Site d’informations en ligne, sur Tarbes et le Grand Tarbes

  Informations Lourdes et Grand Tarbes  Informations Lourdes et Pays de Lourdes  Informations Bagnères de Bigorre  Informations Argelès-Gazost Vallées des Gaves  Informations Pays de Lannemezan  Information Pays du Val Adour  Informations Hautes-Pyrénées     
         

Pyrénées - Pièges à ours, pièges à « C... » : Il n’y a rien d’autre à voir que la colère

vendredi 30 décembre 2011 par Rédaction

Le titre suffit à lui-même quand une certaine presse régionale de salons toulousains découvre avec près de deux semaines de retard une actualité malheureusement quasi quotidienne au fond des vallées pyrénéennes. Une recherche du sensationnel à une période de l’année où l’information fait défaut pour couvrir les colonnes d’un journal sans jamais analyser le fond de la problématique de l’acceptation sociale d’une contrainte imposée et du devenir des montagnes et des populations montagnardes pyrénéennes.

Que veut-on faire de ces montagnes ? Un immense zoo pour écolos en mal d’existence ou un lieu de vie et de travail de gens qui, depuis des millénaires, occupent ces espaces et les entretiennent pour nous offrir les paysages et la biodiversité que nous connaissons et tant appréciés des touristes ? Est-ce à des associations externes des territoires concernés venant de Paris, Marseille, Pau ou même d’Arbas qui n’a vu l’ours que les jours de spectacle de lâchers, de décider de l’avenir des villages en méprisant la représentativité des élus locaux ?

Pourquoi parle-t-on toujours d’ours et d’opposition entre pro et anti mais jamais de développement durable des vallées, de production de qualité dans le cadre d’activités traditionnelles raisonnées et de l’exercice d’une gouvernance démocratique par ceux qui vivent au quotidien dans ces montagnes ? Pourquoi les éleveurs sont-ils toujours mis en accusation et, à l’occasion, les chasseurs, sans jamais parler des forestiers, des randonneurs, promeneurs et chercheurs de champignons qui se font agresser au détour d’un chemin pour, parait-il, « ne pas déranger tel ou tel animal » ?

La réalité n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Il faut venir la voir et la vivre sur le terrain. Il faut aussi s’abstenir de la colorer d’approximations, amalgames et mensonges pour coller au politiquement correct défini par quelques associations.

Exposé des faits

Vendredi 16 décembre au matin, P. B., un éleveur sans histoire qui ne souhaite pas s’exprimer devant la presse, va rendre visite à ses chevaux situés dans un enclos au fond de la vallée de l’Orle (Ariège), à proximité du parking de « La Pucelle ». Première surprise, l’enclos est ouvert et les chevaux ont disparu. Dans l’immédiat, il pense à un petit conflit de voisinage local. Mais, très vite, il constate la présence inhabituelle de pots de miel dans lesquels il observe du verre pilé et... des pilules bleues. Pensant à une vengeance personnelle et que quelqu’un en voulait à ses chevaux, il prévient les gendarmes qui, eux, font une autre interprétation. Les chevaux ne mangent pas de miel, même pour les empoisonner, et de toute manière l’enclos est ouvert pour les faire partir. Au final, ce seront 37 pots qui seront découverts entre le parking et la prairie avec un agrainage au maïs.

Qui a pu faire le coup ?

Une analyse ADN des pots a été réalisée. Reste à confondre cette éventuelle ADN avec des suspects potentiels. Des éleveurs ? Pourquoi pas ? Vu le niveau de colère et de désespoir dans lequel se trouvent certains d’entre eux, tout est possible. Quelques-uns vont jusqu’à dire qu’ils n’ont « plus rien à perdre ». Pour d’autres à Sentein, « dès qu’il y a un problème de travers, on désigne l’ASPAP. C’est toujours l’ASPAP et ses membres qui sont suspects. Alors qu’on nous mette tous en examen, on prendra un avocat et on verra ». Le ton monte ! Et de suite un autre éleveur complète : « C’est peut-être que le début. Il va y avoir des actions plus fortes. Le sous-Préfet ne fait rien. L’État sème et il récoltera ce qu’il a semé ».

Michel Estrémé, exprime sa colère face à toutes ces histoires autour de l’ours. « Je ne sais pas qui a fait ça. Ces pots étaient trop en vue. Ça ne sert à rien. Pour moi c’est de la provocation mais je ne sais pas qui. C’est trop flagrant pour que ce soit un éleveur. Sur un parking, dans le pré à côté et sur le bord d’un chemin pour que ça se voit. Un éleveur aurait été plus subtile  ». Et il poursuit : « Ici, dans la vallée, je ne crois même pas que quelqu’un soit capable de faire ça »

Et les vigiles ?

« Je n’en ai jamais vu. Personne n’en a parlé. Ça aussi ça devait être de la provocation » nous dit Michel.

Ainsi donc il y aurait des patrouilleurs, selon FERUS qui rendent compte à un vigile. Des patrouilleurs très discrets qui n’ont rien vu ou qui n’existent pas. A moins que…. Non, non, nous n’accusons personne.

Nous nageons en eau trouble. Néanmoins, du côté du Parquet de Foix, l’enquête se poursuit.

Pour le Procureur de la République, Olivier Caracotch : « Il ressemble plus à une provocation qu’à une véritable volonté de nuire. Les pièges ont été déposés dans un endroit public, où on savait qu’ils seraient découverts. Ils auraient été nettement plus efficaces, et dangereux, s’ils avaient été dissimulés. Cet acte ressemble à un coup de pied dans la fourmilière ». Mais il précise au sujet du mode opératoire que celui-ci "laisse à penser qu’il s’agissait de montrer l’opposition à l’ours, d’un acte de provocation, plus qu’un acte destiné à porter atteinte à l’espèce". A-t-il pensé à la provocation écologiste, ce qui ne serait guère nouveau ?

Par contre des enquêteurs ont pensé aux chasseurs. Mais ça ne colle pas avec le rendu du jugement du Tribunal Administratif qui s’est fait après la découverte des pots de miel. Donc, qui ???
Et où étaient les vigiles de FERUS et de l’ADET ?

Les bergers ont un savoir-faire

Un savoir-faire de plusieurs siècles qui est capable de ressortir d’un moment à l’autre. « Dans les Asturies, ils l’utilisent couramment contre les ours et les loups. Ils n’ont pas d’autres solutions pour protéger leurs petits troupeaux ». Et encore : « Les anciens l’employaient. Ils n’avaient pas les produits chez les commerçants. De toute manière c’est interdit » nous dit un vieil éleveur. « On a tout dans la nature, on la connaît, pas eux ».

Il est bien sûr question de poison. Pas besoin de miel d’autant qu’à cette époque, normalement et officiellement, les ours sont entrés en hivernation. On nous aurait encore menti ?

La colère est profonde....

« Il y en marre des écolos, des ours et des gardes qui passent leur temps à nous provoquer. Avec un sous-Préfet qui se promène et ne fait rien » (Cf. visite sur une estive au-dessus de Seix). De son côté Michel Estrémé nous fait part du « désarroi des éleveurs  ». Et il se reprend. « C’est comme dans une guerre. Soit on se rend ou alors il faut que les élus fassent quelque chose  ». Pour cet homme d’ordinaire calme, nous sentons qu’il est au bout du rouleau.

Le discours de Rémi Denjan, coprésident de l’ASPAP n’est guère différent. Au sujet des pots de miel : « L’ASPAP n’a pas à juger cet acte. Ce n’est pas le fait de l’association  ». Et il poursuit : « Ni encourager, ni condamner. Vu la situation les gens se réveillent dans le Couserans. La situation se durcit ». C’est clair. Éventuellement l’ASPAP pourrait bien soutenir des actes isolés de désespoir. Et il précise : « Cet acte, d’où qu’il vienne, démontre bien qu’il n’y a pas d’acceptation sociale de la présence de l’ours dans ce territoire. Les éleveurs hésitent à retourner en estive. Certains resteront en bas l’été prochain. Ils ont déjà pris leurs dispositions. Si la situation n’évolue pas, ce genre de choses risque de se reproduire mais avec une autre proportion et avec d’autres moyens ».

Philippe Lacube, que nous avons joint sur son exploitation aux Cabanes, loin du Couserans, nous dit tout ignorer sur l’origine de ces pots de miel. Pour lui, il s’agit d’un acte "symbolique de la non acceptation de l’ours dans les Pyrénées ». Et il précise : "Je ne sais pas qui est derrière ça. Ce que je peux dire c’est qu’on est dans un processus de confiscation du territoire, on en fait un territoire réservé à l’ours, pas à l’homme, et les gens réagissent. Ils vont commencer à se révolter". Loin l’un de l’autre, il tient le même discours que Jean Lassalle face au Parc National. Sans se concerter, c’est bien le même constat qui est fait d’un bout à l’autre des Pyrénées.

L’avertissement est clair pour les pouvoirs publics. D’autant que sur le versant Haute-Garonne et Val d’Aran, la détermination est la même que lors de la manifestation de Lès en 2008 après l’agression d’un ours sur un chasseur.

Et de rappeler les provocations écologistes, voir même des services de l’Etat, de ces derniers temps :

• Demande de lâchers de 17 ours versant français sur l’Ariège, la Haute-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques. Très probablement, au milieu, les Hautes-Pyrénées bénéficieront des dommages collatéraux.

• Conférences d’Altaïr le plus souvent avec très peu de personnes (7 à Argelès-Gazost dont 2 observatrices de l’ASPP 65)

• Préparation de lâcher de 2 ourses en Navarre et Aragon (Espagne)

• Dossier qualifié de « mensonger » pour la demande de lâcher de 17 ours

• Agressivité physique lors de certaines réunions

• Attaques informatiques

• Mise en place de vigiles et patrouilleurs

• Existence de caméras de surveillance sans aucune autorisation administrative et de manière totalement illégale avec la bénédiction des Préfets.

• Des constats de dégâts faits n’importe comment par des personnels pas toujours compétents.

• Des commissions d’indemnisation aux décisions à géométrie variable

• Absence de rapport suite à l’enquête publique de février 2011

• Les doutes du Procureur de la République exprimés auprès de la presse

• Etc...

La liste est encore longue avec de nombreux éléments qui participent à la colère que certaines associations départementales de la chaîne opposées aux introductions admettent difficile à contenir.

Un silence écologiste surprenant

Alors que d’habitude les associations de protection de la nature ont tendance à se répandre et s’offusquer de tels actes, depuis le 16 décembre, que les pots de miel ont été découverts et qu’ils en ont connaissance au même titre que les autres acteurs locaux, ils n’ont fait aucune communication. Mieux encore. Le forum de l’ADET a disparu. Plus de dialogue, au moins public, avec la base. Le système se ferme sur lui-même. Pourquoi ?

Depuis mercredi, toutes ces associations, que nous savons toujours actives, sont aux abonnés absents. Auraient-elles quelque chose à se reprocher ? Quels secrets cachent-elles ? Silence radio depuis le 9 décembre du côté d’Arbas http://www.paysdelours.com/

Chez FERUS, même silence sur ce sujet http://www.ferus.fr/ qui semble ne pas exister pour eux alors que d’habitude ils sont les premiers à réagir. Mieux encore, ils parviennent à publier des documents officiels avant le Ministère de l’Écologie. Très fort !

Au FIEP http://www.fiep-ours.com/ on savoure encore le fiasco du fromage Pe Descaous chez... un seul éleveur. Et on se réjouit de voir arriver un ours en Navarre avec l’aide surprenante du FAPAS dans les Asturies.

Ce type de silence n’augure rien de bon. Et si ces pots étaient une de leurs provocations ? Ou du moins la provocation d’un des leurs ?

L’interrogation peut exister. Voir ci-dessous « Rétrospective et petite histoire de perturbation, miel et verre pilé »

A notre connaissance, il ne faut pas s’attendre à des communiqués de l’ASPAP ou de l’ADDIP qui ne se sentent pas concernés par ces pots de miel. Néanmoins, le niveau de colère est tel que nous pouvons imaginer une explosion de colère qui pourrait venir de l’Ariège mais aussi du Béarn par ailleurs mobilisé contre la Charte du Parc National des Pyrénées.

Les prochaines campagnes électorales avec l’alliance de la gauche et d’Europe Écologie pourraient bien s’annoncer mouvementées.

Louis Dollo

Ils restent sur leurs positions

Que ce soit en Haute-Garonne ou dans le Val d’Aran, les positionnements restent les mêmes, même si actuellement personne ne fait de bruit. Pour rappels, nous proposons les interviews que nous avions réalisées à l’issue de la manifestation de Lès, dans le Val d’Aran, le 6 décembre 2008. Des délégations de toutes les Pyrénées, de France et d’Espagne, étaient venues signer le manifeste contre la présence de l’ours et pour des Pyrénées vivantes avec ses habitants, ses activités humaines traditionnelles comme l’élevage et un développement durable avec le tourisme.

Paco Boya syndic du Val d’Aran à l’époque de la manifestation et député de Catalogne http://www.dailymotion.com/video/x7neei_l-ours-et-le-manifeste-des-pyrenees_news#rel-page-1

Témoignage d’un chasseur du Val d’Aran http://www.dailymotion.com/video/x7niay_l-ours-et-le-manifeste-des-pyrenees_news

Carlos Baréra (ancien syndic du Val d’Aran au moment de la manifestation et à nouveau Syndic actuellement), Marti Orriols (syndicat des éleveurs) et Francis Ader (Chambres d’agriculture des Pyrénées) http://www.dailymotion.com/video/x7ne1d_l-ours-et-le-manifeste-des-pyrenees_news#rel-page-3

Les chasseurs frontaliers de Melles et Saint-Béat qui avaient accepté les introductions d’ours en 1996 et 1997 http://www.dailymotion.com/video/x7nhtv_l-ours-et-le-manifeste-des-pyrenees_news#rel-page-2

Rétrospective et petite histoire de perturbation, miel et verre pilé

Les « anti-ours » ont toujours été accusés de violences et de perturbations à l’ordre public. L’image d’Arbas relooké au sang de porcs a laissé des traces dans les esprits et chez les médias d’autant que 10 éleveurs prélevés au hasard (des photos le prouvent) ont été condamnés probablement pour l’exemple. Néanmoins, sans ces actions remarquables et remarquées, les éleveurs et leurs problèmes seraient passés à la trappe de l’oubli. Et pourtant, il faut se rappeler quelques vérités....

Ours : les perturbateurs ne sont pas toujours ceux que nous croyons (23 août 2010) http://www.lourdes-infos.com/65100lourdes/spip.php?article2088

Il y a eu un précédent au miel et au verre pilé, toujours dans les esprits des éleveurs pyrénéens. Le 28 avril 2006, Franska, une ourse slovène, est lâchée au Chiroulet au fond de la vallée de Lespone dans les Hautes-Pyrénées, vers 10 h du matin, pratiquement au milieu de randonneurs sur le chemin du lac Bleu ignorant ce qui venait de se passer.

Le 1er mai 2006, au même endroit, comme par hasard, un militant écologiste pro-ours (il s’est présenté à une conférence de presse quelques jours plus tard en qualité de « Cap Ours ») découvre 12 pots de miel avec du verre pilé et la mention "attention poison anti-ours". Il ne sera fait aucune analyse de ces pots de miel. Le Préfet des Hautes-Pyrénées et l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) déposent plainte auprès du tribunal de grande instance de Tarbes. Nous n’entendrons plus jamais parler de cette plainte alors que des bruits ont couru que le « découvreur », bien connu dans la région pour ses méthodes, était également l’auteur.

Plainte du préfet contre les anti-ours (4 mai 2006) http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20060504.OBS6535/plainte-du-prefetcontre-les-anti-ours.html

Hautes Pyrénées, du verre dans des pots de miel pour tuer l’ours (4 mai 2006) http://www.editoweb.eu/Hautes-Pyrenees-du-verre-dans-des-pots-de-miel-pour-tuer-l-ours_a1070.html

Du "poison anti-ours" retrouvé dans les Pyrénées (4 mai 2006) http://lci.tf1.fr/science/2006-05/poison-anti-ours-retrouve-dans-pyrenees-4894168.html

Des pots de miel « piégés » retrouvés sur le site de lâcher de Fransca (4 mai 2006) http://www.carnivores-rapaces.org/Ours/actualite/potsmiel.htm

Des pots de miel piégés pour accueillir les ours (5 mai 2006) http://www.liberation.fr/terre/010147209-des-pots-de-miel-pieges-pour-accueillir-les-ours

Les opposants à la réintroduction du plantigrade dans les Pyrénées durcissent leurs actions. Des pots de miel piégés pour accueillir les ours (5 mai 2006) http://lesraids.forumactif.com/t3822-echec-du-plan-ours

La guerre des ours (5 mai 2006) http://www.ladepeche.fr/article/2006/05/05/31228-la-guerre-des-ours.html

13 mai 2006, une manifestation http://www.aspp65.com/videos-patrimoine-pyrenees.php contre les introductions d’ours est organisée à Bagnères de Bigorre. Elle réunit 7000 participants selon les organisateurs. Alors que des troupeaux de brebis se rendent à la manifestation, du verre pilé est découvert sur la route. Des slogans pro-ours sont peints sur les murs le long du parcours de la manifestation y compris sur celui de la gendarmerie. Il est assez peu probable qu’il s’agisse d’actions « anti-ours ».

Dans toutes ces affaires il n’y aura aucune poursuite. A priori, officiellement, il ne s’est rien passé. Pourquoi ?

En tout cas, la suspicion à l’égard d’une personne existe toujours d’autant qu’elle poursuit ses provocations y compris jusqu’en vallée d’Ossau cet été. Pourquoi pas aussi dans le Couserans ?

Louis Dollo