Pour la maraude du Samu Social 65, le 31 décembre a été un soir comme un autre…

En ce dernier soir de l’année, à l’heure où beaucoup s’apprêtent à aller faire la fête, danser, dîner en famille ou entre amis pour accueillir la nouvelle année, l’équipage du Samu Social 65, lui se prépare à effectuer sa maraude quotidienne sur Lourdes et Tarbes. Pas de répit pour la misère, la faim, l’exclusion et la solitude, même la nuit du réveillon de la Saint Sylvestre !

La fine et pénétrante bruine qui tombe ce soir-là sur les épaules des équipiers du Samu Social aurait pu les faire rêver de chaleur, de convivialité…mais même sans réquisition ou obligation de service, ni envie d’une quelconque reconnaissance, ces bénévoles savaient qu’on les attendait dans la nuit pour manger, s’abriter, serrer la main et…parler !

Du 1er novembre au 31 mars, Jean-Claude, le responsable du Samu Social 65, assisté d’équipiers bénévoles de la Croix-Rouge, organise tous les soirs la maraude avec compétence, calme et disponibilité à toute épreuve mais avec une main de fer dans un gant de velours : « on se calme…« on dit son nom… », « on enlève son bonnet »…, des petites choses qui font partie de la vie et que la rue ne doit pas faire oublier…

Parti de Lourdes de la rue du Bourg avec Jean-Claude au volant, le véhicule du Samu Social dûment chargé en nourriture débute sa maraude vers les Sanctuaires où, face à la basilique, un homme a préparé comme tous les soirs son couchage sur le marbre glacé et humide d’une porte cochère : un peu de soupe chaude, un colis, et des souhaits… pour une meilleure année !

Puis passage par la gare de Lourdes où une dame et trois hommes souhaitent avoir un hébergement, « pour faire ma toilette et dormir au chaud », glissera Anna à l’accent polonais. Sur appel au 115, Jean-Claude leur dira que quatre chambres sont libres dans un centre d’hébergement …sur Tarbes, ce qui n’a pas l’air de leur plaire… : ils aimeraient rester à Lourdes et « demain ils reviendront ici de toute façon… ». Mais ils ont envie d’être au chaud surtout cette nuit-ci et trois d’entre eux monteront dans le fourgon du Samu Social, direction Tarbes : un seul ne voudra pas d’un hébergement où il serait obligé de quitter des yeux sa chienne et son chiot de quinze jours, les biens les plus précieux de sa triste vie … : alors il prendra le sac de provisions pour lui et des croquettes pour sa chienne et passera la nuit dans un abri de fortune aux côtés de ses compagnons à quatre pattes !

A Tarbes, l’arrivée place de Verdun du véhicule si reconnaissable fait sortir de la nuit deux femmes et un homme qui squattent par là et apprécient les sacs de victuailles que remplissent Jean-Claude et Bertrand ainsi que les verres de café bien chaud : Les mains se serrent, la bénévole féminine reçoit les incontournables bises du nouvel an et un reconnaissant « merci d’être là à cette heure-ci ! » Un peu plus tard devant la gare deux hommes obtiendront sur appel au 115 des hébergements dans deux centres différents, dont un « pas avant minuit… » : les derniers pour la nuit ! Puis ce seront d’autres rues de Tarbes, sombres, humides sans guirlandes… et certains recoins bien connus des équipiers du Samu Social…

Une trentaine de colis de denrées alimentaires distribués, cinq personnes abritées à leur demande, le Samu Social peut repartir vers Lourdes où d’autres missions attendent les bénévoles de la Croix- Rouge …

En cette nuit de la Saint- Sylvestre, le Samu Social comme la police, la gendarmerie, les pompiers ou des urgentistes, a « travaillé » pendant que d’autres festoyaient afin que personne ne soit obligé de dormir le ventre vide dans la rue : et on se prend à rêver d’un grand centre d’hébergement social où seraient accueillis en toute dignité ces hommes et ces femmes à qui la vie n’a pas fait pas de cadeaux…

Josiane Perez