Les entreprises de la ruralité face aux ministres

La ruralité est, selon l’INSEE, « L’espace à dominante rurale, ou espace rural, qui regroupe l’ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine ». Si les activités rurales sont dominantes, ce n’est pas pour autant un espace dépourvu d’entreprises que nous pourrions trouver à proximité d’une grande métropole.

Les entreprises industrielles, artisanales et de services occupent une place non négligeable dans cet espace rural avec l’ensemble de ses valeurs propres, de sa culture et de ses modes de vie. C’est dans ce cadre qu’elles ont leur place dans une réflexion sur la ruralité.

A l’occasion des assises de la ruralité, le Premier Ministre, Manuel Valls a reçu, à la Mairie de Pierrefitte-Nestalas, des entreprises du milieu rural des Hautes-Pyrénées après avoir visité les ateliers de la Société Pyrénées-Charpentes à Agos-Vidalos.

Pyrénées-Charpentes, une entreprise rurale de pointe

La SA Pyrénées-Charpentes http://www.pyrenees-charpentes.fr/index1.htm est un exemple tout à fait remarquable de développement de l’entreprise rurale. Partie de la petite entreprise artisanale Larrouy, père et fils, à Ossen (Batsurguère), la continuité familiale d’un savoir-faire qui a évolué avec le temps jusqu’au petit-fils, Sylvain, pour en faire, avec Christian une Société Anonyme de 48 salariés avec un chiffre d’affaires de 10 K€ par an dans le secteur de la charpente, construction bois et couverture de niveau interrégional. Passer de la scie et du marteau sur les granges et maisons de Batsurguère à la machine à commande numérique avec bureau d’études et ingénieurs. L’entreprise rurale a su passer en 20 ans, de l’activité artisanale de la charpente et toiture locale à la construction d’immeubles en bois de grande hauteur tout comme la construction de 50 logement étudiants à Toulouse en une semaine.

Mais, au pied du Pibeste, Christian Larrouy et sa société ne s’arrêtent pas là. Obtenant plusieurs qualifications, notamment dans le domaine de l’environnement, il se réunit avec 8 autres entreprises pour leur développement commercial et ainsi créer le premier opérateur national de construction bois.

D’autres entreprises de la ruralité

L’espace rural est de plus en plus envahi par des entreprises, souvent par l’intermédiaire de zones artisanales ou industrielles. Dans ce dernier cas, devons-nous toujours parler de ruralité ou d’industrie ou commerce occupant un espace agricole ? C’est le cas de Pyrène Aéropole http://www.pyrene-aeropole.com/ autour de l’aéroport entre Tarbes et Lourdes. Néanmoins, ces entreprises participent au paysage rural et au tissu socio-économique de l’espace rural comme à Bazet avec le pôle céramique technique représenté à la table ronde par CERAFAST http://www.cerafast.fr/ ou ADB http://www.adb-france.net représentée par Nathalie Candalot.

Et puis les nombreuses entreprises du bâtiment représentées par Didier Yedra, vice-Président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics. Entreprises en grosses difficultés actuellement et dont les conséquences pourraient troubler l’équilibre social rural.

Nous pouvons également citer les entreprises de production d’énergie électrique et celles qui la consomment, les entreprises dites électro-intensives traditionnellement situées à proximité des sources de production dans les vallées.

Toutes ces entreprises ont fait part de leurs difficultés quant à une certaine stabilité fiscale, une vision à plus long terme des coûts (électricité notamment), de réglementations, etc… mais aussi de captation des capitaux étrangers. C’est le cas d’ADB avec Nathalie Candalot qui a fait des propositions. Reste à savoir si elle sera suivie…

• Enregistrement Nathalie Candalot (AUDIO)

Pour François-Xavier Brunet, Président de la CCI, «  les intentions sont là. Nous attendons les propositions et ensuite les actes »

• Enregistrement FX Brunet (AUDIO)

Les entreprises agricoles marginalisées

Nous pouvons être frappés par le caractère marginal qui est laissée aux entreprises agricoles qui constituent le fondement de « l’ensemble des valeurs, de la culture propre du milieu rural et de la vie dans le milieu rural ». Rien, dans les sept ateliers de ces assises nationales de la ruralité ne fait allusion à l’agriculture. Rien dans le quasi monologue des élus d’hier après-midi n’a mis en évidence l’importance de l’agriculture base de la culture rurale. Mieux encore, Josette Durrieu, sénatrice, situe l’agriculture en troisième position après le tourisme et l’industrie. Peut-être est-ce un aveu d’une absence d’observation de ce qui se passe dans les vallées pyrénéennes ? La complémentarité du tourisme et de l’agriculture de montagne n’est plus à démontrer et nous ne pouvons pas dire que le tourisme et l’industrie soient l’activité principale des coteaux.

C’est dans ce contexte étonnant que Manuel Valls a rencontré, dans le hall d’accueil de la mairie de Pierrefitte, une délégation de la FDSEA conduite par Christian Fourcade et des Jeunes Agriculteurs conduite par Sylvain Andrieux. Cette rencontre était-elle honteuse au point de nous interdire de faire des photos ? Pour des assises de la ruralité, il y a, manifestement, des comportements étonnants tout comme des propos qui nous font douter de l’existence d’assises de la ruralité.

Néanmoins, les représentants des agriculteurs ont pu être reçus par une conseillère en agriculture du Premier ministre. Une occasion de l’inviter à venir voir le lac artificiel de Puydarrieux, source d’une biodiversité remarquable comme cela pourrait également être le cas à Sivens.

Louis Dollo