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Six ours introduits pour atteindre le nombre de 110 dans les Pyrénées ?

lundi 10 février 2014 par Rédaction

C’est le 7 mai 2013 que la ministre de l’Écologie du moment, Delphine Batho, commande au Muséum national d’histoire naturelle une mission d’expertise collective scientifique sur l’ours dans les Pyrénées http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/ours/Introductions/France/2013-2014-Projet-Plan-Introduction-Ours/2013-05-07-Commande-Mission-Expertise-Ours-Museum-Histoire-Naturelle.html Dès le point de départ, la commande, en elle-même est choquante lorsqu’elle fixe les objectifs de l’expertise :

  • d’une part, à la place de l’ours brun dans l’écosystème pyrénéen, ainsi qu’aux effets de la reconstitution d’une population viable d’ours brun sur cet écosystème ;
  • d’autre part, à la conservation et à la restauration des populations d’ours bruns en général, et à l’analyse de la dynamique actuelle de la population ursine pyrénéenne en particulier.

L’homme est absent des Pyrénées. Seul l’ours existe. La biodiversité se réduit à une seule espèce. Aucune allusion au développement durable, aux activités humaines, aux savoir-faire ancestraux, aux spécificités pastorales. Les Pyrénées sont « la frontière sauvage ».

La composition du groupe d’experts

Deux noms sautent aux yeux pour comprendre que les Pyrénéens n’ont aucune chance de compter dans l’espace géographique d’étude : Pierre-Yves Quenette et Luigi Boitani http://www.pyrenees-pireneus.com/Ecologistes-Ecologie/Boitani-Luigi/Luigi-Boitani-LCIE-galaxie-ideologue-homme-influence.html

Si Quenette est bien connu pour son goût du secret et son manque de franchise et de parole (Ne doit-il pas revoir le protocole ours à problème depuis 2009, confirmé en 2012 à Luz ?), Luigi Boitani l’est moins dans les Pyrénées. Par contre, dans les Alpes et en Italie, il est de ceux qui sont soupçonnés d’avoir participé à des lâchers de loups au début des années 1990. C’est, en plus accompli, le Gilbert Simon transalpin. Universitaire romain, il préside le LCIE (Initiative pour les grands carnivores en Europe) http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/Etudes-Rapports-Reflexions/LCIE-Large-Carnivore-Initiative-for-Europe/LCIE-Presentation.html c’est à dire qu’il conseille aussi bien la Convention de Berne que l’Union Européenne. Tout le monde s’incline. C’est le maître sauf que, parfois, ses communications sont approximatives.

Un rapport déjà ancien

Alors que le Ministre était au Congrès de l’ANEM à Cauterets le 17 octobre 2013, il avait ce rapport d’expert depuis le 26 septembre. En s’adressant aux élus de la montagne et en rencontrant la délégation de l’ADDIP il savait qu’il était préconisé l’introduction de 6 ours. Mais il n’a rien dit. Il n’a pas informé le public. Pourquoi ?

L’information et la participation du public

Ce rapport aurait dû rester secret jusqu’au 20 février, date d’une réunion du Comité de massif avec à l’ordre du jour la valorisation de la biodiversité. Alors que des fuites sont apparues, le service de presse du ministre de l’Écologie répondait inlassablement à toutes demandes de journalistes : « : "Le rapport que vous mentionnez sera présenté courant février par le préfet aux membres du comité de massif. Ils en auront la primeur. D’ici là, ce rapport ne sera pas remis, commenté ou présenté à la presse. J’ai fait la même réponse à tous les journalistes." Sauf qu’il existe des privilégiés tels que les organisations écologistes qui en disposaient comme FERUS et l’ADET pour rédiger leur communiqué commun http://www.pyrenees-pireneus.com/Ecologistes-Ecologie/ADET-Pays-ours/2014-01-30-ADET-FERUS-Ours-Renforcement-preconisation-Museum-Histoire-Naturelle.pdf et l’AFP qui a fuité pour une dépêche permettant à CPNT de faire une réaction à chaud sur le thème : « Plan d’introduction d’ours : ce n’est pas la priorité pour les Pyrénées ! » http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/ours/Introductions/France/2013-2014-Projet-Plan-Introduction-Ours/2014-02-03-CPNT-Plan-introduction-ours-pas-une-priorite-pour-les-Pyrenees.pdf Et puis ce week-end, d’autres ont débuté une diffusion. Normal…. L’Etat a, une fois encore, en matière de grands prédateurs, failli à ses obligations.

En effet, le code de l’environnement en matière de participation et d’information du public prévoit un certain nombre de dispositions qui ne sont même pas respectées pour les membres du Comité de massif. Il s’agit, pour l’essentiel, de la loi du 27 décembre 2012 relative à la mise en œuvre du principe de participation du public défini à l’article 7 de la Charte de l’environnement qui stipule que "toute personne a le droit d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques". Dans ce cas présent, c’est bien le contraire qui nous était opposé. Pourquoi ?

Comment participer si l’information n’est pas diffusée ? Comment les élus du Comité de massif peuvent-ils agir efficacement s’ils ne sont pas informés et s’ils ne le sont qu’en dernière minute ? Manœuvre ? Manipulation ? Dans tous les cas volonté de cacher une information depuis le 26 septembre 2013.

110 ours dans les Pyrénées : un délire

Les Pyrénées ne sont pas un désert avec personne ou une grande forêt impénétrable. Depuis longtemps déjà l’homme y est présent. Il n’a eu qu’une cohabitation forcée avec l’ours du fait du manque de moyens pour s’en débarrasser. L’ours a toujours été source de malheur pour les familles voire de blessures graves http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/ours/France/Histoire/OURS-Histoire-Paneilhe-Heas.htm ou de mort pour certains. http://www.pyrenees-pireneus.com/Faune/Etudes-Rapports-Reflexions/1845-02-00-Ours-Loups-Hautes-Pyrenees-Attaquent-population-villages-Hiver.html Il faut cesser de faire croire que sa présence était appréciée comme elle ne l’est pas quel que soit le pays du monde.

Un ours fait déjà des dégâts considérables aux troupeaux que celui-ci soit gardé ou non. De toute manière le berger ne dispose que d’un bâton pour se défendre. Que peut-il faire contre une telle bête ? Il n’y a qu’une vingtaine d’ours sur les Pyrénées faisant environ 300 victimes par an. 5 à 6 fois plus d’ours en ferait combien ? Le rapport parle de l’impact sur la faune sauvage de manière assez empirique mais ne fait aucune allusion à la faune domestique et aux hommes. Doivent-ils continuer à exister ?

Le brassage génétique indispensable

Il est certain que sans apport neuf la consanguinité est assurée et, à moyen terme ce sera la disparition de l’ours. Nous constatons actuellement que Pyros introduit en 1996 est le géniteur de toutes les naissances du massif. Que font les autres ??? Selon le rapport, de nouvelles introductions réduiraient les risques d’extinction à moins de 5% d’ici 50 ans. Nous sommes donc en présence d’une population d’ours sous perfusion pour une même période. Mais est-ce grave pour la survie de l’espèce ? Non. L’ours brun n’est pas, au niveau européen une espèce en situation défavorable. Comme le montre les diverses cartes, la population pyrénéenne est très marginale et d’un intérêt très secondaire. Quel intérêt à maintenir artificiellement cette population ? En dehors d’intérêts financiers pour quelques associations, il n’y en a aucun.

Quant au garde-manger, le rapport nous fait rêver et nous prend ouvertement pour des imbéciles. Prétendre que les Pyrénées ont un milieu favorable pour avoir des ours à la seule vue de l’existence sur ses pentes de myrtilles, framboises, baies, tubercules, herbes, faines, insectes. Et on nous rappelle que l’ours est pratiquement herbivore comme les moutons puisque le végétal représente environ 75% de son alimentation. Et mieux encore il peut trouver les charognes, gros animaux sauvages et domestiques nécessaires pour compléter son régime. Animaux domestiques…. Voilà donc nos bergers transformés en nourrisseurs d’animaux de zoo. On élève des moutons en AOP pour l’ours. C’est la seule considération que peuvent avoir ces scientifiques pour l’homme.

Et pourquoi 110 ours ?

Calcul cartésien, très scientifique. On part de la superficie des Pyrénées ou du moins de l’aire d’occupation par l’ours…. Là aussi délire total en observant les cartes. On retient les lieux de passage, on imagine des espaces mais rien de précis. On a même le sentiment qu’entre des secteurs l’ours s’envole. Mais retenons qu’il fréquente 5399 km2…. Pourquoi pas 5400 ??? Et il est estimé que la surface de l’habitat favorable est de 7000 km2 alors qu’il n’occupe actuellement que 3246 km2. Alors on fait un calcul simple : il y a 0,3 ours au km2 alors que dans les cantabriques ils sont 2,1. Sur cette même base, on évalue la possibilité d’avoir 110 ours… population viable selon ces experts alors que nous savons qu’elle ne l’est pas dans les Cantabriques avec plus de 150 ours. Il en faudrait plusieurs milliers comme le précise d’ailleurs les spécialistes espagnols. Evidemment on ne nous le dit pas. Ça ferait peur.

La lecture rapide de ce rapport nous laisse le sentiment que c’est toujours le même que le précédent. Rien de très nouveau. Rien de précis. Quelques incohérences avec nos voisins sur l’évaluation du nombre d’ours nécessaires mais bien entendu on ne dit jamais la vérité. Tout est caché comme l’a été ce rapport. Tout est dans les non-dits… Normal puisque l’humain n’existe pas dans les Pyrénées.

Maintenant que nous livrons l’intégralité de l’information aux populations montagnardes, attendons leurs réactions qui ne manqueront pas de nous parvenir.

 

Louis Dollo