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Interview de Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Guyane, qui préside le 138e Pèlerinage National

vendredi 12 août 2011 par Rédaction

Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Guyane, a été curé de Soweto où il a vécu de 1983 à 1994. Il était l’un des rares Blancs dans l’immense township de Johannesburg. Un remarquable ouvrage écrit en collaboration avec notre confrère et ami Jean Cormier, ancien grand reporter au Parisien, grand amateur de rugby et de cyclisme, intitulé « Le curé de Soweto » est paru aux Editions du Rocher. Mgr Emmanuel Lafont préside le pèlerinage national. Notre consœur Sabine Harreau l’a rencontré juste avant son arrivée à Lourdes. Nous vous reproduisons ci-dessous son interview.

Lourdes est-il un lieu important pour les Guyanais ?

Les Guyanais ont une grande affection pour Notre Dame, qu’ils appellent familièrement Maman Marie. Voilà pourquoi vous verrez souvent des Guyanais au Pèlerinage du Rosaire (car nos Equipes du Rosaire sont nombreuses) et au Pèlerinage National. Depuis six ans, nous venons tous les deux ans nous joindre au Pèlerinage National. Le prix du billet d’avion nous empêche de venir plus nombreux et c’est pourquoi nous avons ici à Cayenne deux grands pèlerinages diocésains : le 15 septembre à Notre-Dame des Douleurs à Sinnamary et le 11 février à Notre-Dame de Lourdes à Balata, près de Cayenne.

Que représente ce prochain Pèlerinage National ?

Le cadeau le plus grand pour moi est de présider le Pèlerinage National alors que le thème est : "Avec Bernadette, prier le Notre-Père". Depuis plus de 10 ans, je prêche des retraites autour du Notre Père, et je viens de le faire encore avec l’équipe nationale de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (la JOC), près de Paris. Pour moi, le Notre Père "est le résumé de tout l’Evangile" (St Cyprien) et d’ailleurs, "Parcourez toutes les prières qui sont dans les Ecritures, et je ne crois pas que vous puissiez y trouver quelque chose qui ne soit pas compris dans l’oraison dominicale" (Saint Augustin).

Quel sens donnez-vous au thème 2011 "Que ton Règne vienne ! Avec Bernadette, prie le Notre Père !" ?

Avec le Notre Père, Jésus nous enseigne tout ce que nous avons besoin de savoir sur la prière. Il nous tourne d’abord vers Le Père en nous invitant à entrer dans Sa volonté, pour que puissions nous mettre à vouloir ce que veut le Père ! Il sera bien temps après, de Lui demander ce dont nous avons besoin. Avoir commencé par chercher Sa volonté nous aura permis de comprendre qu’Il sait bien, Lui, ce qu’il nous faut ! Demander : "Que ton Règne vienne" c’est nous mettre au cœur de l’Evangile, comme le rappelle le Bienheureux Jean-Paul Il : "La proclamation et l’instauration du Royaume de Dieu sont l’objet de sa mission : "C’est pour cela que j’ai été envoyé" (Lc 4, 43).

Vous êtes donc évêque de Guyane, est-ce une Eglise qui a une identité particulière ?

Alors que ce diocèse, de 35 000 habitants en 1970, en comptera plus de 500 000 avant 2030, nous cherchons la volonté de Dieu : « Que veux-tu que Ton Eglise fasse ? Où doit- elle mettre son effort ? » Alors que le tiers des gens sont des étrangers et que le nombre de sans papiers augmente chaque jour, nous ne pouvons pas échapper à cette question : « Si tu nous demandes de t’appeler Notre Père, c’est que tu nous invites à vivre en frères. Dis-nous comment faire dans un tel contexte ! » Considérant qu’en Guyane, 50% des jeunes (la moitié de la population a moins de 23 ans) ne trouve pas de travail, comment dire "Que ton Règne vienne", sans décider de construire une société de fraternité où règne l’amour et la solidarité avec les plus faibles et les plus jeunes ? Enfin, comment prier "donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour" sans penser à ceux qui n’en ont pas ? Le Notre Père ne nous rappelle-t-il pas que si m’occuper de mon pain est une préoccupation matérielle, m’occuper du pain de mon frère est une préoccupation spirituelle ?

Propos recueillis par Sabine Harreau