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Voeux à l’hôpital de Lourdes

mardi 20 janvier 2015 par Rédaction

L’atmosphère était pesante pour la traditionnelle cérémonie des vœux à l’hôpital de Lourdes. Les propos de Miguel Bréhier, directeur des hôpitaux de Tarbes et Lourdes, ont fait naître chez certains membres du personnel un certain scepticisme quant au devenir de l’établissement lourdais. Josette Bourdeu, maire de Lourdes, n’entend pas baisser les bras et a fait porter sur la stratégie des 10 dernières années la mauvaise situation financière de l’hôpital. Elle a tenu à remercier Jeanine Dubié, députée, laquelle grâce à son intervention, a fait débloquer par l’ARS un financement de 1,4 million d’euros pour réduire le déficit. Avec les documents audio qui retransmettent l’intégralité des prises de parole, nos lecteurs pourront se faire une opinion sur l’avenir du centre hospitalier de Lourdes. « Nos hôpitaux sont en crise depuis longtemps, ils attendent de savoir où ils doivent aller. Les hôpitaux de Tarbes et Lourdes ont un grand défi à relever compte tenu de leur situation en matière de démographie médicale, de difficulté de fonctionnement et de situation budgétaire dégradée », a déclaré Miguel Bréhier.

Le directeur Miguel Bréhier :
2015 sera une année cruciale pour l’hôpital de Lourdes

Extraits des propos de Miguel Bréhier

« Permettez moi en cette année qui commence et qui a si durement éprouvé notre pays de vous présenter mes vœux les plus sincères. Je vous souhaite le meilleur pour vous et pour nos hôpitaux.

Dans une société qui se défait, le service public hospitalier reste le dernier rempart contre la maladie et l’exclusion.

C’est la responsabilité en même temps que l’honneur des hospitaliers que de prendre en charge la maladie et la détresse.

A nos personnels qui font vivre le service public hospitalier avec dévouement et compétences, je voudrais exprimer un message d’estime et de considération, car nous pouvons être fiers des services que nous avons prodigués à ceux qui se sont tournés vers eux.

Oui nous avons connu en 2014 une année compliquée, mais il faut en même temps endurer le chemin parcouru et redire que cet effort collectif a payé, parce qu’il nous a permis de surmonter les difficultés et de préparer l’avenir.

Je propose de revenir sur l’année écoulée et sur ses enseignements avant d’évoquer les perspectives qui nous attendent pour l’année qui vient.

Comme tous les hôpitaux, nous avons connu tout au long de l’année des tensions de toutes sortes : un cadre budgétaire contraint, des ressources budgétaires qui stagnent et des ressources humaines qui baissent. Nos situations financières ont continué à se dégrader en raison principalement de recettes et d’activités qui n’augmentent pas suffisamment. Nos déficits n’ont pas diminué malgré la rigueur de gestion et je salue l’attitude de l’État qui a continué à soutenir nos établissements, merci Madame la déléguée territoriale.

Ces contraintes ont pesé sur le fonctionnement des services, sur les conditions de travail, une année difficile, marquée par les plans de retour à l’équilibre et par des déceptions tel que la non avancée du projet d’investissement Tarbes - Lourdes.

Mais l’hôpital c’est une peu comme la vie, ce n’est pas un long fleuve tranquille, il est pavé d’insuccès, de frustrations mais aussi de réussites, parce que dans le même temps il ne faut pas perdre de vue l’essentiel. Nos hôpitaux ont donné aux malades et aux personnes âgées une prise en charge de qualité, il faut redire que ce résultat correspond au regard que nous renvoie la société et n’a été rendu possible que par la contribution et les efforts de chacun d’entre nous. L’hôpital est la première institution dans laquelle les français ont confiance en ce moment dans notre pays.

Nous avons enregistré des progrès notables dans l’ensemble du groupe hospitalier. Un établissement qui s’ouvre à nouveau sur l’extérieur, vers le CHU en particulier, malgré les menaces qui continuent à pesé sur la démographie médicale, a renouvelé ses équipes qui ont tant occupé le terrain de l’innovation avec la structuration de la recherche clinique.

Malgré des années difficiles, nos établissements ont pu faire aboutir des projets. Je veux parler de l’avancement de dossiers importants comme le renforcement de l’offre en chirurgie traumatologie à Lourdes ou encore la dialyse à Tarbes.

Je veux saluer les projets effectués de la gériatrie et en particulier sur Vic avec des créations de postes en nombres importants, je remercie l’ETAT et le Conseil Général.

Je salue l’arrivée du HAD tant attendu sur le territoire de Lourdes et des vallées, les rénovations des services qui se poursuivent, après la neurologie l’an dernier, les rénovations qui ont eu lieu en cardiologie qui n’avaient pu être faites depuis la construction de l’hôpital en raison des difficultés financières et qui étaient attendues par les patients et l’équipe soignante.

2014, une année difficile mais utile. Je vous remercie tous, individuellement et collectivement, ce que nous avons fait ensemble est remarquable et chacun d’entre vous peut en être fier. Dans beaucoup de domaines, nos efforts ont payé et nous mettent maintenant en position favorable pour aborder l’année qui vient. Cela ne signifie pas que nous allons cesser d’en faire. Cela montre que nous sommes capables et que cela produit des résultats. Nous allons continuer à avoir besoin de votre implication et de votre engagement ,2015 sera une année dense et décisive !

Il s’agit de rappeler où on va et pourquoi on y va. Nos hôpitaux sont en crise depuis longtemps, ils attendent de savoir où ils doivent aller. Les hôpitaux de Tarbes et Lourdes ont un grand défi à relever compte tenu de leur situation en matière de démographie médicale, de difficulté de fonctionnement et de situation budgétaire dégradée.

L’enjeu à la pérennité du service public hospitalier en Bigorre et au-delà en Hautes Pyrénées. Notre groupe hospitalier est à l’aube de changements importants qui ne seront pas la simple répétition de ce qui a fonctionné jusqu’à présent.

Le service public n’a du sens que s’il est capable de s’adapter aux nécessaires adaptations et de se transformer en innovant des solutions de demain.

Nos établissements doivent évoluer pour constituer un seul groupe hospitalier qui se déploie sur plusieurs sites : Vic, Tarbes, Lourdes et peut être demain Bagnères, voilà le sens de notre action.

Notre groupe hospitalier a toutes ses chances.

2015, sera une année de réalisations avec des échéances importantes, la certification.

Nous entendons resserrer les liens avec l’institution et son personnel.

2015, une grande année, sera présenté le projet de soins. Permettre à notre personnel d’être autonome et acteur de son devenir, c’est la force et la richesse de chacun qui permettra de construire l’avenir de notre établissement. »

L’intervention du Docteur Garnier, président de la CME

Josette Bourdeu dénonce une mauvaise stratégie
sur les 10 dernières années

Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour vous souhaiter bien sûr mes meilleurs vœux de bonheur et de santé à vous et vos proches, mais également pour souhaiter un avenir meilleur à notre hôpital de Lourdes.

L’hôpital de Lourdes est le cœur de l’offre publique de santé pour le territoire de Lourdes et de sa vallée. Lourdes est une ville internationale qui accueille chaque année des millions de visiteurs, pèlerins et malades, et qui se doit donc de proposer des services de santé, de proximité et de qualité. C’est un réel besoin pour toutes les populations du territoire Lourdais, et il en est de notre devoir en tant que responsables publics :

  • Nous nous sommes engagés depuis notre élection à redynamiser le tourisme et l’économie sur le territoire Lourdais. Un hôpital de proximité entre dans cette politique touristique ;
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    Nous nous sommes engagés vis-à-vis des Lourdais à améliorer leur qualité de vie. Un hôpital de proximité est garant de cette qualité de vie ;

     

  • Nous nous sommes engagés pour mener ces politiques, à développer de nouveaux modes de gestion partenariaux et maitrisant les dépenses publiques. Une action concertée avec les services de l’Etat, l’ARS, le corps médical et les institutions publiques locales doit nous permettre de maintenir et de développer cet hôpital de proximité.
  • Telle est ma volonté farouche et la force de mon engagement en tant que Maire de Lourdes, Présidente de la communauté de communes du Pays de Lourdes, et Présidente du Conseil de Surveillance. J’ai défendu, je défends, et je défendrai toujours un hôpital de proximité sur le territoire Lourdais.

    Si la situation financière de l’hôpital Lourdais n’est pas bonne, je reste persuadée qu’elle est la conséquence d’une mauvaise stratégie, sur les 10 dernières années, dans la mise en place d’un projet médical qui aurait dû être clair, cohérent avec les besoins des populations, et tenable financièrement :

     

  • Mauvaise stratégie qui a entrainé l’hôpital de Lourdes dans un abandon, dû à une politique de mutualisation à sens unique avec l’hôpital de Tarbes ;
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  • Mauvaise stratégie, car ne pas donner des moyens pour travailler, et réduire l’activité a été une erreur de gouvernance. Pensant sauver l’hôpital, on l’a enfoncé. Pour preuve, on se rend compte que l’embauche d’un chirurgien sur Lourdes depuis le mois de septembre, a permis de relancer l’activité. Et l’hôpital retrouve de l’activité dès qu’il y a des médecins en chirurgie programmée, ambulatoire, et en orthopédie ;
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    1. Mauvaise stratégie, car ne pas tenir compte de la T2A, en menant cette politique de diminution du nombre d’actes médicaux et de lits, c’est entrer dans un cercle vicieux de dégradation financière pour l’hôpital, et de détérioration de l’offre de santé sur le territoire Lourdais ;
    2.  

    3. Mauvaise stratégie, qui, par défaut d’offre de soins dans le public sur le territoire Lourdais, a privilégié les cliniques privés ;
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    5. Mauvaise stratégie qui a créé, en conséquence, des conditions de travail désespérantes pour l’ensemble du personnel hospitalier, tant médical, que paramédical, et administratif.
    6.  

      Je suis néanmoins intimement persuadée que l’hôpital de Lourdes a les moyens structurels et humains de garder une place prépondérante dans l’offre de services publics. C’est ma volonté, et je pense que c’est notre volonté à nous tous ici présents. Je m’explique sur les raisons de mon optimisme à ce sujet. Car des solutions existent :

    7. Depuis que j’ai été élue, j’ai rencontré la directrice de l’ARS, Mme Cavalier, qui a affirmé que l’hôpital de Lourdes était un centre important qui devait exister, Lourdes étant une ville atypique, et la porte des Hautes-Pyrénées.

     

    Les deux inspecteurs de l’IGAS, l’Inspection Générale de l’Action Sanitaire, rendront en février leur rapport, mais je veux croire que l’hôpital de Lourdes pourra être maintenu, même s’il faut faire le deuil de la maternité, ce que je ne suis pas prête à faire. J’exigerai le cas échéant, la création d’un véritable centre de périnatalité de haute performance. J’entends ici le soin de la femme en gynécologie, la surveillance des grossesses, et si les accouchements devaient avoir lieu à Tarbes, les mamans et les enfants feraient leur retour à Lourdes pour la surveillance post-natale. Mme Cavalier l’a assuré : si un centre de périnatalité se créé sur Lourdes, il sera de haute performance, dans l’offre de services que je viens de préciser.

     

      Dans le passé, l’ARS, comme le faisait l’Etat dans ses dotations aux collectivités locales, donnait chaque année un budget aux hôpitaux qui assurait leur fonctionnement. La loi Bachelot a instauré la T2A, la Tarification à l’acte. Sachant que l’on mettait en place un nouveau mode de financement des hôpitaux, la stratégie adoptée consistant à diminuer l’activité de l’hôpital de Lourdes, ne pouvait, dans un cercle vicieux, que dégrader ses services de soins et sa situation financière. Pour preuve, cet été, le choix a été fait de ne pas remplacer un médecin parti en congé maladie. Quelle conséquence ? : fermeture de lits, restriction de l’offre, patients qui ont été envoyés sur Tarbes, baisse de l’activité et donc des tarifications. Nous devons donc, plus que jamais, inverser la tendance, et relancer une dynamique médicale hospitalière sur Lourdes. 

     

     

    Je pense ainsi réellement, que malgré la situation financière des fonctions publiques d’Etat, territoriales et hospitalière, les pouvoirs publics, même s’ils sont contraints de diminuer les charges, doivent néanmoins optimiser les dépenses, en investissant dans les domaines permettant de relancer l’économie. C’est ce que nous faisons pour la ville de Lourdes. C’est ce qui doit être fait, dans le contexte de la T2A et de la nécessité de proximité sanitaire, pour l’hôpital de Lourdes.

    Au final, nous devons, en tant qu’élus responsables, définir une stratégie et un projet médical clairs, cohérent, et viable d’un point de vue financier, permettant de relancer l’activité de l’hôpital de Lourdes. Ce projet doit soutenir la mutualisation, dans les deux sens je le précise, de l’offre de service des hôpitaux de Lourdes et de Tarbes, qui bénéficiera alors à chacun de leurs territoires.

    Des activités médicales seront centralisées sur Lourdes, notamment en lien avec les spécificités de sa patientèle internationale, et d’autre seront offertes sur Tarbes. Il ne doit pas y avoir de doublon, mais une synergie réfléchie, au plus proche des besoins, et cohérente avec les moyens de financement.

    A ce titre, je tiens à remercier chaleureusement Jeanine Dubié, notre Député, pour tout le travail qu’elle a accompli depuis son élection auprès du ministère de la santé, auprès de Marisol Touraine, de Mme Cavalier la directrice ARS, pour faire prendre conscience à nos élites que l’hôpital de Lourdes ne doit pas être abandonné. Ta démarche, ma chère Jeanine, pressante auprès des instances, nous permet aujourd’hui d’annoncer un financement exceptionnel d’1,4 millions d’euros, décidé par l’ARS pour diminuer notre déficit. Encore une fois, je t’en remercie très chaleureusement. 

    C’est pour cela qu’en ce début d’année 2015, je reste optimiste, je suis confiante pour l’avenir de notre hôpital de Lourdes. Car il existe des solutions. Parce que nous nous engageons tous ici, j’en suis sûr pour les mettre en œuvre.

    Je souhaite ainsi à l’hôpital de Lourdes de retrouver une activité lui permettant de se développer et de retrouver sa santé financière ; je souhaite en conséquence à tous le personnel médical, vous tous, qui faites un travail formidable, de retrouver espoir, malgré le contexte, en votre hôpital.

    Je vous renouvelle enfin à toutes et tous, pour votre vie personnelle, une très agréable et heureuse année 2015, remplie de bonheur et de succès.

    Je vous remercie.