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François Mengelatte : Portrait d’un génie immobile

lundi 9 août 2010 par Rédaction

Cela a fait tout juste un an.....je recevais mon baptême du feu juché sur les barricades d’un combat que je n’avais pas recherché. Durant

les mêmes heures, François livrait le tout dernier, le seul qu’il perdrait à jamais quand il avait gagné d’autres batailles : Celle contre son handicap d’abord dont il savait faire un jeu à l’occasion, celle pour la maitrise de son art ensuite avec le succès que l’on a connu. La mort ne l’intéressait pas et il ne voulait avoir rien à faire avec elle, voilà tout et excusez du peu ! Ainsi il me revient ce commentaire lancé un jour à l’adresse de son épouse alors qu’il me demandait l’âge de mon grand- père qu’il connaissait et qui avait 95 ans : « Tu vois, j’ai encore beaucoup de temps ! » et d’évaluer, à part soi, les dizaines de toiles à sortir de son imaginaire fertile.

S’il avait assez peu peint durant les années où il fut en poste d’enseignement, la retraite révéla en lui le forcené de travail quand d’autres s’amollissent dans des fauteuils aux capitonnages pré-mortuaires. Il peignait tout le temps et si par hasard il ne peignait pas, il croquait...tout ce qui passait et sur n’importe quoi, jusqu’au dos des formules de son carnet de chèques. Lui aurait-on d’ailleurs demandé de les utiliser à leur destination première qu’il y aurait mis bien moins de talent !

Et du talent, bigre qu’il en avait ! De plus en plus d’ailleurs, les années passant avaient libéré chez lui toutes les audaces, toutes les facéties, les sensibilités...la peinture de Mengelatte était devenue multiple, protéiforme même et la technique définitivement affranchie avait remarquablement et indubitablement révélé sa patte : La retenue encore académique avait laissé la place à un torrent onirique et ceux qui avaient vu en lui un peintre sage de paysages de montagne dans le goût néo ou post-impressionniste en furent pour leur étonnement. J’en connais d’aucuns qui furent d’ailleurs convertis après avoir fait longtemps la moue. Que voulez-vous, un très bon peintre à Lourdes cela ne se peut ! Et puis il n’expose pas à Paris c’est dire ! Ce qu’il faut surtout dire c’est qu’il était tout sauf un snob ou un faiseur, en lui nulle posture, au reste il ne cherchait pas à plaire et ne calculait pas son effet tout au plus s’amusait-il à nous faire rire : Tant mieux pour nous qui l’aimions, nous sommes dès lors certains de l’apercevoir dans ses toiles ce bonhomme farceur dont les cabotinages nous enchantaient.

Cherchions-nous cependant à l’attraper qu’il n’était déjà plus là à la poursuite d’un renouvellement perpétuel de son sujet. Il imprimait pourtant sa trace et le fil conducteur est bien là : sa joie affleure dans ses couleurs, son humour se dévoile toujours en contrepoint du sujet, son élan emporte quand il peint le mouvement, son calme nous détend lorsqu’il suggère la nonchalante impermanence des lieux comme des choses.....car voyez-vous il avait tout compris, tout vu, tout ressenti et quoique presque immobile ses ailes de géant le portaient aux nuées.

In Memoriam

Christian Gélis

NDLR - Nous mettons en ligne ci-dessous un diaporama d’une série des tableaux de François Mengelatte photographiés par Fernand Fourcade lors d’un rendez-vous qu’il nous avait accordé.