre les crues. A ce sujet, des études sont en cours pour
examiner les dispositions à prendre afin de protéger les lieux les plus
sensibles en cas de nouvelles inondations.
4. La "place de
l’Eglise"
A plus long terme, il
me semble indispensable de repenser la zone des pavillons, de la chapelle
Notre-Dame et du bâtiment abritant le musée de Bernadette et la communication.
Cet espace se trouve en zone inondable. Il nous faudra évidemment là aussi
collaborer avec la municipalité de Lourdes et les services de la Préfecture.
Avec les responsables de l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes et ceux des
pavillons nous travaillerons à réaménager cette zone pour en faire un lieu de
rencontre, de fête, de pique-nique, bref un lieu de vie pour tous les pèlerins.
Le Sanctuaire lui-même est plutôt réservé à la prière et à la liturgie. Il nous
manque un lieu de convivialité qui pourrait à la fois être constitué de salles
mises à la disposition des services et des mouvements d’Eglise pendant la
saison et d’installations pour des rencontres informelles, des moments de fêtes
et des repas en famille ou en groupe.
5. Les services du
Sanctuaire
L’ORGANISATION GÉNÉRALE
Au cours de l’année 2013 deux
projets ont été menés à terme :
·
Nous avons créé des pôles regroupant les services par métier. Il devenait
en effet urgent de trouver une organisation cohérente pour faciliter le travail
et la collaboration des vingt-deux services du Sanctuaire. La création de ses
pôles permet, grâce au Conseil du Sanctuaire qui réunit les responsables de
pôles autour du recteur et de l’économe, une plus grande autonomie des
services, une meilleure coordination entre eux et une simplification de la
communication.
·
Les services de la communication ont été regroupés et un audit a été
réalisé afin de préciser les objectifs et l’organisation de ce département.
Dans les années qui
viennent nous travaillerons à davantage de collaboration entre les pôles et les
services d’une part, entre les chapelains et les responsables de pôles d’autre
part.
Par ailleurs nous
commençons à travailler à une coopération encore plus fructueuse entre les
salariés et les bénévoles. Nous en avons une longue expérience à Lourdes :
depuis le début des pèlerinages, chapelains, salariés, religieuses, religieux
et bénévoles collaborent pour recevoir les pèlerins. Avec l’Hospitalité Notre-Dame
de Lourdes et le service des pilotes nous devons clarifier les responsabilités
de chacun et nos méthodes de travail. Tout cela pour améliorer la qualité de
notre accueil ; mais également pour fortifier l’esprit de service et de
communion entre tous ceux qui travaillent au sanctuaire.
LE PÔLE DÉVELOPPEMENT
Nous allons créer au
Sanctuaire un pôle chargé du développement, fonction qui n’existait pas jusqu’à
maintenant. La mission de ce nouveau service sera à la fois de faire connaître
le Sanctuaire à l’extérieur, de travailler plus étroitement avec les acteurs
économiques du département, et de chercher de nouveaux revenus pour le
Sanctuaire.
·
Faire connaître le Sanctuaire, c’est établir des contacts avec les agences
de voyage pour rendre possible un passage à Lourdes aux chrétiens des autres
continents.
·
Travailler plus étroitement avec les acteurs économiques du département,
c’est développer la collaboration nécessaire avec les communes des environs de
Lourdes, les offices du tourisme, les hôteliers, l’aéroport et les sites
touristiques pour coordonner nos efforts au service des pèlerins.
·
Trouver de nouvelles sources de revenus, c’est non seulement rechercher des
fonds auprès de bienfaiteurs français et étrangers ; mais c’est aussi
développer, à partir de la librairie actuelle, une petite activité commerciale
pour assurer l’équilibre financier de notre Sanctuaire.
Nous embaucherons donc
cette année un responsable pour ce pôle développement.
L’ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE
Même si la
situation économique est fragile et que le nombre de pèlerins diminue, il nous
faut absolument parvenir à l’équilibre
budgétaire en 2015. Nous cherchons donc de nouvelles ressources. Nous attendons
également des pèlerinages organisés qu’ils prennent leurs responsabilités en
versant la participation qui leur est demandée.
Nous serons également
vigilants sur nos dépenses en essayant de rationaliser nos achats et les
services proposés aux pèlerinages. Comme nous l’avons déjà fait en 2013,
certaines personnes partant à la retraite ne seront pas remplacées. Nous
devrons peut-être aussi, dans les années qui viennent, diminuer légèrement le
nombre de postes de saisonniers. Cela se fera toujours en restant extrêmement
attentifs aux personnes et à leur situation particulière.
J’aimerais remercier
tous les employés et les bénévoles du Sanctuaire. Après presque deux années
passées avec vous, je salue à la fois votre professionnalisme et votre
disponibilité pour accueillir le mieux possible tous les pèlerins. La crise
économique et les inondations, d’une part, la crise de la foi chrétienne
d’autre part, ont contribué à la diminution du nombre des pèlerins. Cela ne
nous empêche pas de faire des projets et d’être inventifs. Notre Sanctuaire a
un avenir s’il est fidèle à la mission qui lui est confiée et s’il sait
comprendre la soif de ceux qui viennent boire à la source. C’est précisément en
période de crise, de doute, d’épreuves que nous devons accueillir ceux qui
viendront chercher au Sanctuaire de Lourdes une lumière et une espérance.
Je voudrais également
remercier tous ceux qui sont nos partenaires : l’Hospitalité Notre-Dame de
Lourdes et toutes les Hospitalités, les associations et les directeurs de
pèlerinages, les congrégations religieuses, les donateurs si généreux, la ville
de Lourdes, le département des Hautes-Pyrénées et la Région Midi-Pyrénées.
C’est grâce à votre collaboration, à vos efforts, à votre confiance et à votre
amour pour Lourdes que nous pouvons accueillir autant de pèlerins chaque année.
Nous avons beaucoup de joie à coopérer avec vous et nous vous confirmons notre
disponibilité.
Je remercie enfin le
Père recteur et tous les chapelains de la Grotte. Merci pour votre ministère de
prédication et de réconciliation ! Merci pour l’espérance que vous donnez
aux pèlerins par la célébration des sacrements, par vos paroles, par votre
présence, par votre prière !
Je demande pour vous
tous la bénédiction du Seigneur par l’intercession de Notre-Dame de Lourdes et
de sainte Bernadette.
Je veux, en conclusion, laisser à votre réflexion les mots du pape François
dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium : "Il y a un style marial dans
l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons
Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de
l’affection. (…) Cette dynamique de justice et de tendresse, de
contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle
ecclésial pour l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière
maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup,
une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde
nouveau."
Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes