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« Quelles ambitions de développement pour les Hautes-Pyrénées ? » : une conférence de l’économiste Laurent Davezies

vendredi 8 juillet 2016 par Rédaction

Ambition Pyrénées, association qui porte la gouvernance du Projet de Territoire Hautes-Pyrénées 2020-2030, lance une série de conférences propices à la réflexion et à l’action pour le développement des Hautes-Pyrénées.

La 1ère conférence intitulée « Quelles ambitions de développement pour les Hautes-Pyrénées ? » a été menée par l’économiste Laurent DAVEZIES, professeur au CNAM, titulaire de la chaire « Economie et développement des territoires » lundi 4 juillet dans l’auditorium de la Chambre de Commerce et d’Industrie Tarbes et Hautes-Pyrénées devant une centaine d’acteurs économiques, sociaux et politiques du territoire.

LAURENT DAVEZIES EST L’AUTEUR D’UN MODELE INNOVANT D’ANALYSE DU DEVELOPPEMENT DES TERRITOIRES

Depuis une dizaine d’années, les travaux développés par le chercheur Laurent DAVEZIES ont permis de démontrer que le développement territorial répond à des mécanismes radicalement différents de ceux du développement national. Alors qu’à l’échelle des nations, la variable clef du développement demeure le PIB, c’est-à-dire la création de richesses, au niveau local, c’est le revenu qui demeure la pierre angulaire. Pour reprendre le titre d’une étude réalisée par le chercheur sur le cas francilien, au niveau territorial, croissance ne signifie pas nécessairement développement. Le niveau de développement d’un territoire dépend en réalité bien plus de sa capacité à capter de la richesse (revenu) qu’à seulement en produire (PIB).

Laurent DAVEZIES a démontré qu’un territoire se développe en 2 temps :

• d’abord il doit capter des revenus,
• ensuite, il doit redistribuer ces différents types de revenus captés dans l’économie locale sous la forme de consommation locale (boulangerie, pâtisserie, vêtements, voitures, coiffeur, etc.) pour créer des activités et de l’emploi.

Il existe 4 catégories de revenus :
  Les revenus productifs issus de l’exportation : ils sont liés à la vente à l’extérieur de biens et services produits à l’intérieur du territoire
  Les revenus résidentiels : ils sont liés à la consommation locale, en particulier des activités touristiques
  Les revenus publics : il s’agit des salaires des 3 fonctions publiques et des salaires versés par des employeurs publics
  Les revenus sociaux : il s’agit des prestations sociales

ENRICHIR LE DIAGNOSTIC DES HAUTES-PYRENEES

Le diagnostic réalisé en 2013 pour élaborer le Projet de Territoire reposait sur ce modèle de développement des territoires fondé sur les revenus. La conférence de Laurent DAVEZIES a permis de mettre à jour les résultats de ce diagnostic et confirmer leur actualité trois ans après.

Laurent DAVEZIES a également proposé un éclairage extérieur de la situation du département des Hautes-Pyrénées et de sa place dans un environnement mouvant (nouvelles régions, croissance du fait métropolitain, crise économique) pour permettre d’ébaucher des pistes d’action.

PRINCIPAUX RESULTATS DE L’ETUDE :

Un secteur industriel faible mais robuste

Laurent DAVEZIES a confirmé la qualité de notre industrie qui résiste mieux à la crise notamment en terme d’emplois salariés que dans les autres départements français. Les Hautes-Pyrénées restent un véritable territoire industriel performant.

Un secteur touristique prépondérant, en particulier dans le sud du département, mais en difficulté à Lourdes

Laurent DAVEZIES a pointé la baisse des effectifs dans l’hébergement.

Toutefois, cette baisse doit être nuancée par les éléments suivants :

• D’abord, cette baisse se manifeste à Lourdes essentiellement et s’explique par le déclin de l’hôtellerie qui n’a pas résisté aux nouvelles normes et à la baisse de fréquentation sur la destination lourdaise.

Toutefois, le nombre de lits est resté constant, voire en légère augmentation, à l’échelle départementale. Mais les lits hôteliers ont été remplacés par des lits peu pourvoyeurs d’emplois salariés tels que les résidences de tourisme, les chambres d’hôtes et les gîtes. Ce qui prouve qu’en dehors de Lourdes, l’activité touristique se maintient, voire augmente dans certains territoires.

• Ensuite, de nouveaux revenus sont apparus, qui ne sont pas décomptés comme « salariés » : ceux des gîtes par exemple, ceux des auto entrepreneurs, etc… difficiles à mesurer.

• Enfin, de nouveaux emplois créés ont été comptabilisés dans la sphère publique. En effet, tous les emplois qui relèvent d’employeurs publics et des SEM sont comptabilisés dans les emplois salariés de la sphère publique, quel que soit le statut de l’employé. Or, dans les Hautes-Pyrénées, de nombreux équipements de loisirs importants sont gérés sous forme de régie et de SEM. Cela explique notamment en partie le poids important de la sphère publique sur Bagnères puisque les 200 emplois de la RICT et les 50 emplois (80 l’été) du Pic du Midi sont comptabilisés dans la sphère publique. Entre 2006 et 2016, ces employeurs publics du secteur touristique ont créé des emplois salariés qui ont amorti un peu la perte d’emplois salariés dans l’hébergement. Mais ces emplois sont comptabilisés dans la sphère publique.

Une création d’emplois insuffisante dans le secteur privé

A l’instar de l’analyse socio-économique réalisée pour le diagnostic du projet de territoire, Laurent DAVEZIES pointe le déficit d’emplois présentiel (de services) sur le territoire. L’argent capté, notamment par le tourisme, est mal transformé en emplois de proximité, il ne sert pas au développement du territoire.
Malgré sa capacité à capter les revenus, le territoire ne parvient pas à redistribuer correctement cette richesse dans l’économie locale pour créer des activités et de l’emploi.
Pour assurer le développement du territoire, les revenus captés doivent être réinjectés dans l’économie locale sous la forme de consommation de biens et services (alimentation, vêtements, déplacement, santé, entretien de la maison, etc.) pour créer des activités nouvelles et de l’emploi. Dans les Hautes-Pyrénées, les revenus captés sont insuffisamment réinjectés dans l’économie locale, ils sont soit épargnés, soit consommés à l’extérieur.

Un revenu disponible brut par habitant supérieur à la moyenne de Province

Selon Laurent DAVEZIES, le département et ses territoires disposent d’un revenu disponible brut par habitant supérieur à la moyenne de Province (avec une forte dépendance aux revenus de retraites et du travail non marchand).

Un solde migratoire positif

Enfin, le département des Hautes-Pyrénées reste un département attractif avec un solde migratoire positif. Toutefois on peut regretter que les départements des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques n’aient pas encore réussi à engager une collaboration capable d’offrir sur leur territoire des services comparables à ceux d’une métropole et ainsi développer l’attractivité du territoire.