Barèges : les projets de travaux de protection du village
Barèges n’est pas à l’agonie. Le village / station est prêt à accueillir les skieurs dès la fin du mois si la neige est au rendez-vous. La circulation est rétablie partout sans restriction, les réseaux fonctionnent, les hébergements sont ouverts ou le seront dans quelques jours. Quatre mois après les inondations de fin juin, tous les espoirs d’une bonne saison hivernale sont là.
Mais il reste encore à réaliser des travaux de protection du village et la reconstruction d’un hôtel 3*** et d’un camping tout en ayant une réflexion partagée entre tous les Barégeois, élargi à la Batsus, sur l’avenir et le développement économique et social du village, véritable moteur valléen avec les thermes et la station de ski.
Les travaux de protection des crues du Bastan
Selon la mairie de Barèges, les études ont été menées par le service hydraulique du RTM (Restauration des Terrains de Montagne, service de l’ONF). Des principes d’ordre technique semblent avoir été établis notamment une largeur minimum du lit du Bastan fixée en 20 et 25 mètres. Une notion qui ne semble pas avoir été la préoccupation majeure des services de l’Etat entre 1972 et 1974 lors de la construction de la résidence de l’Ayré pas plus qu’en 1987 à la création de la rue Louvois permettant un sens unique dans le village. Et à la réflexion, bien avant encore pour la construction de la Gendarmerie (aujourd’hui transformée en appartement). Et aujourd’hui, les mêmes services remettent en cause leur propre travail antérieur sans partager la technicité des uns et l’observation, l’histoire et le vécu des autres qui vivent au quotidien avec tous ces risques. De là, découlent à la fois de nombreuses questions et beaucoup d’incompréhension comme en témoigne la réunion qu’ils ont organisée dimanche soir.
Nous allons essayer de comprendre et de questionner par l’image, ce qui s’est passé et ce qui est envisagé pour faire face au futur. Il appartient aux seuls Barégeois et à ceux de Labatsus et des propriétaires de résidences secondaires qu’ils voudront bien associer de juger, apprécier, discuter et décider de telle ou telle opportunité.
Tout débute au Pountou à l’intersection des vallées d’Ayguecluse et d’Ets Coubous. Le passage sous le pont est insuffisant et déjà, à cet endroit, des dégâts importants sont constatés et ont été réparés. Preuve que les sinistres ne sont pas uniquement dû au « bétonnage » de la vallée comme le remarquent certains « écologistes » mais au fait d’un débit extraordinairement anormal. Les rives ont d’ailleurs été détériorées jusqu’au parking de Tournaboup où la canalisation sous le parking s’est avérée insuffisante. En aval du confluent Ayguecluse / Bastan, le terrain Laporte a été partiellement emporté. Rien à voir avec les installations de Tournaboup mais phénomène naturel. Même chose avec l’ancienne route plus en aval et avant d’atteindre l’avalanche encore au fond du Bastan le 18 juin. Par contre, c’est le début des arbres arrachés, conséquence d’une absence d’entretien des berges puisqu’il est juridiquement interdit d’y toucher. Notion à revoir dans le cas de torrents de montagne à distinguer des crues de la Seine ou de la Marne.
A l’entrée amont de Barèges, avant même d’avoir atteint les premiers murs « bétonnés » de la vallée, ce sont deux maisons qui sont emportées (et elles n’étaient pas nées de la dernière pluie) et une autre en suspension du fait d’un glissement de terrain. Difficile de prétendre que cette situation est la conséquence des aménagements de Barèges.
A partir de cet endroit, un premier pont ancien saute, rogné par les côtés il est totalement détruit. Un second pont neuf, donnant accès à la résidence « Les Bois de Marie », suit le même sort. Pourquoi ? A-t-on recherché les causes ? A-t-il formé un barrage…
Le Bastan s’engouffre derrière l’Hôtel du Tourmalet et la caserne. Prend ses aises en s’élargissant sur le terrain militaire rive gauche et creuse le lit de plusieurs mètres au point de déstabiliser les fondations de la caserne. Au passage, il détériore le mur de la rive droite et le canal de dérivation du Bastan lorsque l’avalanche, comme cet hiver en février, risque de faire barrage.
Encore un pont mais le Bastan passe à côté. Pourquoi ? A-t-on analysé les vraies raisons ? La rue Louvois est en grande partie détruite. Les réseaux sont hors d’usage. Il faudra tout reconstruire. Et c’est là que la population barégeoise émet des réserves. Elargir le Bastan, perdre des places de parking, peut-être, mais pas n’importe comment. Pourquoi vouloir faire plus large que la digue Louvois ? Pourquoi élargir rive gauche et pas rive droite ? Les causes de l’inondation sont-elles dues à la largeur (la même que derrière la caserne) ou un manque de solidité des constructions de 1987 ? Pourquoi détruire le pont qui donne accès au chemin en direction de la Montagne Fleurie, de Saint-Justin à Sers, au GR 10, au boulodrome, attraction pour de nombreux curistes et au sentier pour personnes à mobilité réduite ? Malgré les apparences, il s’agit là d’un atout commercial touristique indiscutable. A-t-on demandé l’avis aux acteurs économiques de Barèges ?
Puis le Bastan se dirige derrière la caserne des pompiers, fini par oublier le pont des Artigalas et se dirige sur les bâtiments du RTM, ceux-là mêmes, des services de l’Etat, en charge de toute la compétence technique pour protéger Barèges depuis… Napoléon III. A voir ce qui reste des bâtiments, l’objectif est réussi et le résultat inspire à la confiance. D’où, sans doute, la nécessité de partager les compétences, les connaissances, les expériences et le savoir avec les Barégeois…. Peut-être aussi la même chose pour les avalanches….
Une fois la destruction du RTM passée, c’est l’arrière de la résidence de l’Ayré qui pose problème. Une grande partie du parking disparaitra ainsi que la route d’accès. Il ne restera qu’un camping-car en stationnement.
Et c’est l’ancienne gendarmerie dont la digue à l’arrière et en fond de cours était pratiquement inexistante. Pour le Bastan, passage facile pour rejoindre la route de Luz et venir irriguer le camping de La Ribère qui n’en avait pas besoin. Manque de digue ? Construction inappropriée ? Le fait est que la vieille digue à l’arrière du HLM a résisté mais c’est celle-là qui sera détruite pour élargir le Bastan tout le long du camping et jusqu’à Barzun où le pont sera reconstruit beaucoup plus long sur un Bastan qui fera entre 20 et 25 mètres de large bordé de part et d’autre par des digues plus élevées afin de protéger notamment les thermes.
Passé le pont de Barzun, on amputera le terrain de la résidence rive gauche pour élargir le lit qui trouvera, en aval, un espace déjà réaménagé et… très large.
Des implications économiques et sociales
Les travaux de protection envisagés ne peuvent pas, selon l’association Barèges-Labatsus, se limiter à la seule prise en compte de données hydrauliques du Bastan. Les enjeux dépassent cet aspect technique et conditionnent la survie du village et de la station thermale et de ski. Selon eux, les choix techniques doivent prendre en compte « les incidences économiques et sociales qui conditionnent l’emploi et la fixation des familles au village. Derrière, c’est l’avenir de l’épicerie, de l’école, des services publics…. Penser par exemple que le camping c’était 15000 nuitées donc des bouches à nourrir qui ne sont plus là ». Et s’il n’y a plus de bouches à nourrir, l’épicerie, le boulanger partiront. Et avec eux des familles. L’école fermera. Et que restera-t-il pour les touristes sans boulanger ni épicerie, ni activité pour les enfants en vacances ? A leur tour les touristes partiront… Bref c’est la chaîne infernale de la décadence économique et sociale qui ferait de cette station thermale et de sports d’hiver un village fantôme. Est-ce acceptable ?
Le problème n’est donc pas limité à celui de quelques places de parking (90 à 100 places selon l’association) et quelques commodités pour les hôteliers et commerçants comme certains le laissent entendre, mais concerne toute la vie du village voire même de Labatsus si nous incluons les emplois qui touchent tous les habitants de la vallée, les loueurs de meublés, les artisans, les restaurants, etc… y compris les éleveurs qui écoulent leurs produits en circuit court et qui, eux, ont déjà perdu pour certain, des surfaces de terres agricoles.
Les Barégeois veulent savoir
Dans cette fronde légitime qui s’organise autour de l’association Barèges-Labatsus, peut-être n’y a-t-il qu’une erreur de communication. Du moins, il faut l’espérer.
Après avoir présenté une première mouture d’un projet à la mi-juillet, ce n’est que mardi soir (29 octobre) que Frédéric Dupin (DDT) est venu présenter le projet de travaux de protection du village à certains conseillers municipaux. La réunion de chantier du mercredi matin a été l’objet de la colère de quelques Barégeois qui, directement concernés, n’ont pas été tenus informés de ce qui se préparait. L’absence d’informations claires et précises tout autant que l’absence de partage dans la conception du projet n’ont fait qu’amplifier la colère.
Du côté de la mairie, Laurent Marcou nous assure que toutes les parties, c’est-à-dire sous-préfet, RTM, DDT « sont d’accord sur le principe d’organiser une réunion publique ». Reste à choisir la date. Du côté des forces vives de Barèges qui vont du commerçant au retraité, on veut savoir et participer pour « que l’avis de la population soit pris en compte et que toutes les solutions possibles soient étudiées et exposées, avant le commencement des travaux ».
Ce qui manque probablement dans ce projet d’Etat, et dans beaucoup d’autres qui engagent l’avenir structurel d’une vallée après un fort traumatisme, ce sont :
1/ Une vision globale du projet tenant compte, bien entendu, de ses aspects techniques, mais également économiques, sociologiques, historiques, culturels….
2/ La confrontation des savoirs sur le territoire afin que chacun s’approprie le projet et participe à la réalisation à son niveau de compétence.
Une réunion des conseillers municipaux de Barèges doit avoir lieu mardi soir. Il convient d’en attendre les décisions qui seront prises.
Appel à pétition de l’association Barèges-Labatsus
Compte tenu de la situation, l’association Barèges-Labatsus lance un appel que nous reproduisons ci-dessous :
« Mairie de Barèges et Préfecture des Hautes Pyrénées : Nous demandons des informations précises et que l’avis de la population soit pris en compte avant le commencement des travaux de reconstruction de Barèges.
« Suite à la crue de juin 2013, des travaux de reconstruction doivent être envisagés dans le village de Barèges. Selon des rumeurs, les projets envisagés, qui n’ont pas été exposés officiellement et publiquement, semblent ne pas prendre en compte l’importance de l’activité touristique du village. Nous demandons à ce que des informations précises nous soient communiquées, que l’avis de la population soit pris en compte et que toutes les solutions possibles soient étudiées et exposées, avant le commencement des travaux. Le village a déjà été très impacté par les événements climatiques de 2013 (avalanche en février, crue en juin). L’activité touristique, qui constitue la principale ressource sur la commune, a été particulièrement touchée. Les décisions pour la reconstruction du village conditionneront l’avenir touristique, économique et social de Barèges. Les pouvoirs publics ne peuvent prendre ces décisions de façon unilatérale sans prendre en compte les enjeux qui permettent aux professionnels et aux villageois de continuer à vivre dans leur village ».
Cet appel est accompagné d’une pétition : http://www.change.org/fr/organisations/association_bareges_labatsus
Louis Dollo
A voir en photo (en cours de création) :
- Barèges : Crue, inondation et travaux de protection du village http://www.pyrenees-pireneus.com/Villages-Vallees/France/Hautes-Pyrenees/Vallees-Gave/Pays-Toy/2013-Crues-Inondations/Bareges-Crue-Inondation-Travaux-Protection-Village.html
Rédaction
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