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Assemblée générale de la FBTP 65 : les très grandes inquiétudes des professionnels

lundi 9 décembre 2013 par Rédaction

La Fédération départementale du bâtiment et des travaux publics a tenu son assemblée générale sous la présidence d’Antoine Nunès, vendredi en fin de journée, à l’auditorium de la CCI, et en présence du préfet Hubert d’Abzac. Après le mot d’accueil de François-Xavier Brunet, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, Antoine Nunès, président de la Fédération départementale du BTP a prononcé un discours de politique générale suivi des interventions de Didier Yedra, président du syndicat TP 65, vice-président de la Fédération du BTP 65 et de Bernard Coloos, directeur aux affaires économiques, financières et internationales de la Fédération française du bâtiment. Franck Caro, directeur de la stratégie et du développement des programmes ANRU a développé le fonctionnement et les réalisations de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) et a expliqué ce qu’il fallait attendre de la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine. Ensuite une table ronde a réuni autour du thème « Rénovation urbaine/Cadre de vie » les participants suivants : Michel Pélieu, président du conseil général des H-P, Gérard Trémège, président du Grand Tarbes et maire de Tarbes ainsi que son collègue lourdais, Henri d’Abzac, préfet des Hautes-Pyrénées, Patrick Caro, Bernard Coloos, Antoine Nunes et Didier Yedra.

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Le discours d’Antoine Nunès,
président de la Fédération départementale du Bâtiment

Mes amis entrepreneurs, partenaires de l’industrie et des services, maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre, représentants des Pouvoirs publics, des collectivités locales et territoriales, vous tous qui nous faites le plaisir de votre présence, je veux avant tout vous dire merci !

Merci d’être ici pour célébrer à nos côtés une Profession, des entreprises et des métiers que nous aimons. Merci d’être avec nous pour célébrer notre Fédération, cette organisation professionnelle puissante, réactive, responsable.

Bien sûr, j’adresse des remerciements particuliers à tous les partenaires qui nous ont fait confiance. Ces marques prestigieuses de l’industrie ou des services, ces fournisseurs, ces organismes proches de notre Profession.

Nous avons choisi de nous retrouver en famille, la famille du BTP pour faire le point ensemble, pour parler d’avenir malgré une conjoncture économique dangereusement dégradée. Nous avons voulu nous replonger dans nos valeurs, regarder nos réussites, parler de nos projets pour essayer de positiver !

Nous avons tenté de nous rassurer et d’y trouver au moins des raisons d’espérer.

Car le BTP va mal, nos entreprises vont mal !

Il est devenu presque banal de parler d’une crise économique majeure en Europe, comme si on s’était déjà fait une raison... On s’est peu à peu habitué aux chiffres lancinants du chômage, comme s’ils étaient devenus une fatalité... On ne s’étonne même plus devant les milliards explosifs de la dette, comme si le surendettement était une solution et pas un problème... On regarde se fissurer de toutes parts un système social qu’on croyait éternel. Et que se passe-t-il ? Notre pays qui fut souvent exemplaire a perdu de son aura. Ce pays qui a partagé tant de réussites se recroqueville sur lui-même.

Les chefs d’entreprise attendent un discours de vérité qui indique une direction, un discours de lucidité qui trace un chemin, un discours de courage qui entraîne à l’action et relance la machine grippée de notre économie.

Notre quotidien, c’est la recherche de nouveaux marchés, c’est la satisfaction de nos clients, c’est le combat pour récupérer, avec les dents, des paiements qui n’arrivent pas, c’est le combat pour colmater nos trésoreries en rouge, pour tenter de convaincre des banquiers aux abonnés absents. Et notre premier combat, surtout, c’est garder nos salariés et motiver nos équipes.

Derrière les chiffres glacés des économistes, il y a des entreprises en perdition. Il y a des salariés menacés dans leur travail ou déjà à Pôle emploi.

Je ne vais vous présenter qu’un seul chiffre :

5205 salariés dans le BTP en Hautes-Pyrénées en 2008, 4378 aujourd’hui ! 827 emplois perdus !! 827 familles touchées ! Et ce, partout dans le département ! Et quelle réaction ?

Il y a des dirigeants qui ne savent plus de quoi demain sera fait, et qui doutent un peu plus chaque jour. Il y a aussi des jeunes qui craignent que leur avenir ne soit plus dans nos professions. Où seront-ils lorsque nous aurons besoin d’eux pour relancer la croissance ? Que fait-on avec nos organismes de formation, CFA et autres, dont les effectifs diminuent dangereusement d’années en années ?

Depuis 2008 une crise insidieuse s’est installée et dégrade notre activité De plus la solvabilité de nos clients est amputée par une fiscalité exténuante. Comment dès lors être surpris que les prix de la construction s’effondrent entraînant dans leur chute nos trésoreries et nos marges ?

Vous nous connaissez, nous sommes une organisation professionnelle responsable qui ne se perd pas dans de simples revendications stériles. Nous voulons toutefois être écoutés.... nous voulons être respectés !

Vous connaissez nos combats, nous les exposons tout au long de l’année aux décideurs que vous êtes : tva, auto entrepreneurs, délais de paiement, concurrence étrangère,

Mais nous sommes porteurs de proposition concrètes !

Souvenez vous de l’opération « faire la ville » que nous avions mené dans le cadre de l’office du BTP et qui a vu certaines de ses préconisations d’aménagement urbain se réaliser.

Aujourd’hui, la Fédération s’emploie à défendre l’idée de la nécessité de mener une politique ambitieuse de recomposition urbaine.

Engagé par la loi du 1er aout 2003, le programme national de rénovation urbaine PNRU a été un succès, a représenté un volume de 40 milliards d’euros, et a changé la vie de plus de 4 millions de nos concitoyens. Le programme a permis une spectaculaire transformation des quartiers concernés, leur image et la sécurité s’y étant considérablement améliorées.

Pour autant, le traitement d’une fraction de ces quartiers laisse en déshérence des pans entiers de population, ce qui risque de nuire à la pérennisation des efforts consentis.

Nous aborderons ces questions lors de nos débats de l’après-midi, mais je tenais à réaffirmer dès à présent tout l’intérêt de relancer une politique de rénovation urbaine en privilégiant la déconstruction des ensembles existants et la construction de logements neufs.

Dès avant, je souhaite rappeler nous avons un besoin impérieux d’une pause réglementaire, sociale et fiscale. Les nouvelles taxes, charges et les formations obligatoires épuisent nos entreprises et leurs dirigeants. Nous avons besoin d’oxygène, nous avons besoin de stabilité dans le temps pour faire notre métiers d’entrepreneurs au milieu des turbulences. Nous avons atteint la côte d’alerte ! TROP c’est TROP !

La baisse de notre activité a entraîné mécaniquement l’effondrement des prix et l’explosion d’une forme de concurrence déloyale venue des pays les moins favorisés de l’union européenne. Chaque jour, nous recevons des offres effarantes pour une main d’oeuvre à prix cassé, des salariés à quelques euros de l’heure, qui se retrouvent sur les chantiers de certains, entassés à 6 ou 7 dans une baraque de chantier, mis à disposition 70 heures par semaine....

Le pourquoi de cette situation ? Parce que le carnet de commande est dangereusement vide. Parce que la maîtrise d’ouvrage publique comme privée se rue sans scrupule ni question sur des offres farfelues ! Alors faut-il tricher pour survivre ou bien rester honnête et perdre des marchés et disparaître ? Cette question est INACCEPTABLE ! C’est un constat d’échec.

Une petite lueur toutefois, grâce à la Cour d’Appel de Chambéry. Pour la 1ère fois en France un maître d’ouvrage a été lourdement condamné au pénal dans une affaire de travail dissimulé. Cette affaire doit avoir valeur d’exemple, les maîtres d’ouvrage ne peuvent plus faire semblant de ne rien savoir, de ne rien voir en toute impunité.

On regarde détricoter tout le maillage social que nos anciens ont bâti dans le BTP.

On parle de la famille de la construction. C’est en grande partie parce que nous avons toujours voulu offrir un modèle social performant à nos compagnons. Pour combien de temps encore ? J’en profite pour rappeler à tous que le BTP a depuis longtemps donné la preuve de sa maturité et de son réalisme sur la question du dialogue social. Le paritarisme fait partie de notre culture, il fonctionne parfaitement dans la constellation des organismes crées par la profession, qu’il s’agisse de retraite, de santé, de prévention ou de formation. Dans le domaine des relations sociales nous n’avons pas de leçons à recevoir ! Nous n’attendons comme intervention que la gestion réelle de la question de la concurrence déloyale dont nos entreprises souffrent !

Sans doute ne serons-nous pas d’accord sur tout mais nous pouvons nous rencontrer sur l’essentiel : reconstruire la France.

Le discours de Didier Yedra,
président de la Fédération départementale des Travaux Publics

Monsieur le Préfet

Mesdames et Messieurs les élus Mesdames et Messieurs les Présidents Mesdames et Messieurs les Directeurs Mesdames et Messieurs,

Chers amis

Je souhaite en propos liminaires aborder avec vous les évènements de juin qui ont bouleversé la physionomie de notre département et obligés à ce que les entreprises et leur organisation professionnelle se « réinventent ».

Sous l’impulsion du Conseil Général, et sur la sollicitation des services de l’Etat et de collectivités locales, la Fédération a mené un recensement, une actualisation quotidienne des engins et personnels de travaux-publics et aidé à l’organisation de leur mobilisation en fonction des besoins des référents travaux désignés sur chaque territoire.

Le soir même des crues, nous avons mis en place une organisation qui consistait à désigner un responsable TP de la fédération et un référent du conseil général dans chaque zone impactée.

Vu l’ampleur des dégâts et l’urgence des travaux nous n’avions pas le temps de chiffrer précisément les opérations à réaliser. Nous avons donc arrêté un bordereau de prix unitaire de matériel et de main d’oeuvre unique pour toutes les entreprises. Puis nous avons recensé quotidiennement les engins disponibles et effectué une répartition par zones en fonction des besoins

Je souhaite remercier toutes les entreprises qui ont fait passer l’intérêt collectif avant leur intérêt individuel. Nous savions tous que c’était la seule façon pour déployer les moyens nécessaires le plus rapidement possible. Et puis il y avait deux autres objectifs : D’une part, éviter que tout le monde parte en ordre dispersé et que ça devienne rapidement n’importe quoi, D’autre part, s’assurer que toutes les entreprises des Hautes-Pyrénées puissent participer, et en particulier celles qui traversaient une période difficile.

Dans cette circonstance, nous avons appris à nous connaître entre entreprises et services des maîtres d’ouvrage. Le regard qu’on se porte a changé. Et ça a permis de voir des deux côtés qu’on pouvait travailler en partenariat, en confiance.

Je veux remercier publiquement les permanents de la Fédération qui se sont constructivement impliqués au service des entreprises et de notre département.

Deux mots supplémentaires sur l’implication de la Fédération envers ses adhérents lors de ces crues :

La Fédération, dès le lendemain des crues, a informé, par tous moyens, les entreprises sur la conduite à tenir au regard des chantiers en cours, pour déclarer utilement leurs dommages, pour préserver leur capacité de production, pour mettre en place un régime d’activité partielle...

Dans de nombreux cas, la Fédération s’est substituée aux entreprises dans leurs démarches administratives rendues difficiles voire impossibles.

Fidèle à l’esprit de « famille du BTP », la Fédération a souhaité organiser une solidarité financière afin d’aider directement et concrètement les artisans et entreprises ayant eu à souffrir des événements climatiques. Durant le mois de juillet, c’est 120 000 euros qui ont été collectés, auprès des adhérents des la FBTP 65 et du réseau de la FFB. Ces dons ont été intégralement redistribués au début du mois d’août.

J’ai coutume de dire que l’entreprise est la cellule humaine la plus importante et la plus belle après la famille. C’est un lieu de développement personnel, d’intégration sociale, de dignité humaine par le travail individuel et collectif. Je crois que ces évènements malheureux nous en ont donné la preuve.

Mais l’entreprise est aussi, je le crois profondément, ce qui permettra à l’avenir de résoudre la très grand majorité des défis auxquels nous sommes confrontés.

Car l’entreprise porte en elle l’esprit d’initiative, la créativité, l’adaptation permanente, le travail en équipe, la volonté de bâtir un monde meilleur.

Encore faut-il la laisser vivre, la laisser s’épanouir et desserrer ses liens, or aujourd’hui, l’entreprise est en danger.

Car la crise que nous traversons n’est pas une crise conjoncturelle, elle n’est pas passagère. C’est une crise profonde qui nous place dans une situation d’urgence inédite et qui appelle nécessairement des réponses fortes, claires et durables !

Partout, le sentiment de mes confrères est le même :

Nous ne sommes pas compris, pas suffisamment aidé, enserrés dans des contraintes au lieu d’être encouragés.

Face à cette crise, jamais notre pays n’a autant eu besoin de ses entreprises, car ce sont elles qui pourront faire évoluer notre environnement en l’aidant à s’adapter et à se réformer !

Il faut constamment rappeler, que ce qui crée de l’emploi et de la richesse, ce sont les

entreprises. Les politiques de l’emploi devraient donc d’abord être des politiques en faveur des entreprises.

Tous les matins, les artisans et entrepreneurs réunis ici se posent quatre questions simples :

- comment générer de la croissance pour mon entreprise ?

- comment la rendre plus compétitive ?

- comment maintenir ou développer mes équipes ? Comment continuer à croire en un avenir positif ?

Ces questions simples deviennent toutefois anxiogènes depuis quelques années, depuis que nos entreprises n’ont plus aucune visibilité.

Car les travaux à court ou moyen terme liés aux crues, ne doivent pas nous faire oublier que l’activité des travaux-publics est atone depuis de nombreuses années. 80 % de notre activité étant intimement liée à la commande publique, vous comprenez que nous soyons les premiers touchés lors des arbitrages budgétaires.

Je souhaiterais enfin rappeler, que le 17 mai 2013, nous organisions un « petit déjeuner TP » dans le cadre de la campagne « on n’arrête pas le futur » de la FNTP. Notre objectif était simple, partager avec les décideurs politiques du territoire notre inquiétude en matière de désengagement sur l’entretien des infrastructures et les conséquences dramatiques sur la situation des entreprises de notre secteur.

Dois-je rappeler qu’ Un investissement est une dépense qui rapporte ?

Et pourtant tous les indicateurs démontrent une baisse du niveau de l’investissement !

En effet les décideurs sont dans des situations proches du dilemme : faut-il investir pour développer ou au contraire subir la contrainte budgétaire en économisant ?

Or la baisse des investissements a un effet direct sur le maintien de la qualité de services des infrastructures qui sont construites pour assurer un service à la collectivité et aux citoyens.

Dans ce contexte, nous sommes amenés à poser la question suivante « et si demain les Travaux-Publics s’arrêtaient ? ». la réponse est simple et le constat sans appel : les routes deviendraient vite impraticables, on ne pourrait plus, en sécurité, emprunter les ponts ni les tunnels, les réseaux d’énergie n’alimenteraient plus les foyers en électricité ou en gaz, l’eau ne coulerait plus du robinet, internet ne pourrait plus fonctionner...

Cela mettrait en péril l’ensemble de nos conditions de vie, sans parler de sa qualité, affaiblirait sérieusement les dynamiques économiques locales, et cela conduirait aussi —peut-on le passer sous silence ? — à détruire des emplois par milliers.

Pensez-vous réellement que j’exagère ?

Si ce n’est pas le cas, Mesdames, Messieurs, Gardez la volonté d’investir ! Redonnez nous la confiance en l’avenir en continuant à investir dans notre territoire.

Merci à tous de la confiance que vous nous avez témoigné en 2013 et faisons tout, ensemble, pour que cet élan, qui reste notre objectif, perdure en 2014.